Sex and the City version 2025: et si Carrie posait ses questions aujourd’hui?

Sex and the City - collage
Sex and the City - collage par © Sonia César Mesquita

Plus de vingt ans après Sex and the City, les questions de Carrie Bradshaw, chroniqueuse de la série culte, résonnent-elles toujours de la même façon? À défaut d’avoir Charlotte, Samantha, Miranda et Carrie, ce sont cinq jeunes femmes bruxelloises issues de la Gen Z qui vont débattre d’amour, de relations et de sexualité, sous le regard éclairé de la sexologue Joëlle Smets.

Au début des années 2000, Sex and the City était une véritable révolution. Quatre trentenaires indépendantes, discutant librement de sexe et d’amour, à une époque où cela restait encore tabou pour une femme? Totalement audacieux. En 2025, les codes ont évolué, et les grands questionnements amoureux ne se posent plus uniquement à 30 ans. La génération actuelle, bercée par le féminisme post-#MeToo et hyper-connectée, évolue dans un monde où les relations sont plus fluides, les désirs plus assumés, mais où les injonctions restent nombreuses.

Alors, que se passe-t-il quand cinq jeunes femmes dans leur vingtaine s’attaquent aux mêmes questions que Carrie, mais en 2025? Avec un regard plus inclusif et actuel, notamment sur le genre, Deborah, Yelena, Emma, Natacha et Nisrine, toutes entre 23 et 27 ans, revisitent 15 des 92 questions emblématiques posées par la célèbre journaliste new-yorkaise. Entre confidences et discussions animées, que ce soit autour d’un brunch ou d’une coupe de champagne, pas besoin d’avoir vu Sex and the City pour se laisser embarquer dans la discussion. Et qui sait? Peut-être qu’après cette lecture, vous aurez envie de vous (re)plonger dans l’univers de la série.

Les profils des intervenantes:

  • Deborah: 24 ans, bisexuelle et en couple avec un homme.
  • Emma: 25 ans, lesbienne et en couple avec une femme.
  • Natacha: 23 ans, lesbienne et en couple avec une femme.
  • Nisrine: 24 ans, queer (ndlr: dont l’orientation sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants) et célibataire.
  • Yelena: 27 ans, hétérosexuelle et célibataire.

L’experte:

  • Joëlle Smets: sexologue clinicienne et thérapeute de couple. Également autrice du livre La puissance sexuelle des femmes, sorti en 2024.

1. « Combien d’entre nous font l’amour avec des personnes que nous avons honte de présenter à nos amis? »

(saison 1, épisode 6)

On rencontre quelqu’un, que ce soit dans un bar, au boulot ou sur une application, il peut y avoir une certaine attirance. Dans ces conditions, le passage à l’étape supérieure peut arriver assez naturellement. Mais quand vient le moment de le montrer à notre cercle d’amis, un malaise s’installe.

Deborah: « Je suis déjà sortie avec quelqu’un dont j’avais honte devant mes amis. Irrespectueux, désagréable, méchant avec les gens et même parfois avec moi… Il cumulait les red flags! Il reflétait une mauvaise image et moi, j’ai une image de gentille, respectueuse… Ça m’est déjà arrivé aussi de sortir avec un mec et d’avoir honte parce que je ne le trouvais pas à 100% attirant, mais je trouve qu’il ne faut pas se limiter à ça parce qu’on peut passer à côté de très belles histoires, qu’elles soient longues ou courtes. »

Joëlle Smets: « Les modes de rencontre ont évolué. Autrefois, les relations naissaient souvent au sein d’un cercle social commun, l’intimité sexuelle venait après, et c’est elle qui scellait le couple. Aujourd’hui, on se rencontre d’abord à deux, généralement via les applications, et on fait l’amour beaucoup plus vite qu’avant. Présenter un partenaire à ses amis devient une étape décisive, car ça officialise l’existence du couple. La honte peut surgir lorsque l’attirance physique que l’on a éprouvée pour la personne ne s’aligne pas avec les attentes sociales ou culturelles de notre entourage. »

Mais cette gêne ne concerne pas toujours la personne elle-même. Lorsqu’on est queer, un autre facteur entre en jeu: la peur du rejet ou du jugement.

