Votre ado ne sait pas quoi faire après sa rhéto? Les Danois ont peut-être trouvé la solution idéale

Le Danemark aurait-il trouvé la solution parfaite pour les ados en perte de repères ? Canva
Le Danemark aurait-il trouvé la solution parfaite pour les ados en perte de repères ? Canva
/ /

Et si la solution pour aider les ados déboussolés à (re)trouver leur voie était de s’inspirer du Danemark et de ses « efterskole »? Reportage sur place, à la rencontre d’élèves et d’enseignants convaincus par le système.

Après le collège, un tiers des jeunes Danois passent un an dans une « efterskole », pensionnat privé souvent situé à la campagne où l’accent est mis sur l’épanouissement personnel et social plus que les compétences scolaires. Pour les adolescents, c’est l’occasion de couper le cordon tout en testant la vie en communauté sans trop de contraintes.

Durant toute une année, l’objectif est d' »apprendre qui je suis, comment vivre ma vie et comment fonctionne la communauté, et toute l’école est organisée autour de ça », explique à l’AFP Mette Sanggaard, à la tête d’Ollerup Efterskole, qui accueille chaque année une centaine de jeunes passionnés de musique dans un hameau de Fionie dans le centre du pays scandinave.

Un mois avant de quitter la pension, Siri Krause, 16 ans, ne tire que des enseignements positifs de son année.

« J’ai appris plus de choses sur moi (…) sur le genre de gens dont j’aime m’entourer et on apprend juste à être reconnaissant », explique-t-elle joyeusement.

« La seule chose qu’on peut ne pas aimer, c’est qu’on doit faire beaucoup de choses par soi-même… nettoyer sa chambre, laver ses vêtements et des trucs comme ça », ajoute l’adolescente, aînée d’une fratrie de trois enfants. Régulièrement, les jeunes sont amenés à nettoyer leur chambre, les parties communes et à aider en cuisine. « Ca peut être socialement épuisant parfois », reconnaît Siri.

Chaque année, environ 10% des adolescents inscrits dans une efterskole abandonnent leur scolarité. Dans la chambre que la jeune fille partage avec deux amies au premier étage du bâtiment principal, les murs sont recouverts de photos et d’affiches. Une odeur confortable de parfum habite les lieux.

D’un côté de la pièce se trouvent la salle de bain et une alcôve transformée en boudoir et, de l’autre, deux lits superposés, le tout face à un champ bucolique. « Il commence à faire plus chaud donc on reste beaucoup dehors, assises sur une couverture, à papoter ou à faire de la musique ou à dessiner », explique sa colocataire, Ella Munoz. En ce jour de printemps, le cours d’anglais se fera dehors, pour profiter du soleil.

Une manière pour les ados de mieux se concentrer sur le reste de leur scolarité

A Ollerup, les adolescents alternent pratique musicale et enseignement plus classique (mathématiques, anglais, danois). L’établissement scolaire, privé sous contrat, coûte entre 9.000 et 13.200 euros par an, selon les revenus des parents, une somme dans un pays où l’enseignement est gratuit. L’école décide elle-même du programme. Les jeunes musiciens se produisent souvent lors de concerts au Danemark ou en Allemagne.

La genèse des efterskole remonte au XIXème et à Nikolaï Grundtvig, pasteur et philosophe, chantre de l’enseignement populaire, qui estimait que l’éducation devait être accessible à tous, ancrée dans la langue et la culture, et viser l’autonomie individuelle et collective.

S’ils ne vont pas dans ce type d’établissement quelque 20% des adolescents danois choisissent de faire une « dixième classe » pour se donner le temps de se préparer au lycée, où la moitié d’une classe d’âge rentre directement après la troisième. Dans une efterskole, l’adulte encadrant est membre à part entière du groupe. Il mange avec les élèves et s’implique dans des activités avec eux pendant leur temps libre.

« Les adultes sont à la fois enseignants, mais aussi surveillants, chargés de la vie en communauté », insiste Mette Sanggaard.

Pas question de séparer l’élève de l’adolescent et ses mystères. « On travaille avec l’humain dans sa globalité », résume Anne Lindekilde, ancienne journaliste désormais professeur de français, de danois et d’art plastique.

Selon les chercheurs, un séjour réussi en efterskole permet de mieux se concentrer sur le reste de sa scolarité. « Les élèves d’efterskole sont plus nombreux à commencer et terminer le lycée », note Ulla Højmark, maître de conférence à l’université d’Aalborg.

A Ollerup, tout le monde est – presque –  prêt à retourner dans le système traditionnel. « C’est un peu effrayant de se dire que l’école va se terminer et qu’il va falloir aller au lycée et faire du vrai travail scolaire et ne plus juste être un peu détendu sur le sujet », déplore toutefois Siri.

Très répandu au sein des classes moyennes danoises, le concept n’a toutefois pas traversé les frontières. Une seule efterskole a ouvert à l’étranger, c’était en Corée du Sud et elle a été obligée de mettre la clé sous la porte, faute de financement.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content