Féministe et engagée | Pascale Urbain: « Dans ma vie, j’ai rencontré beaucoup de victimes » (6/8)
Après être passée par différents secteurs d’activité, Pascale commence à travailler avec les victimes de violences sexuelles grâce aux réseaux sociaux en animant des groupes de parole. En 2015 elle décide de créer l’association Brise Le Silence, une aide aux victimes.
Par Kristina Todorovski
« J’ai presque toujours fait ça, c’est une mission de vie pour moi. Au cours de mon existence, j’ai rencontré beaucoup de victimes et parfois même sans le vouloir. Que ce soit dans un train ou dans un magasin, certaines personnes viennent et se confient naturellement à moi. »
Pour Pascale Urbain, Brise Le Silence a rapidement eu du succès, sans doute parce qu’il n’existait aucune structure travaillant de cette manière, et qu’il y avait un manque cruel dans l’accompagnement d’une victime de violences sexuelles. Elle constate à regret que certaines victimes rencontrent encore des professionnels qui leur disent d’oublier leur passé.
«Avec Brise Le Silence, il existe une véritable horizontalité dans la communication entre nous, les participantes et les animatrices. Cela permet d’entretenir une relation de confiance sans qu’il n’y ait d’emprise de la part d’un psychologue ou de tout autre travailleur psychosocial. »
Offrir aux victimes une écoute sans jugement
« Lorsqu’une personne subit un viol, cela déclenche une dissociation. C’est un mécanisme de défense qui permet à la victime de se protéger et notamment d’éviter une crise cardiaque. De survivre tout simplement », explique Pascale. «Ta tête quitte le corps et tu deviens presque spectateur, tu ne sais plus ce qu’il se passe». L’une des missions de l’association – mixe de bénévoles et employés – est de rappeler aux victimes qu’elles ne sont pas uniquement des victimes. Ce sont des femmes, des hommes, un père ou une mère avec des goûts et des envies.
« Ce n’est pas grâce à moi seule que ça fonctionne, mais bien grâce à l’ADN de l’équipe de Brise le silence »
Brise Le Silence est un projet imaginé par Pascale Urbain, auquel elle n’a pas eu la chance d’accéder dans son propre parcours. Un suivi qui comporte une écoute, sans jugement, de la part d’un duo composé d’une psychologue et d’une « pair-aidante », ancienne victime qui apporte le fruit de son expérience. Un dispositif unique en Belgique francophone. Mais aussi des ateliers de gestion des émotions, de développement personnel, de confiance et d’affirmation de soi, des groupes de parole, des activités mis en place afin d’extérioser ses émotions. Mais aussi l’hydrothérapie – qui permet à la victime de reprendre contact avec son corps – et l’hippothérapie, où les chevaux servent d’intermédiaires qui facilitent la relation entre animatrices et participant·e·s.
« Nous sommes comme une bulle qui comporte plusieurs petites bulles qui interagissent les unes avec les autres en toute sécurité. Chaque bulle est fragile et avance avec sa propre temporalité ».
Il arrive que certaines des personnes qui ont bénéficié d’un suivi ici deviennent elles-mêmes bénévoles au sein de l’association. « Je suis fière d’elles car c’est un vrai symbole de résilience et d’évolution. . Ici, nous travaillons tous les jours avec nos tripes et notre cœur, corps et âme. C’est ça qui importe finalement. »
A lire aussi: Ces portraits de femmes qui nous inspirent
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici