Expo: La photographie trouvée, nostalgie salutaire

Toutes les vies ne finissent pas ainsi, à même le sol, au marché aux puces, format photos dans une boîte en carton miteuse parfois détrempées, oubliées de tous et définitivement anonymes.

Expo: La photographie trouvée, nostalgie salutaire
© THIERRY STRUVAY – GALERIE SEBASTIEN JANSSEN

Car heureusement certains les recueillent avec tendresse et compassion pour les arracher à une seconde petite mort. Thierry Struvay est de ceux-là, grand sauveur devant l’éternel de photographies vernaculaires. Depuis le mitant des années 70 – il était alors ado -, il les collectionne, pour un tas de bonnes raisons qui n’appartiennent qu’à lui : « J’avoue que ces clichés souvent me projettent dans le passé et m’aident à me structurer. »

Expo: La photographie trouvée, nostalgie salutaire
© THIERRY STRUVAY – GALERIE SEBASTIEN JANSSEN

Or, les pas de cet esthète belge le menèrent à New York, où il travailla aux côtés de Marie-Hélène de Taillac, créatrice de bijoux, et de Frédéric Malle, éditeur de parfums, que voulez-vous qu’il fît de ses temps libres, sur cette terre de la démesure, si ce n’est chercher la compagnie de ces petits bouts de papier révélés qui l’ossaturent depuis longtemps déjà ?

Expo: La photographie trouvée, nostalgie salutaire
© THIERRY STRUVAY – GALERIE SEBASTIEN JANSSEN

Rentré au bercail, il y a un an, il parle de ses milliers de photos à Sébastien Janssen qui les verrait bien aux cimaises de sa galerie bruxelloise Sorry We’re Closed. Parmi ses 8 421 images dénichées dans la grosse pomme, il en sélectionne 116, « travail titanesque », les glisse chacune dans deux plaques en verre qui ne les dénaturent en rien, ni ne les sacralisent et surtout ne les range pas, à part qu’il leur choisit une seule et unique classification : Me, le titre de cette exposition, inspirée d’une vue sur mer en noir et blanc, ligne d’horizon plate, vague vaguelette et au milieu de toute cette eau, un être humain qui, a posteriori, d’un geste sûr, formera un cercle autour de sa silhouette, avec flèche et ce « me » informatif, au cas où.

Expo: La photographie trouvée, nostalgie salutaire
© THIERRY STRUVAY – GALERIE SEBASTIEN JANSSEN

Nul n’ignore que l’ère de cette photographie vernaculaire-là touche à sa fin, surtout pas Thierry Struvay, mais la nostalgie est salutaire. Surtout quand elle ne corsète rien : quotidiennement, il instagramme, c’est son programme, trois trésors glanés aux puces dans le jour naissant et s’il n’en trouve pas, il plonge dans ses boîtes à chaussures détournées de leur emploi premier. Un « catch of the day » partagé et vital.

Me, Thierry Struvay, Vernacular Photography, New York 2011-2014,

Galerie Sorry We’re Closed, 67, rue de la Régence, à 1000 Bruxelles. www.sorrywereclosed.com

Jusqu’au 26 mars prochain.

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