Emma: « J’ai eu des amies qui pensent être des alliées (ndlr: qui soutient les personnes de la communauté LGBTQIA+), mais qui, en réalité, ne sont pas si ouvertes que ça. Je me suis sentie honteuse, personnellement, quand je suis sortie avec des garçons alors que je n’étais pas encore out (ndlr: révéler, ne plus cacher son identité sexuelle ou de genre). »

Joëlle Smets : « Dans la communauté queer, cette présentation peut, je pense, revêtir une importance encore plus grande, car elle peut impliquer une confrontation aux normes et aux attentes sociales. »

2. « Les plans à trois sont-ils la nouvelle frontière sexuelle? »

(saison 1, épisode 8)

Carrie posait cette question au tournant des années 2000. Dans la série, les quatre amies discutaient de cette nouvelle étape dans les relations: le plan à trois. Samantha Jones, l’experte en sexe du groupe, comparait cette tendance aux précédentes, par exemple la fellation dans les années 90 et le sexe anal dans les années 80.

Et selon notre experte à nous: « Le plan à trois est un fantasme largement partagé, autant par les hommes que par les femmes. Cependant, peu intègrent réellement cette pratique à leur routine. À l’inverse, certaines pratiques autrefois taboues, comme le cunnilingus et la fellation, sont aujourd’hui largement adoptées. Je dirais encore que les jeux BDSM soft entrent de plus en plus dans la vie sexuelle des couples. »

Mais alors, quelle serait la nouvelle frontière sexuelle en 2025? Selon Joëlle Smets, une question revient de plus en plus chez les jeunes couples: « est-ce qu’on ouvre notre couple ou pas? »

Notre époque serait donc celle de la remise en question du modèle monogame conventionnel?

3.« Y a-t-il encore certaines choses qu’on ne peut pas dire dans une relation? »

(saison 2, épisode 2)

Nos paroles ont un impact sur nos partenaires. Évidemment, tout dépend de ce que l’on dit: demander de sortir les poubelles n’aura pas le même effet que de lui avouer qu’il ou elle ne nous attire plus.

Natacha: « J’ai toujours pensé qu’il fallait être totalement transparent dans une relation et tout dire. Mais parfois, j’ai l’impression qu’il vaut mieux retenir certaines choses pour ne pas la blesser. »

Deborah: « Avec mon copain actuel, je lui dis tout ce qui me passe par la tête et il n’y a jamais eu aucun soucis. Mais, est-ce qu’on doit tout dire dans une relation ? Ça, pour moi, c’est une autre question. Il y a certaines choses qu’on dit juste pour avoir la conscience tranquille, de façon un peu égoïste, qui pourraient juste blesser la personne sans nécessairement avoir d’intérêt. »

Mais alors, y a-t-il des sujets à éviter absolument?

Yelena: « Parler du passé amoureux, comparer le partenaire actuel avec ses ex… Rien de pire que d’entendre ça. »

Emma: « Personnellement, j’ai du mal à entendre ce qui s’est passé relationnellement avant moi, mais je veux quand même en parler librement avec ma partenaire. Il peut avoir des sujets sensibles, mais je pense qu’il est important de savoir qu’on peut tout dire à l’autre. Souvent, le vrai problème, c’est la manière dont on aborde ces sujets… »

Joëlle Smets: « La communication est essentielle, mais il existe des limites. Une relation repose sur un équilibre entre honnêteté et délicatesse. Certaines vérités, si elles sont exprimées sans nuance, peuvent blesser inutilement. Il est donc crucial de savoir comment et quand exprimer ses ressentis, en tenant compte des émotions et de la sensibilité du l’autre. »

4. « Est-ce préférable de faire semblant que d’être «seule»? »

(saison 2, épisode 4)

La peur de la solitude pousse parfois à se mettre en couple ou à y rester, quitte à se convaincre d’éprouver des sentiments. Une angoisse bien ancrée dans la société, que la série illustre à travers Miranda. Indépendante et accomplie, elle n’en reste pas moins hantée par l’idée de finir seule dans son appartement, avec pour seule compagnie son chat.

Nisrine: « Pendant longtemps, je ne me trouvais pas jolie, pas désirable. Je pouvais accepter toute sorte de relation, même si je n’étais pas forcément intéressée ou attirée par l’autre personne. La solitude rend l’existence angoissante… Je pense pourtant qu’il est préférable d’être seule, car être en couple dans ces conditions ne rend pas plus heureux. »

Deborah: « Ça m’est déjà arrivé d’être en couple et de ne plus vouloir l’être, mais je ne quittais pas la personne parce que je n’osais pas le faire. J’étais avec lui en me disant ‘ça va marcher, j’aurai des sentiments! Ça va venir!’ Et ça n’est jamais venu. »

Yelena: « Je suis passé par là aussi… Si tu n’aimes pas la personne maintenant, tu ne l’aimeras pas dans cinq ans. Tu peux t’habituer à elle, mais ce n’est pas véritablement de l’amour. »

Deborah: « Je pense qu’il faut savoir être seule, pour se recentrer sur soi, trouver un équilibre et comprendre ce que l’on veut vraiment. »

Joëlle Smets: « L’humain n’est pas un être solitaire, il peut donc arriver de combler cette angoisse, qu’est la solitude, avec des gens qui ne nous correspondent pas. Pourtant, il vaut mieux privilégier une relation de qualité, basée sur le bien-être et les intérêts communs, plutôt que de rester avec quelqu’un par peur d’être seul. Bien qu’aujourd’hui le couple reste le modèle dominant, le célibat est davantage valorisé qu’avant, pour la liberté et l’indépendance qu’il procure. »

5. « Dans un monde sans gravité où tout est permis, qu’est-ce qui constitue une tromperie? »

(saison 2, épisode 6)

C’est quoi exactement tromper quelqu’un ? En fonction de nos expériences, de nos principes ou de nos idéaux, il y a peu de chances que deux personnes en aient exactement la même perception. Entre tromperies et mensonges à répétition, Carrie et Big nous en ont fait voir de toutes les couleurs… Mais comment en 2025 la tromperie est-elle perçue dans le couple ?

Deborah: « Tout ce qui met en danger la relation et va à l’encontre des limites posées est une forme d’infidélité. L’envie d’aller voir ailleurs, même si on ne le fait pas, pour moi, c’est déjà tromper. Envoyer des messages ambigus, c’est pareil! En fait, c’est l’intention qui compte. Je pardonne moins ça que, par exemple, embrasser quelqu’un en soirée en étant bourré. »

Yelena: « Envoyer juste un message peut suffire! Le fait d’avoir des intentions plus qu’amicales avec une autre personne, pour moi, c’est une tromperie… »

Nisrine: « Le manque de considération. Tromper, c’est lorsque la personne fait quelque chose sans penser à ce que cela pourrait te faire. »

Joëlle Smets: « Notre société voit l’amour comme quelque chose d’exclusif, passionnel et éternel, où l’infidélité est considérée comme LA plus grande faute. Elle a longtemps été définie par l’acte sexuel, mais l’ère numérique a redéfini ses frontières. Envoyer un sexto, entretenir une relation virtuelle ou éprouver du désir à travers un écran pose la question des nouvelles formes de trahison. Il est important pour chaque couple de définir ensemble ce qui est acceptable ou non dans leur relation. »

6. « Peut-on changer un homme? »

(saison 2, épisode 9)

« Big n’était pas un crush, c’était un crash. » Carrie a tenté maintes fois de faire évoluer leur relation, mais en vain. Sa question, même si elle peut sembler un peu réductrice, reste pertinente: peut-on réellement influencer la manière dont un homme cisgenre (ndlr: dont le sexe attribué à la naissance correspond à l’expression de genre affichée) réfléchit?

Deborah: « Ce n’est pas à nous de le changer, c’est à lui d’évoluer par lui-même. J’ai déjà été en couple avec quelqu’un qui avait des mauvaises habitudes et j’ai essayé de le faire changer, mais ça n’a pas fonctionné. Quand le changement ne vient pas d’une volonté personnelle, il ne dure pas. »

Yelena: « En fait, tu ne peux pas changer une personne, si elle ne veut pas le faire pour soi-même. On n’est pas psy ou conseillère sociale, ça n’en vaut pas la peine! » 

Pour les participantes dont les relations sont principalement queer, la question a été adaptée: « Peut-on changer la personne avec qui on est? »

Emma: « Tout humain change donc oui, une relation peut nous faire évoluer, mais ça ne doit pas être l’objectif de départ. »

