« Mes collègues admirent ma force de caractère »: Ils ont perdu 120 kilos et racontent l’impact au travail

Ce que la perte de poids change au travail - Getty Images
Ce que la perte de poids change au travail - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Ils ne se connaissent pas, ils évoluent dans des villes différentes et des milieux différents, et pourtant, Sélim et Stéphanie ont un point commun: chacun d’eux a perdu des dizaines de kilos, 120 à eux deux, et pu peser l’impact que cela avait au travail.

Car s’il n’est pas obligatoire d’être mince pour réussir dans la vie, ainsi que le révèle notre reportage sur le sujet, la balance penche franchement du côté des sveltes. Meilleur salaire, postes plus enviables… Et Sélim et Stéphanie, qu’en disent-ils? Leur vécu correspond-il aux chiffres et statistiques rassemblés par les experts pour pointer l’impact du poids sur la réussite professionnelle? Avec 42 et 75 kilos de moins, ils témoignent de ce que leur changement de poids a changé au travail.

Sélim, 38 ans, est passé de 122 à 80 kilos

« J’ai été mince toute mon enfance, mais vers l’âge de 15 ans, mon corps a commencé à changer, et dès l’entrée à l’université, j’ai commencé à prendre 3 à 4 kilos par an. J’étais très gourmand, festif et pas du tout sportif, et progressivement, les kilos ont pris le dessus sur ma condition physique et sur mon estime de moi… Jusqu’à ce mois de février 2021 où, lors d’un rendez-vous chez un spécialiste des troubles du sommeil, j’ai réalisé que je pesais désormais 122 kilos.

Mon médecin m’a dit qu’à mon âge, vu ce poids et ma condition physique inexistante, je risquais de souffrir de problèmes cardiaques graves, voire mortels, et il m’a orienté vers la chirurgie. La prise en charge initiale avec une chirurgienne bariatrique a été un second électrochoc : j’ai réalisé que je ne voulais pas imposer ça à mon corps, et qu’il était temps que je me bouge. En combinant activité sportive et alimentation saine, j’ai perdu 42 kilos en neuf mois.

Selon les standards de beauté actuels, je suis plus séduisant, mais je trouve parfois cette réalité aberrante : je suis toujours la même personne, plus légère certes, mais avec le même cœur, même s’il est peut-être entouré de moins de graisse… Par contre, sur le plan professionnel, c’est sûr que ça m’a aidé, notamment lors de team buildings, où l’activité physique est souvent centrale. Fini d’être celui qui regarde les autres gravir une montagne en France ou courir sur la plage à Knokke : je suis désormais capable de participer, et de nouer des liens essentiels à la réussite.

J’ai la chance de travailler pour une entreprise qui promeut la diversité, au sein de laquelle je n’ai jamais eu à souffrir de mon apparence physique, quelle qu’elle soit. Ceci étant, je pense que mon parcours, et le fait que j’ai perdu le poids « naturellement » a aussi inspiré pas mal de mes collègues, qui ont pu ainsi déceler en moi une force de caractère qu’ils ne percevaient pas forcément avant. »

Stéphanie, 35 ans, a perdu 75 kilos en 3 ans

« Santé oblige, j’ai eu recours à une sleeve, grâce à laquelle j’ai perdu 75 kilos en trois ans. Mon manque de confiance en moi a aussi été un facteur dans ma décision. Quand on est gros, les autres se permettent de nous traiter comme bon leur semble, parce qu’ils savent qu’on sera souvent trop gentils, de peur d’être abandonnés.

En me délestant de tous ces kilos, mon estime de moi a gonflé, et j’ai enfin osé entreprendre d’autres choses dans le secteur professionnel. Je remarque que depuis ma perte de poids, on me fait plus confiance, on me laisse plus gérer et agir. Cela m’a donné la confiance nécessaire à une reconversion dans le secteur du bien-être, ce que je n’aurais jamais osé du temps où j’étais obèse. J’aurais eu trop peur que les gens se demandent comment je pouvais leur prodiguer des soins alors que je ne me prenais pas en main.

Avant, mon employeur se permettait de tout me demander, et je disais oui à tout, par peur d’être mise de côté, tandis que mes collègues avaient tendance à me remettre chaque erreur sur le dos, comme si être ronde impliquait forcément d’être incompétente. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de m’affirmer au travail, d’autant que grâce à ma perte de poids, je n’existe plus uniquement dans le regard des autres : j’existe pour moi-même avant tout. Ma métamorphose physique a aussi changé mon mental : je suis fière du chemin parcouru, de celle que je suis aujourd’hui, et je sais que ça se ressent aussi dans la sphère professionnelle. »

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