#smallboobs: quand les (très) petits seins s’assument sur les réseaux sociaux

petits seins reseaux sociaux
Amélie Micoud Journaliste

Leur poitrine est plate (ou presque), et sur Instagram et TikTok, elles l’assument à fond. Et ce ne sont pas les haters qui les décourageront de montrer que non seulement les très petits seins existent, mais qu’ils méritent eux aussi de la jolie lingerie.

En 2017, l’influenceuse aux 4,2 millions d’abonnés Léna Mahfouf, alias Léna Situations, publiait une vidéo dans laquelle elle expliquait comment assumer et mettre en valeur ses petits seins. Il y a 3 ans, Léna postait une photo d’elle en robe et se prenait une vague de critiques sur son physique, sur sa petite poitrine notamment. En réaction, ses followers avaient lancé le #LenaChallenge: des femmes publiaient des photos d’elles et de leurs petits seins, jusqu’à simplement se poster telles qu’elles étaient, avec petite poitrine ou non, en mode body positive.

Il y aurait petit et petit?

Et pourtant… Sous un post Instagram du 8 mai dernier, Léna, ou plutôt sa poitrine, déchaînait de nouveau les passions, mais à double tranchant cette fois. Dans ce post, la jeune femme s’affiche en lingerie, en référence à sa vidéo « Assumer ses petits seins ». Sauf que, sur la photo, la poitrine mise en valeur dans un joli soutien-gorge ne parait pas si petite, pour nombre de ses followeuses. « Mais c’est pas des petits boobs ça ma Léna », peut-on lire sous son post, « Je confirme, ayant personnellement quasi pas de poitrine la sienne revient à une généreuse pour moi, on a pas tous la même vision de « petit », « moi je suis encore plus complexée avec ce genre de post » échangent les unes et les autres sous son post. Sans réaction cette fois, de l’intéressée, qui pensait bien faire. L’enfer serait-il pavé de bonnes intentions?

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En effet, si finalement, comme le dit pleine de bon sens une followeuse, avoir de petits boobs ne se limite pas à une seule taille, les très petites poitrines souffrent encore beaucoup trop d’invisibilité. Ou souffraient, car depuis quelques temps, les poitrines ultra-petites, de celles qu’on décrit, par abus de langage, comme plates, sont bel et bien là, dans nos feeds, et les hashtags #smallboobs ou #petitsseins se répandent comme une traînée de poudre sur TikTok et Instagram.

Mais elles sont aussi là dans la rue. La tendance free boobs, peut-être plus présente depuis le Covid, encouragerait visiblement les femmes à assumer leurs petits seins. Voir la diversité des poitrines dans la rue, sans artifices, aurait un effet décomplexant?

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Lire aussi: La pratique des seins-nus sur la plage impactée par les influenceuses et les réseaux sociaux

Lingerie pour toutes

Mais au-delà de montrer au monde que, oui, on est une vraie femme qu’on ait une forte poitrine ou des mini boobs, ce mouvement permet d’épingler un problème que toutes les femmes à la mini-poitrine connaissent: trouver de la lingerie adaptée. Et pas question de brandir le fait que, parce qu’on a très peu de poitrine, on n’a pas besoin de lingerie. Toutes les femmes ont droit à de la jolie lingerie, et à ne pas être condamnée au maillot une pièce sur la plage ou aux éternelles brassières.

C’est aussi mon droit le plus strict de m’offrir un joli soutien-gorge de temps en temps

« La lingerie me permet aussi de gagner un peu de volume sous mes vêtements, explique en souriant Julia, 42 ans. Toutes les femmes n’assument pas d’être free boobs sous leur tee-shirt toute l’année. Pour ma part, je ne me sens pas à l’aise seins nus sous mes vêtements, notamment en été. J’ai quand même des tétons, au cas où certains en douteraient! Et si au quotidien je n’ai pas vraiment besoin d’un vrai maintien, il me faut quand même un soutien-gorge adapté à certaines situations, quand je cours, par exemple. Et c’est aussi mon droit le plus strict de m’offrir un joli soutien-gorge de temps en temps, or, bien souvent, ceux qu’on trouve dans le commerce ne sont pas du tout adaptés aux tout petits seins, même les plus petites tailles. On se retrouve avec des bonnets qui baillent (les « cup gaps », lire plus bas, NDLR) et contrairement aux idées reçues, les trucs méga-rembourrés censés nous avantager ne vont pas pas du tout aux très petites poitrines! »

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Côté jolie lingerie en transparence et dentelle, ça n’est pas tellement mieux. « Je vois de jolis modèles dans le commerce qui pourraient m’aller, mais rien à faire, même la plus petite taille reste trop grande. Ça fait des plis, c’est moche », ajoute Julia.

