Est-ce parce qu’ils écoutent mieux, jugent moins ou bien parce qu’ils sont tout simplement plus souvent à la maison? En tout cas, six Belges sur dix confient préférer passer du temps avec leur animal de compagnie lorsqu’ils se sentent stressés plutôt qu’avec leur partenaire.
C’est ce qui ressort d’une enquête récente menée auprès de 30.000 de nos compatriotes. « Les chats et les chiens procurent à leurs maîtres un sentiment de calme et de proximité que les relations humaines ne sont plus toujours en mesure d’offrir », explique le Dr Joni Delanoeije, chercheur postdoctoral à la KU Leuven. Mais pourquoi trouvons-nous nos congénères si épuisants? Ou bien les animaux de compagnie sont-ils tout simplement de meilleurs compagnons en période d’agitation? Selon le Dr Delanoeije, experte en interactions homme-animal, il n’est pas nécessaire de faire appel à Freud pour décrypter le phénomène.
« Ils ne jugent pas, ils n’attendent rien, ils sont simplement là », dit-elle.
« Ils apportent un sentiment de paix, une présence ainsi que de l’inconditionnalité. Dans une société qui devient de plus en plus complexe, rapide et numérisée, ils sont l’une de nos rares relations à ne pas être surstimulée ».
Un lien qui fait du bien
Et il n’est pas surprenant que les animaux de compagnie réduisent notre niveau de stress. Toujours selon l’enquête (commandée par Mars, leader du marché des soins aux animaux, et Calm, une plateforme de santé mentale), 73 % des personnes interrogées déclarent que leurs animaux de compagnie les aident à prendre plus de pauses au travail ou durant les tâches ménagères, et près de la moitié d’entre elles le font tous les jours. 65 % cogitent moins, 69 % végètent moins face à un écran et 66 % font plus d’exercice.
Même lorsqu’il s’agit de dormir, nous nous en sortons mieux grâce à nos amis à quatre pattes.
46 % des personnes interrogées déclarent ainsi mieux dormir grâce à leur animal. Et ce, même si les chats sont connus pour être des ninjas nocturnes. Pour beaucoup, leur présence est un gage de sécurité, d’apaisement et de lutte contre la solitude. « Il n’est pas surprenant que le contact avec les animaux ait un effet similaire à la pleine conscience, par exemple », explique Mme Delanoeije.
Les animaux nous aident à vivre dans le moment présent, ce qui a un effet puissant sur notre bien-être. Des recherches antérieures ont montré que nos animaux de compagnie peuvent renforcer nos émotions grâce à la pleine conscience, parfois même simplement par le bruit qu’ils émettent. Dans une vie trépidante où l’on a l’impression de devoir accomplir beaucoup de choses, les animaux nous rappellent qu’il est en fait permis d’en faire moins, et de prendre le temps de le faire bien. C’est précisément pour cette raison qu’ils constituent un ajout unique à nos relations souvent complexes avec d’autres personnes.
Métro, boulot… Médor ?
Nos compagnons à quatre pattes sont également de plus en plus souvent les bienvenus sur les lieux de travail.
Le 20 juin se tient d’ailleurs la journée « Emmenez votre chien au travail ». Ce n’est pas une blague, mais une initiative qui est de plus en plus prise au sérieux. Certaines entreprises y voient même une stratégie RH: plus de bien-être, plus d’interactions spontanées avec les collègues. Même s’il faut rester vigilant: un jardinet rikiki au bureau à partager avec cinq chiens et un·e collègue allergique aux poils n’est pas une formule de succès.
Pourtant, on se rend de plus en plus compte que les animaux sont plus que de jolis compagnons. Ils constituent un correctif naturel à un mode de vie devenu fou. On ne parle pas à un chien par l’intermédiaire des réseaux sociaux ou de Teams: ils nous éloignent des écrans, nous obligent à ralentir, à nous rapprocher physiquement.
Adopter un chien pour lutter contre le burn-out ou le prévenir? Selon notre experte, ce n’est pas une bonne idée. Pour cela, il faut avant tout s’attaquer à la cause du problème: la pression au travail, ou une mauvaise culture organisationnelle par exemple. « Un animal de compagnie peut apporter un soutien, mais pas corriger un système qui épuise structurellement les gens. Toutefois, il peut aider à éviter d’être complètement englouti dans ce moulin » note-t-elle.
Les animaux de compagnie, de véritables membres de la famille
La question qui se pose alors est la suivante: si les animaux de compagnie font une si grande différence, pourquoi continuons-nous à les traiter comme un élément secondaire? « Il n’y a guère de politique concernant leur place dans notre environnement de vie et de travail. Ils ne sont pas les bienvenus dans de nombreux immeubles locatifs, au bureau ils sont une exception, et ils ne sont guère les bienvenus en ville. Nous disons qu’ils font partie de la famille, mais nous ne leur donnons guère d’espace » regrette Mme Delanoeije.
Entre-temps, le fossé entre notre besoin de proximité et notre capacité à la trouver chez les gens se creuse.
Les animaux de compagnie semblent combler ce vide sans effort. Ce n’est pas parce que nous ne pouvons plus faire face aux gens, mais parce que la paix et la prévisibilité deviennent de plus en plus rares. Et s’il se trouve qu’elles sont enveloppées dans un corps poilu avec des moustaches, c’est un bonus.