Natacha: « Je pense qu’on ne change pas fondamentalement la personne avec qui on est. On peut l’aider à supprimer des mauvaises habitudes en l’incitant à faire le ménage plus souvent ou à ranger ses chaussettes salles, mais la personnalité profonde… non. »

Nisrine: « Est-ce que c’est même souhaitable? Je pense qu’il faut laisser les gens qui ne nous conviennent pas. Ils conviendront à quelqu’un d’autre. Personnellement, je n’aimerais pas qu’on essaye de me changer, alors je ne veux le faire pour personne. »

Joëlle Smets: « On change inévitablement au contact de l’autre, mais entrer dans une relation dans l’idée de transformer son partenaire est une erreur. Accepter les différences et évoluer ensemble est une dynamique plus saine que vouloir façonner l’autre selon ses attentes.« 

7. « Peut-on sortir avec quelqu’un d’autre que sa classe sociale? »

(saison 2, épisode 10)

Aussi bien aujourd’hui qu’il y a 20 ans, la question sociale joue un rôle clé dans les relations amoureuses. Pressions familiales, écarts culturels ou différents modes de vie peuvent freiner certains à sortir de leur cercle. Dans Sex and the City, Charlotte en est un bon exemple: issue d’un milieu privilégié, elle a du mal à envisager une relation avec quelqu’un dont les origines sociales sont plus modestes.

Natacha: « Sur papier, c’est possible. En réalité, c’est plus compliqué. L’amour ne suffit pas pour qu’un couple tienne. Il faut un alignement de valeurs et d’objectifs de vie. Or, les idées et priorités d’une classe sociale sont rarement similaires à celles d’une autre… »

Deborah: « Je suis déjà sortie avec des gens qui étaient beaucoup plus riches que moi, et c’est plutôt difficile. Elles ne comprennent pas toujours ton monde, pourquoi tu hésites à les inviter chez toi parce que ton logement n’est pas parfait ou ne ressemble pas au leur… Mais si l’autre parvient à te mettre en confiance sur ces détails, alors la différence se fera moins sentir. »

Nisrine: J’étais dans une situationship (ndlr: histoire sentimentale sans étiquette) avec quelqu’un d’un milieu plus aisé. C’était compliqué, car notre façon de voir les choses, de s’amuser, de passer du temps ensemble n’étaient pas les mêmes. Nos réalités étaient tout simplement trop différentes. »

Yelena: « Ça me dérangerait seulement si cette personne n’a pas d’ambition, pas d’objectifs, ou ne cherche pas à avancer dans la vie. Depuis toute petite, on nous dit de chercher le meilleur pour nous, mais au fond, il faut juste quelqu’un qui soit sur la même longueur d’onde – ou mieux. Sinon, ça peut poser problème, non seulement dans le couple, mais aussi au sein de la famille. »

Joëlle Smets: « C’est tout à fait possible, mais cela peut être complexe. Les différences de classe impliquent des marqueurs culturels distincts qui peuvent engendrer des incompréhensions ou des conflits d’intérêts. Partager des centres d’intérêt et des valeurs communes reste un élément clé dans la stabilité d’un couple. »

8. « Peut-on rester amie avec un ex? »

(saison 2, épisode 18)

Qu’on soit resté ensemble trois semaines, huit mois ou cinq ans, la question de rester ami avec un ex divise. Certains y parviennent, d’autres non. (Donc oui, Carrie, tu peux être amie avec Big, mais veille à ne pas ruiner ton couple actuel!)

Emma: « Rester amie avec mes ex ne me semble pas naturel. C’est comme essayer de rester proche avec des ex-ami.e.s. Si ça s’est fini, c’est pour une raison… Pour moi, c’est se compliquer la vie pour pas grand-chose. »

Deborah: « On peut avoir une relation d’amitié, mais avec beaucoup de limites. Je pense que l’une des seules exceptions est le premier amour. On est souvent très jeune et, quand presque dix ans se sont écoulés, l’eau a coulé sous les ponts. Si je le croise dans la rue, je ne vais pas faire comme si je ne l’avais jamais connu. Le premier amour fait partie de notre jeunesse, et ce serait dommage d’effacer ces souvenirs d’adolescence. »

