Métro, boulot, ras-le-bol? Vous n’êtes pas seul·e. Mais au-delà des raisons légitimes qui font que pour vous, bureau rime parfois avec bourreau, il se peut également que votre rapport aux réseaux sociaux impacte négativement votre niveau de satisfaction au travail.
Saynètes de la vie (professionnelle) quotidienne. Vous venez enfin d’accomplir une tâche qui vous narguait depuis au moins tout ça sur votre to-do list, et avant de passer au prochain incendie à éteindre, vous vous autorisez un peu de scrolling bien mérité. Ou bien vous êtes otage d’une réunion qui semble ne jamais vouloir finir, mais comme, heureusement, vous avez votre (ordinateur) portable avec vous, vous matez des vidéos TikTok ou des reels Instagram en douce. Activité qu’il vous arrive également de pratiquer aux toilettes du bureau, dans lesquelles vous vous réfugiez smartphone en poche histoire de « souffler un peu » en pleine journée de travail qui n’en finit pas. On ne va pas multiplier les exemples, parce qu’après vous allez penser qu’on vous espionne, mais disons que comme à peu près tout le monde, votre boulot est entrecoupé de pauses réseaux sociaux plus ou moins nombreuses. Problème? Loin de vous apporter le petit répit dont vous avez bien besoin, celles-ci pourraient au contraire vous maintenir, voire pire, vous enfoncer dans l’état de ras-le-boulot généralisé qui vous accable.
On vous explique.
Cynique, vous?
Ou plutôt, on laisse Ian Schoonjans, consultant senior pour le spécialiste en recrutement Robert Walters, le faire. Ainsi qu’il le souligne, l’Homme est une créature de comparaison, et nous avons tendance à nous mesurer en permanence à notre entourage, nos collègues, mais aussi de parfaits inconnus. Une tendance exacerbée par les réseaux sociaux, avec le souci supplémentaire que le contenu qui y est posté représente « surtout des extrêmes, des succès éclatants ou des échecs cuisants. La zone grise – là où se déroule en réalité la majorité des carrières – reste largement invisible » note notre expert.
Qui point que ce flux constant d’extrêmes peut miner votre satisfaction au travail.
Vous commencez à douter: est-ce que je gagne assez? Ai-je suffisamment de liberté? Devrais-je tout changer, moi aussi? Et en un rien de temps, vous êtes tiraillé entre “je dois accomplir plus” et “je dois partir d’ici”.
Et de mettre en garde: « Une exposition prolongée à ces comparaisons influence notre comportement – souvent sans qu’on en ait conscience. Vous devenez peut-être plus cynique vis-à-vis de votre travail. Vous commencez à voir vos managers comme des “maniaques du contrôle” ou des “boomers incompétents”. Peut-être rêvez-vous de plus en plus de démissionner ».
Métro + boulot + réseaux sociaux = catastrophe?
Les trois conséquences (négatives) principales de l’exposition aux réseaux sociaux sur notre niveau de satisfaction au boulot? Ian Schoonjans liste le manager bashing (« Critiquer publiquement ses supérieurs, souvent sans contexte ni nuance), le revenge quitting (Quitter son emploi sur un coup de tête, par frustration, sans plan ni préparation) et le silent quitting, qui consiste à se désengager mentalement et ne faire que le strict minimum.
Une série de comportements qui « peuvent sembler à première vue être une forme de self-care, mais qui nuisent souvent à votre réputation professionnelle, à vos relations au travail et à votre motivation, qui était peut-être votre meilleur atout ». Ses conseils pour éviter la catastrophe professionnelle?
- Prenez du recul par rapport à ce que vous voyez. « Les réseaux sociaux montrent une réalité déformée. C’est une vitrine, pas un miroir. Les succès sont mis en scène, les frustrations exagérées. Vous, vous vivez entre les deux – dans la vraie vie professionnelle ».
- Suivez les personnes qui vous inspirent, pas celles qui vous frustrent.
- Parlez de votre carrière avec de vraies personnes, hors ligne.
- Examinez ce qui vous perturbe. « Réfléchissez à ce que vous attendez vraiment de votre travail – et à ce qui vous donne de l’énergie ».
« Vous n’avez pas besoin de supprimer les réseaux sociaux de votre vie pour préserver votre bien-être professionnel » (r)assure-t-il encore. Même si, « leur plus grand piège, c’est qu’ils nous font croire que le bonheur se fabrique et se mesure – en promotions, en likes, en liberté, en argent, en statut. Mais la satisfaction professionnelle n’est pas quelque chose que l’on résume dans un post ou que l’on atteint en un seul succès. C’est quelque chose qui se construit, chaque jour, à travers des choix qui reflètent qui vous êtes vraiment » conclut le consultant.
À méditer à la machine à café, plutôt que de scroller sans but sur votre smartphone?