Ce manque d’offres rayon lingerie, certaines marques l’ont bien compris, et ont fait de la devise « un vêtement doit s’adapter à vous et non l’inverse » la leur, et de ces femmes désespérées dans les cabines d’essayage des magasins de lingerie, leur cœur de cible. Ainsi du label américain Pepper bras, spécialisé dans les soutien-gorges pour petits seins. « No more cup gaps, ever » revendique la marque, qui excelle sur les réseaux sociaux.

@wearpepper

If the shoe doesn’t fit, we find ones that do. 👠 @Liya Huang #wearpepper #neversettle #FitLikeAGlove #inclusivefashion #cozybra #summerlooks #ibtc #smallboobs #smallchested #smallcherries #seamlessbra #comfortablebras #favoritebra #everydaybra #tshirtbra #inclusivelingerie

♬ son original – SKR
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Et sur TikTok, elles sont nombreuses à se mettre en scène dans des vidéos « War is over », marquant ainsi leur soulagement d’avoir enfin arrêté de se battre pour assumer (et habiller) leurs petits seins. Certaines choisissent de se faire tatouer autour ou sur la poitrine… Autant y aller carrément.

@greta_e ich habe mich viel zu lange für meine kleine Oberweite geschämt und versteckt! heute kann ich stolz sagen, dass ich meinen Körper so liebe wie er ist! #selflove #confidence #smallboobs ♬ for the trans folks only – Aiden • the flamingo
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Ne plus couvrir ce (mini) sein qu’on ne saurait voir

Sur Instagram, des mannequins, influenceuses food ou mode n’ont plus honte de se montrer free boobs sous leurs débardeurs, et tant pis si les bikinis flottent sur ces poitrines fluettes. Leur petite poitrine est d’ailleurs, pour nombre d’entre elles, simplement assumée en photo et c’est tout. Elle n’est ni hashtaguée ni mise en avant dans leurs posts. Pas besoin d’en rajouter.

Julia met ici en avant un paradoxe, que les femmes aux petits seins ont sans doute toutes pu relever: « Les gens vous disent que, comme vous « n’avez pas de sein », vous n’avez pas besoin de soutien-gorge. Ou encore qu’il n’y a « rien à cacher ». Mais quand vous n’en mettez pas, de soutien-gorge, ces mêmes gens semblent troublés voire choqués, « elle n’a pas de sein! », il faudrait savoir! »

« Pour ma part, continue Julia, voir des femmes assumer leur micro-poitrine me fait du bien. J’ai 42 ans, mais j’aurais adoré avoir ces modèles plus jeune. Oui il y avait Kate Moss, mais elle avait, malgré tout, plus de poitrine que moi (rires), et quand j’étais gamine, c’était la grande époque Wonderbra, avec la fameuse pub mettant Eva Herzigova et son décolleté généreux en scène. »

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« Même si, l’idée de Wonderbra, poursuit Julia, était d’offrir du volume aux petites poitrines, je me souviens galérer, à la même époque, pour trouver un soutif. Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois de ressortir d’une boutique de lingerie les larmes aux yeux, exaspérée de n’avoir rien trouvé à ma taille, quand ma cousine avec qui je faisais les boutiques trouvait bonnet à son sein. Plutôt que des poitrines « push-upées », j’aurais adoré voir ces femmes que mon algorithme (qui me connait décidément trop bien) me propose aujourd’hui, qui sont aussi canon que les top models plantureux des années 90. Quand je les vois assumer à fond leur buste presque plat, je me dis « elles ont bien raison, et fuck la chirurgie! ».

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Liberées, délivrées? On peut légitimement se poser la question. « J’entends déjà les gens dire « il ne faut pas se comparer », mais c’est super hypocrite, s’agace Julia. Au final, on se compare toujours, même un peu, aux autres, peut-être encore davantage en été quand les corps sont découverts. Et vous entendrez encore et toujours des gens décrire ce qu’est « une vraie femme », c’est à dire, dans la majorité des cas, un physique à la Marylin Monroe. Il est peut-être temps de dire qu’une femme avec très peu de poitrine est aussi une vraie femme. »

Le problème, finalement, ne résiderait-il pas dans cette nécessité de hashtaguer les parties du corps des femmes en détail? L’idéal serait, encore et toujours, qu’on nous foute la paix. Avec des gros ou des petits seins.

Lire aussi: Body positive: Est-on vraiment obligé·e d’aimer son corps? (et que faire si l’on n’y parvient pas)

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