Ces Belges voyagent chaque année au même endroit et expliquent pourquoi
Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Entre routine et nostalgie, nombreux sont les vacanciers belges qui choisissent de revenir année après année au même endroit.
Pour certains, l’aventure se trouve au bout du monde. Pour d’autres, elle réside dans la constance et la familiarité d’un lieu bien-aimé. Selon le baromètre des vacances 2024 d’Europ Assistance, 45 % des Belges déclarent vouloir retourner dans la même destination de vacances parce qu’elle leur est familière. Nicole, Maxime et Patricia font parties de ces voyageurs, trouvant dans ces rituels une source de bonheur et de réconfort.
Un départ imminent
Avec sa valise déjà prête dans un coin du salon, Nicole (74 ans) est sur le qui-vive. À 3h du matin, une navette viendra la chercher direction l’aéroport pour un vol jusqu’à Palma de Majorque. Pas question d’aller dormir, que ce soit avant le vol ou à son arrivée matinale. Elle souhaite directement profiter de son séjour de sept jours.
Elle a découvert cette destination par hasard, il y a quatre ans dans une agence de voyage: « Comme on avait eu un été vraiment pas terrible, je suis allée à l’agence en août pour booker un last minute. J’ai demandé un endroit avec du soleil, un hôtel près de la plage, des lieux de promenade et des boutiques. La dame a regardé ce qu’il restait et nous sommes tombées sur Palma. »
Depuis, elle y part chaque année et son hôtel est un véritable coup de cœur: « C’est moderne, propre, la nourriture est délicieuse et il y a deux piscines. Le personnel est sympa et des petits spectacles sont organisés au soir. Je préfère toujours y retourner parce que comme je connais, je suis sûre de ne pas avoir de mauvaises surprises. » Elle est aussi séduite par la possibilité de refaire les mêmes excursions sans se lasser des magnifiques paysages.
Son lieu de prédilection est une destination très prisée, surtout en haute saison. Mais ce n’est pas un problème pour elle: « Il y a beaucoup d’animation dans la ville et ça me plait. Forcément, il y a toujours plein de monde mais la foule ne me dérange pas du tout. Il y a des gens qui recherchent le calme en vacances, moi pas. Je suis déjà au calme toute l’année, alors quand je pars je veux que ça bouge, qu’il y ait de la vie. Ici, je suis une personne très nerveuse mais là-bas j’arrive à être totalement détendue. »
Palma de Majorque est en quelque sorte devenu son havre de paix annuel. Notre vacancière y voyage parfois avec des amies. Mais elle n’est pas dérangée par l’idée de voyager seule, même à son âge. « Avant Palma, je n’avais jamais voyagé seule donc je peux comprendre que je peux comprendre que ça fasse peur. Mais je ne ressens pas la solitude, je sais apprécier ma propre compagnie et je fais tout comme je veux. Par exemple, je sais que manger seul au restaurant, ça effraie pas mal de gens. Moi ça ne me pose pas de souci. Je le fais déjà ici alors pourquoi pas là-bas? »
Une habitude bien ancrée
Installé dans son jardin lors d’une journée (trop) chaude, Maxime (33 ans) attend avec impatience ses congés pour retrouver Pompignan. Il s’agit d’une petite ville du Sud de la France qu’il fréquente assidûment depuis son enfance. Lunettes de soleil posées sur son nez, il s’imagine déjà plongeant dans la piscine ou savourant une bière fraiche dans un hamac, au son des cigales environnantes.