Yelena: « Il est possible de rester en contact avec son ex, mais seulement si chacun est conscient de vouloir être uniquement amis. C’est très difficile, je trouve, mais pas impossible. Par exemple, pour les ex qui ont des enfants, c’est mieux de maintenir une bonne entente. Il faut beaucoup de maturité des deux côtés. »

Joëlle Smets: « Cela dépend de la maturité émotionnelle des deux parties. Au début, après une rupture, la proximité peut empêcher de tourner la page. Toutefois, avec le temps et une dynamique saine, une amitié peut émerger. Cela peut néanmoins fragiliser une nouvelle relation si l’ex reste trop présent. »

9. « Dans une relation, quels sont les «motifs de rupture»? »

(saison 3, épisode 5)

Les motifs de rupture sont aussi nombreux qu’il y a de relations sur terre. Pour Carrie, l’absence de passion (comme attendre une éternité avant d’entendre un ‘Je t’aime‘… On ne vise personne) peuvent être un « deal-breaker » comme la journaliste aime les nommer. Pour Charlotte, c’est sans aucun doute le refus de s’engager. Miranda, elle ne pourrait être avec quelqu’un qui empiète sur son indépendance. Quant à Samantha, elle, accorde une importance capitale à l’anatomie: ni trop grande, ni trop petite, la taille doit être juste.

Yelena: « Il y en a tellement! Mais le pire, je dirai quand même que c’est quand on ne s’entend plus avec la personne. Quand on ne sait plus quoi faire de la relation et qu’on reste coincé. »

Emma : « Ne plus être amoureux, ne plus avoir envie, tromperie, incompatibilité sur les projets de vie comme les enfants ou l’endroit où habiter… »

Nisrine: « Le manque de considération, pour moi, c’est ce qui fait le plus mal. Je veux pourvoir être avec quelqu’un qui me voit vraiment, qui m’accepte pour ce que je suis. »

Natacha: « Tout ce qui touche à la trahison comme l’infidélité, les mensonges… Quand la confiance est détruite, la relation devient insoutenable. Par contre, il ne faut pas envisager la rupture pour des raisons futiles. Il est essentiel d’en discuter avec son ou sa partenaire. »

Deborah : « Tromperie, mensonges, manque de respect… Si on se dispute toujours pour les mêmes raisons sans avancer, ça devient un vrai motif de rupture. Mais si quelqu’un reconnaît ses erreurs et change, c’est totalement pardonnable. »

Joëlle Smets: « L’infidélité est l’une des causes majeures. D’autres facteurs entrent également en jeu: le manque de communication, la disparition de la passion ou une divergence sur les projets de vie, tels que le mariage ou les enfants, … Une relation doit être alignée sur des aspirations communes pour pouvoir durer.« 

10. « Les âmes sœurs : Réalité ou instrument de torture? »

(saison 4, épisode 1)

Parler de torture peut sembler excessif, mais Carrie, éternelle romantique, adore ce genre d’expressions dramatiques. Après tout, pour certains, trouver l’âme sœur relève presque d’une quête existentielle. Un concept lié à l’Amour, sans pour autant relever du sentiment romantique. Car, comme le dit si bien Charlotte à ses amies: « Peut-être qu’on pourrait être des âmes sœurs. Les hommes seraient juste des personnes avec qui passer du bon temps. »

Emma: « Je déteste l’idée qu’on ne soit pas complet sans sa moitié. »

Yelena: « Moi, je crois en l’âme sœur. Ce n’est pas facile de la trouver, mais parfois, les connexions avec certaines personnes sont tellement plus fortes qu’avec d’autres. »

Natacha: « Je n’aime pas cette notion. Elle implique qu’une seule personne nous soit prédestinée. Je préfère croire en un amour sincère et véritable, qui se construit jour après jour, non pas parce qu’il était écrit, mais parce que deux personnes choisissent de le bâtir ensemble. »

Deborah: « Quand j’aime quelqu’un, j’ai l’impression de ressentir une connexion unique. Je pense qu’on est fait pour être avec une seule personne… du moins, j’aime croire à cette idée. Et pour l’instant, c’est ce que je ressens. Mais oui, ça peut ressembler à une torture, parce qu’à chaque nouvelle relation, on se demande: ‘Et si c’était mon âme sœur ? Ou pire… si mon âme sœur, c’était celui d’avant?' »

