L’infidélité consentie, le dernier tabou à l’heure du couple libre
Entre trouple et couple libre, les limites de la monogamie n’en finissent pas d’être repoussées. Mais une frontière persiste: l’infidélité consentie, dernier tabou qui divise.
La différence entre l’infidélité consentie et un couple libre? Dans ce dernier, les partenaires acceptent que leur moitié ait des relations amoureuses ou sexuelles en dehors de leur couple. Lequel est absent d’une relation libre, qui voit les partenaires partager une relation (intime, sexuelle et/ou romantique) affranchie de tout cadre. Et l’infidélité consentie, dans tout ça? Le plus souvent unilatérale, elle voit l’une des moitiés du couple donner son accord à l’autre pour aller voir ailleurs, sans forcément faire de même de son côté.
Une tendance qui gagne en popularité. Après avoir réalisé un sondage auprès de 4000 de ses membres, Gleeden, le leader de la rencontre extra-conjugale en Europe, a ainsi découvert qu’une personne infidèle sur cinq (21%) l’était avec l’accord de celui ou celle qui partage sa vie… Même si cette infidélité n’est pas toujours consentie d’emblée.
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Redéfinir les contours du couple
En effet, « lorsqu’on leur demande la façon dont ils ont abordé le sujet avec leur partenaire, plus de la moitié des sondés (52%) reconnaissent que c’est la découverte de leur infidélité qui a été l’élément déclencheur. Seuls 18% des répondants indiquent avoir instauré cette liberté sexuelle dans leur couple dès le début de leur relation » partage Gleeden. « D’autres expliquent que le sujet a émergé au cours d’une conversation ouverte avec leur conjoint(e), que ce soit de leur propre initiative (13%) ou que la discussion ait été initiée par leur partenaire (9%). Pour finir, 5% admettent que cette redéfinition des contours de leur fidélité a été rendue possible grâce à une thérapie de couple. »
C’est que malgré la libéralisation des rapports intimes, l’adultère reste un sujet épineux. Et pourtant, même si les pourcentages exacts varient selon les enquêtes, en Belgique, « cela tourne autour de 40 % des femmes qui se disent avoir été infidèles et pour les hommes, c’est autour de 60 % » notait au printemps le professeur Patrick De Neuter (UCLouvain) à nos confrères du Vif, lors de leur grande enquête sur la sexualité des Belges. Mais voilà, il y a une forme d’interdit biblique qui persiste, et la conviction que l’adultère, qu’il soit pratiqué en âme et conscience (de toutes les personnes impliquées) ou non, est un pêché.
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Poser des limites claires
Avec tout ce que cela entraine de jugement, honte et donc, de secrétivité. « Cela reste encore tabou et mal compris, car cela défie les normes sociétales actuelles et peut prendre de nombreuses formes. Certains peuvent décider de s’autoriser des aventures d’un soir tout en excluant toute relation suivie. D’autres vont accepter que leur partenaire explore d’autres relations, à condition que ce ne soit pas dans la même ville. Toutes ces nuances sont sujettes à des discussions au sein du couple, visant à établir des limites claires et à renforcer la confiance » détaille Solène Paillet, directrice de la communication de Gleeden.
Qui pointe de nombreux effets positifs pour les personnes qui s’autorisent à aller voir ailleurs, entre diminution de la culpabilité (54%), complicité accrue avec leur partenaire (48%), confiance renforcée dans leur couple (44%) et en eux-mêmes (24%), mais aussi augmentation de leur libido (38%), niveau de stress réduit (31%) et dans l’ensemble, un bien-être accru (42%).
L’infidélité consentie comme alternative au mensonge
Pour vivre heureux, vivons trompés? « Plus de deux tiers des infidèles aimeraient explorer ce type de relation, note encore Solène Paillet. Le défi réside dans le fait que leur partenaire n’est probablement pas sur la même longueur d’onde ou n’a pas la même conception de l’infidélité. Ce problème est souvent ignoré au début des relations, car la fidélité sexuelle est la norme. Cependant, une fois que la routine s’installe et que le dialogue ouvert manque, cela les pousse vers le mensonge »… Ou l’infidélité consentie?
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