Plus qu’une destination estivale, c’est un endroit chargé d’histoire: « Mon grand-père y a acheté un logement en 1978 et c’est devenu notre maison familiale. Je ne me rappelle pas précisément de ma première visite, la preuve qu’on y va depuis « toujours ». Chaque été, on se rend dans cette grande maison en pierre, nichée en pleine campagne. »
Pour lui, pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour être dépaysé. Avec le temps, cette paisible demeure est devenue une véritable parenthèse : « C’est le seul moment de l’année où je prends des vacances, où je mets mon cerveau en off et je profite pleinement avec mes proches. Surtout depuis que la famille s’est agrandie. On peut y emmener tout le monde, y compris les chiens qui peuvent courir en liberté. »
Affectueusement surnommé « Pompi », ce village de moins de 2000 habitants se trouve au beau milieu de nulle part. « Il y a une boulangerie, un mini marché, un bar, une plaine de jeux, ainsi que quelques terrains de pétanque, tennis et foot. C’est ça qui est chouette, cet endroit m’apporte toute la déconnexion dont j’ai besoin. En plus, comme c’est compliqué niveau réseau et Wi-Fi, on perd un peu la notion des heures et des jours. » Pour les activités, il évoque des plaisirs simples comme profiter de la maison, faire des apéros, visiter les petits marchés, faire du kayak, de l’accrobranche et des randonnées. Chaque année apporte son lot de souvenirs précieux, comme la première visite de sa fille en 2021 : « Elle avait seulement un mois à l’époque. Au fil des années, la voir évoluer dans cet environnement où j’ai moi-même grandi est une source d’émotion constante. »
En ce qui concerne l’évolution du Pompignan, Maxime observe que l’endroit n’a pas perdu de son charme. « Certains villages voisins comme Saint-Hippolyte ou Sauve ont pris de l’ampleur et sont agréables à visiter. Mais on apprécie énormément la tranquillité de notre village. On a pu faire découvrir l’endroit à de nombreuses personnes, célébrer des anniversaires ou encore un mariage. C’est un lieu où il fait bon vivre et nos amis comprennent aisément notre attachement, surtout après avoir eux-mêmes visité. C’est peut-être dommage de ne pas découvrir de nouvelles destinations, mais économiquement, il n’y a pas photo. Et puis, même si on voyageait ailleurs, ce serait en bonus parce qu’on ne pourrait pas se passer de Pompi. Je ne me lasserai jamais de cet endroit. Chaque année est unique, avec des personnes différentes, ce qui rend chaque retour encore plus précieux. »
Un doux souvenir
Album photo sur les genoux, Patricia (59 ans) se replonge dans les années passées en famille à Nieuport. Le temps passe, mais les souvenirs de vacances à la mer du Nord restent bien ancrés dans sa mémoire. Pour elle, les vacances parfaites représentent une échappée de son quotidien stressant à Bruxelles. Cette coupure, elle l’avait trouvé à une heure et demie de route, sur la côte belge: « Je connaissais déjà bien Nieuport. Mes parents avaient acheté un appartement sur la digue dans les années 70 et nous nous y rendions chaque été. La plage spacieuse, le charmant port et l’air vivifiant de la mer étaient particulièrement apaisants. »
Des années plus tard, Patricia a continué cette tradition avec ses propres enfants: « Nous avons passé huit étés consécutifs à Nieuport, cinq d’entre eux dans le même appartement que nous louions. Mes parents étaient aussi de la partie. On fonctionnait avec un système « d’alternance »: mes parents passaient la première quinzaine de juillet avec mes trois filles, et mon mari et moi prenions le relais les quinze jours suivants. Mais on s’y retrouvait tous les week-ends pour passer du temps tous ensemble. C’était une période très heureuse de notre vie. »
Ils ont développé des rituels comme jouer trois fois par semaine au tennis: « C’était une passion que je partageais avec mon papa depuis mon enfance, et nous avons essayé de transmettre cette tradition à mes filles. Évidemment, on profitait aussi de la plage, surtout les petites qui tenaient un magasin de fleurs en papier crépon. Pour faire le troc avec d’autres stands, la monnaie d’échange était les fameux coquillages « couteau ». » Casquette vissée sur sa tête penchée vers le sable, leur papy passait son après-midi à chercher les trésors marins. Ces séjours étaient l’occasion pour les enfants de Patricia de tisser des liens forts avec leurs grands-parents: « Mes filles adoreraient passer du temps avec eux et ils faisaient beaucoup d’activités ensemble. Je voulais qu’elles créent des souvenirs avec eux en dehors de mon mari et moi. »
Malheureusement, après le décès de sa mère, les visites annuelles ont perdu leur sens : « Le dernier été passé à Nieuport était celui avant le décès de ma maman. Elle était atteinte d’un cancer des voies digestives. Elle souffrait beaucoup pendant notre séjour, même si elle essayait de le masquer. Il fallait régulièrement faire des allers-retours à Bruxelles pour la chimio, qui l’affaiblissait énormément.
C’était difficile pour tout le monde de la voir dans cet état, et on sentait que ce serait notre dernier été ensemble. » Aujourd’hui, malgré les beaux souvenirs, Patricia n’envisage pas de retourner à la station balnéaire: « Je suis plus nostalgique de la période et des moments vécus que de l’endroit. Ma maman adorait ce lieu, et ce ne serait pas la même chose sans elle. Ce chapitre de ma vie s’est fermé, mais je continuerai de chérir cette belle période. »
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