Joëlle Smets: « L’idée d’une «âme sœur» est un mythe romantique selon lequel chacun d’entre nous serait destiné à retrouver sa moitié au cours de sa vie. En réalité, il n’existe pas une personne unique faite pour nous, mais plutôt des compatibilités plus ou moins fortes. Une relation durable repose surtout sur un travail constant et une volonté mutuelle de construire quelque chose ensemble. Il faut donc trouver un équilibre entre indépendance et amour. »

11. « En matière d’amour, les actes sont-ils vraiment plus éloquents que les mots? »

(saison 4, épisode 6)

Qui n’a jamais rêvé d’un geste aussi attentionné qu’Aiden construisant un meuble pour sa chère et tendre en signe de son affection? Ou d’entendre, après une éternité d’attente, cette grande déclaration d’amour tant espérée?

Natacha: « Tout dépend de ton love language. Pour ma part, je pense que les deux sont essentiels dans ma relation. »

Deborah: « Les actes comptent bien plus que les mots. Je suis sortie avec un mec qui me faisait beaucoup de promesses, mais jamais aucun acte n’a suivi. À force, j’ai fini par ne plus croire un mot de ce qu’il disait. Il faut croire ce qu’ils font, pas ce qu’ils disent. »

Joëlle Smets: « Les deux sont indispensables. Les mots expriment les sentiments, tandis que les actes les concrétisent. Un ‘je t’aime‘ sans gestes qui le prouvent perd de sa valeur, et inversement, des actes sans verbalisation peuvent laisser un doute planer. »

12. « …voulons-nous vraiment ces choses (mariage et enfants), ou sommes-nous simplement programmés? »

(saison 4, épisode 15)

N’est-ce pas un peu démodé, ces récits qui se terminent inlassablement par « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »? Dans les films et séries, le mariage et les enfants sont souvent présentés comme une conclusion logique. Il en va de même dans notre société, bien que les mœurs aient évolué, notamment vis-à-vis des couples queer.

Natacha: « Dans certaines familles, ne pas se marier ou ne pas avoir d’enfants peut être perçu comme une honte, une sorte d’échec vis-à-vis des attentes familiales et culturelles. C’est en tout cas ce que pense ma mère. Dans un couple lesbien, ce ne sont pas des passages obligés, mais de véritables choix. S’engager dans ces démarches devient alors un geste fort, profondément réfléchi et symbolique. »

Nisrine: « Je suis une meuf queer musulmane et le mariage n’a jamais fait sens pour moi. Mais je me dis que si, à l’avenir, j’ai une copine qui veut se marier pour des raisons religieuses, je le ferai. Ce qui n’a pas de sens pour moi ne signifie pas que ça n’en a pas pour elle. »

Deborah: « Quand tu es en couple, on entend toujours cette suite d’injonctions : ‘Il faut se marier, avoir des enfants, acheter une maison…’ Mais j’ai l’impression qu’aller à l’encontre de ces idées commence à se démocratiser. Aujourd’hui, je suis avec une personne avec laquelle je pourrais m’imaginer fonder une famille. J’aimerais bien voir à quoi ressembleraient ses enfants. Je me dis que toutes mes peurs disparaîtraient avec lui, qu’il saurait me mettre à l’aise. En fait, dans ces conditions-là, ce n’est plus une obligation, mais une volonté personnelle. »

Emma: « Si on souhaite se marier et avoir des enfants, on est plus accompagné que si l’on ne le veut pas. Je pense que c’est compliqué de s’en déconstruire. Moi, ce qui m’attire dans l’idée du mariage, c’est la sécurité. Alors que d’autres y voient une dimension romantique et poétique… Ce que je trouve totalement faisable sans passer par le mariage. »

Joëlle Smets: « Le modèle amoureux dominant repose sur la monogamie, le mariage et la parentalité. Un schéma profondément ancré dans les mœurs. Il est difficile d’échapper au conditionnement socio-culturel, même si de plus en plus de personnes s’en émancipent pour explorer d’autres formes de relations et de vie.« 

13. « Une relation est-elle vraiment une relation sans le Zsa Zsa Zsu? »

(saison 5, épisode 8)

Le Zsa Zsa Zsu est une expression inventée par Carrie pour décrire ces fameux papillons dans le ventre. Mais sont-ils vraiment ce qui dicte l’intensité de notre affection?

