Delphine Kindermans
Valentin, au secours !
Près de quatre personnes sur dix vivraient seules. Un record d’autant plus surprenant que les barrières sociales n’ont jamais été aussi ténues ni les possibilités de rencontres aussi fortes, notamment grâce aux réseaux sociaux et autres sites ad hoc. Mais paradoxalement, ceux-ci – et plus encore leurs pubs pugnaces – renforceraient l’idée que le conjoint idéal nous attend forcément quelque part.
D’où les exigences extrêmes développées par ceux qui cherchent l’âme soeur, sous-tendent Sylvain Mimoun et Rica Etienne dans Côté coeur, côté sexe – l’abc du bonheur à deux, paru chez Albin Michel. Or, pour romantiques qu’elles soient, ces revendications ne résistent pas à l’épreuve du quotidien…
Par ailleurs, les avantages de la vie conjugale sont peut-être moins évidents que par le passé. Les femmes ayant largement conquis leur indépendance financière, les temps où le mariage s’imposait à elles comme unique planche de salut sont bel et bien révolus. Pour celles qui souhaitent faire carrière, le couple et la vie de famille sont d’ailleurs souvent relégués au second plan – les statistiques montrent que plus une jeune fille est diplômée, plus elle risque de rester seule. Du côté des hommes, éduqués de manière moins machiste, on sait aujourd’hui se préparer à manger, passer l’aspirateur ou trier le blanc et les couleurs. Dommage collatéral de l’égalité des sexes, alors, le célibat ?
Certainement pas ; se faire épouser pour son habileté à manier le fer à repasser tient de l’injure, n’en déplaise à Costanza Miriano. Dans un brûlot rétrograde, la journaliste italienne, mère de quatre enfants et fervente catholique, prêche en faveur de « l’obéissance loyale » et de la « soumission à son mari ». Elle conseille aussi au sexe dit faible de reconnaître son infériorité, la nier étant « une source garantie de souffrance ». Et balance des aphorismes débiles, du genre « nous, les femmes, aimons l’humiliation parce que c’est dans l’intérêt de tous ». Vlan, un siècle de combat féministe balayé d’un coup de torchon !
On notera au passage que ce Càsate y sé sumisa (Marie-toi et sois soumise), déjà écoulé à plus de 100 000 exemplaires dans la péninsule Ibérique, y est édité par le très controversé archevêque de Grenade, Francisco Javier Martinez Fernandez, tristement célèbre pour ses propos au vitriol sur les gays ou le droit à l’avortement. En matière d’amour, décidément, le seul à avoir voix au chapitre devrait être saint-Valentin…
Delphine Kindermans
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