Le Noël qui a tout changé: “J’ai voulu faire mon coming out, mais ça ne s’est pas passé comme prévu”
Synonyme de cadeaux, dinde rôtie ou encore de rassemblements en famille, la Noël a une image plutôt joyeuse dans l’imaginaire collectif. Mais elle peut aussi être le cadre de bouleversements, ainsi qu’en témoignent ces récits de fêtes résolument pas comme les autres. À l’image du témoignage d’Océane, 34 ans, qui n’oubliera jamais le réveillon où sa famille a appris qu’elle aimait les filles.
« Je n’oublierai jamais ce Noël, car il avait été source d’angoisse mais aussi de pas mal de réjouissance pour moi. Après une relation longue avec un garçon et une rupture compliquée à gérer, j’étais retombée amoureuse, et je comptais annoncer enfin à ma famille proche que j’étais en couple avec une fille… Sauf que je n’ai pas eu l’occasion de le faire moi-même. Seuls deux membres de ma famille proche savaient que j’étais avec une fille, mais lorsque j’ai voulu l’annoncer à d’autres membres de ma famille, ils étaient déjà au courant, car les personnes auxquelles je m’étais confiée le leur avaient dit quelques jours auparavant. Moi qui angoissais depuis des semaines à l’idée de faire mon coming out, j’ai eu le coeur brisé en mille morceaux. Et malheureusement, je n’étais pas au bout de mes déceptions ».
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Un coming out fait par d’autres
« Ce Noël a tout changé pour moi car je pensais pouvoir annoncer moi-même à ma famille proche que j’étais avec une fille, et je n’ai pas eu l’opportunité de le faire. J’ai eu le sentiment qu’on m’avait volé mon moment, d’autant plus que je ne l’avais pas du tout vu venir, même si la situation familiale n’était pas simple à l’époque. Malgré le sentiment de trahison que j’ai ressenti, j’ai été positivement surprise par la découverte que certains membres de ma famille étaient prêts à m’entendre et à écouter mon histoire. Par contre, j’ai été incroyablement déçue d’entendre des remarques homophobes dans la bouche de certains, alors que j’avais toujours pensé être entourée de gens ouverts d’esprit. La situation m’a fait comprendre que j’avais peut-être une vision trop utopiste de la chose.
Un membre de ma famille m’a ainsi dit qu’il n’était pas pour « ce genre de relations », tandis qu’une autre a cru bon de me dire que ce n’était qu’une expérience, que ça me passerait, et que de toutes façons, je n’avais « pas le profil de la fille qui aime les filles »… »
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Partage, pardon et acceptation
« J’ai toujours adoré Noël, car c’est pour moi un moment de partage et de convivialité, où on se retrouve pour passer un bon moment. Cette année-là, ça a été tout le contraire pour moi ; j’ai passé une partie de ma journée à pleurer dans la salle de bains, avec, en prime, le besoin de me justifier auprès de ma famille proche… Un cauchemar. Et pourtant, malgré tout, j’aime toujours autant Noël, surtout que de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Aujourd’hui, cette histoire remonte à des années, et désormais, tout le monde m’accepte telle que je suis.
Je suis aussi plus mature, ce qui m’aide à faire front face à celles et ceux qui tenteraient de me dissuader de quoi que ce soit, même si j’ai la chance que ce genre de situations ne se présente plus aujourd’hui. En revanche, je peux clairement dire que l’année qui a suivi ce Noël, la période des fêtes n’a pas été une partie de plaisir pour moi, et que je l’ai redoutée. Une année, j’ai même passé Noël seule car j’avais le Covid, et je me souviens l’avoir très bien vécu, car je n’avais aucune pression. Aujourd’hui, j’ai digéré tout ça, et pardonné à celles et ceux qui m’ont blessée à l’époque. Et si mon témoignage devait en inspirer d’autres, je n’aurais qu’un seul conseil à leur donner: sois fière d’être qui tu es, et ne laisse personne, pas même un membre de ta famille, te dire ce qui est bien ou non pour toi ».
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