Yelena: « Il y a toujours des papillons dans le ventre quand tu vois cette personne spéciale. Je pense que, s’ils ne sont pas là, il faut peut-être se demander si cette personne nous correspond réellement. »

Deborah: « Parfois, quand je pense à mon copain, j’ai ces petites étincelles dans le ventre. »

Natacha: « Pour moi, l’amour a pris une forme plus douce et apaisante, loin de ces tempête d’émotions et de papillons dans le ventre. Avec ma copine, je me sens enfin chez moi, en sécurité. »

Joëlle Smets: « L’intensité amoureuse – ou les papillons dans le ventre – est une phase qui dure généralement entre 8 mois et 2 ans avant de s’atténuer. C’est ce qu’on appelle le phénomène d’habituation. Cela ne signifie pas la fin de l’amour, mais plutôt une transition vers un attachement plus profond. Entretenir la complicité et cultiver le désir sont essentiels pour faire durer une relation.« 

14. « Les hommes d’aujourd’hui sont-ils moins menacés par le pouvoir des femmes ou jouent-ils la comédie? »

(saison 6, épisode 5)

On peut comprendre qu’une femme aussi puissante que Samantha puisse intimider. Avec sa prestance et son assurance sans pareilles, elle est une véritable icône. Plus de 20 ans après la sortie de la série, qu’on soit queer ou non, une partenaire qui dispose de plus de pouvoir, notamment financier, peut-elle encore être perçue comme une menace?

Natacha: « Pour moi, si l’un des partenaires dispose de plus de ‘pouvoir’, notamment sur le plan financier, cela peut potentiellement poser un problème dans la relation. Dans mon cas, je suis déjà active professionnellement et j’épargne pour des projets d’avenir, comme l’achat d’un appartement. De son côté, ma copine utilise ses revenus principalement pour voyager et profiter de l’instant présent. Ces différences de priorités ne sont pas nécessairement un problème en soi, mais elles peuvent créer un certain déséquilibre. L’important, à mon sens, est d’en être conscient et d’en discuter ouvertement. »

Deborah: « Actuellement, on fait moitié-moitié, mais je trouve qu’il travaille trop et ça ne me plait pas. Si, par exemple, je gagnais plus que mon copain, franchement, ça m’irait totalement qu’il devienne homme au foyer et s’occupe de nos enfants. Et je ne pense pas que ça le dérangerait non plus. J’essaierais de ne pas lui faire sentir qu’il y a une différence entre nous à ce niveau-là. »

Emma: « Si je gagne plus, alors on en parle et on cherche un équilibre qui nous convient, pour éviter une dépendance absolue et tout ce qui peut engendrer de la rancœur. Il n’y a pas à rabaisser quelqu’un qu’on aime. »

Joëlle Smets: « C’est inquiétant de constater un retour du conservatisme chez certains jeunes hommes, qui rejettent le féminisme et adoptent un discours anti-woke. Alors que certains se revendiquent comme ‘déconstruits‘ et acceptent de repenser les rapports de genre, d’autres perçoivent les avancées féministes comme une menace. Beaucoup ont d’ailleurs l’impression qu’il n’est plus possible de séduire une femme sans être taxé de sexiste. »

15. « Sommes-nous devenus intolérants à la romance? »

(saison 6, épisode 14)

Au fil des échecs amoureux, il est facile de se laisser gagner par le désenchantement. Avons-nous appris à nous méfier des grandes déclarations et des gestes passionnés, au point de ne plus y croire? Pourtant, l’amour n’a jamais été une affaire de raison, et Carrie le résume bien: « Ça n’avait rien de logique, c’était de l’amour. »

Yelena: « Je ne suis pas fan de l’amour. Je ne sais pas si je suis devenue intolérante, mais je ne le cherche pas. Ce n’est pas quelque chose de dépassé, il est toujours là. »

Nisrine: « Au contraire! Moi, j’adore l’amour! Je suis constamment à la recherche d’amour en tous genre. »

Joëlle Smets: « L’amour n’a pas disparu et il restera toujours une valeur forte dans notre société. Et le romantisme en témoigne! Il suffisait de voir le nombre de personnes avec des fleurs à la main lors de la dernière Saint-Valentin. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content