Delphine Kindermans
Le luxe sur un plateau (repas)
C’est presque un réflexe conditionné. En couverture du Spécial Accessoires de cette semaine, ceux qui ont un jour mis les pieds dans un McDo, soit à peu près toute la population du royaume, sauf peut-être les extrémistes anti-malbouffe – et encore, pour peu qu’ils aient des enfants…-, auront vite reconnu le célébrissime Happy Meal, son sourire naïf et son logo universel…
Un sac, signé Moschino, qui défilait accompagné d’une cohorte de robes-pulls barrées d’un M géant, de casquettes rouges et jaunes, de tailleurs rayés façon tenue de travail de la chaîne de fast-food et même… de minaudières et coques d’iPhones « portions de frites ».
Pour sa première saison à la direction artistique du label italien, Jeremy Scott s’est visiblement régalé (voir les images du défilé ICI). C’est que ce pur produit de l’Amérique white trash, qui a fait de l’humour et des références pop ses marques de fabrique, ne pouvait trouver maison plus en phase avec son univers créatif : Franco Moschino, décédé en 1994, onze ans après avoir lancé la griffe qui porte son nom, n’était pas le dernier à ironiser sur les petits et grands snobismes de la fashion. On se souvient, entre autres, de son manteau brodé d’un « waste of money », moquant les prix exorbitants de certaines collections, ou de sa robe « nounours » en cover de Vogue Etats-Unis.
S’il a fait un sacré buzz – en quelques jours à peine, les sweat-shirts et sacs à dos étaient en rupture de stock -, le show orchestré par Scott n’a pas pour autant été au goût de tout le monde. Ainsi, une ex-employée de McDonald’s s’indignait-elle, sur le site du Daily Mail, que l’on puisse payer « 1 000 dollars pour des vêtements inspirés des uniformes de gens qui gagnent le salaire minimum », précisant encore que ce genre de job « n’a rien à voir avec la mode ». Reste que si, une fois n’est pas coutume, le luxe ne se prend pas trop au sérieux, on aurait tort de ne pas s’en resservir une rasade. En temps de crise, personne ne devrait cracher sur les alternatives à cette soupe à la grimace, au menu depuis trop longtemps. Et si les accessoires dégagent cet hiver de délicieux effluves de régression, on en redemande et on consomme, ne fut ce qu’avec les yeux, sans culpabilité.
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