Afrique: 4 escapades incontournables
Ce n’est pas le genre d’escapade qu’on a la chance de répéter dans sa vie. Mieux vaut donc choisir judicieusement sa destination. En voici quatre – grandioses – qui ont chacune leurs spécificités. Et qui, voisines, peuvent facilement être combinées à condition d’avoir un peu de temps.
LA NAMIBIE, UN OCÉAN DE DUNES
On se croirait au Sahara. On est pourtant en pleine Afrique noire. La Namibie, posée sur l’Afrique du Sud et bordée par l’Atlantique, offre les paysages les plus contrastés du continent. Et le plus souvent vides de population, puisque c’en est aussi le pays le moins habité. Les déserts couvrent plus de la moitié du territoire. Celui du Kalahari à l’est, partagé avec le Botswana, assez plat, rocailleux et peuplé d’une faune endémique – dont les fameux lions du Kalahari -, celui du Namib à l’ouest, tout simplement époustouflant.
C’est une véritable mer de sable qui longe l’océan sur plus de 1 000 kilomètres pour se jetter littéralement dans les flots bleus, en un saisissant contraste de couleurs vives. Au sud, la région de Sossusvlei aligne certaines des plus hautes dunes du monde, culminant avec Big Daddy à plus de 300 m. Celles-ci affichent une étonnante teinte rougeâtre, due à leur forte concentration en fer. Entre elles, d’anciennes oasis asséchées cachent des forêts d’arbres morts dans de spectrales Vallées de la Mort – Deathvlei, en afrikaans. Il n’est pourtant pas rare d’y croiser de la vie. Celle d’un zèbre, d’un koudou ou d’un oryx dressant fièrement ses deux cornes parallèles…
Plus au nord, après l’étonnante petite station balnéaire de Swakopmund, ses colonies d’otaries et de flamants roses, s’étend la légendaire, aride et sauvage Skeleton Coast, avec ses éléphants adaptés au désert. Mais si l’on veut trouver des animaux à profusion, il faut rejoindre les terres plus arrosées, proches des frontières de l’Angola et de la Zambie, où serpente notamment la rivière Chobe. L’immense parc national d’Etosha est l’une des plus grandes réserves du monde et offre d’incroyables paysages lunaires autour de son lac de sel (pan) de plus de 100 km de long, sec une partie de l’année.
Le nord-ouest est aussi la région la plus peuplée (hors la capitale Windhoek), notamment par les légendaires Himbas, qui ont conservé bon nombre de leurs traditions ancestrales et fuient la civilisation. Tout comme les San, ces » hommes du bush » (Bushmen) semi-nomades, qui vivent toujours en symbiose avec la nature hostile.
A ne pas manquer : le survol du désert du Namib en petit avion de tourisme ou en montgolfière. Le couple belge Eric et Nancy Hesemans le propose depuis vingt ans à Sossusvlei avec sa compagnie Namib Sky Balloons Safaris. www.namibsky.com
LA ZAMBIE, COMME AU TEMPS DES EXPLORATEURS
Puisqu’elle partage les chutes Victoria avec le Zimbabwe, il faut souligner que c’est depuis la Zambie qu’il est possible de survoler ces chutes insondables en ULM, au départ de Livingstone. Mais cette destination safari parmi les moins connues de la région offre bien d’autres surprises. Celle qui fut le terrain de jeu des grands explorateurs reste peut-être la plus sauvage et authentique, la plus difficile d’accès, aussi, notamment lorsque, à certaines saisons, d’immenses territoires sont inondés et qu’on peut à peine y circuler. Pas mal d’hébergements ne résistent d’ailleurs pas à la violence des éléments durant la période des pluies et sont reconstruits chaque année, ce qui donne à l’aventure un parfum d’exclusivité supplémentaire. Cela dit, ce pays difficile dispose des guides locaux les mieux formés d’Afrique australe, grâce à un diplôme d’Etat de très haut niveau.
La Zambie, c’est une Afrique intacte, la tradition des grands safaris à pied, les rivières que l’on franchit à gué, des réserves comme celles de South et North Luangwa qui figurent parmi les plus beaux spots du continent, des paysages époustouflants, de nombreuses espèces animales et végétales endémiques, et une population hospitalière composée de plus de soixante ethnies différentes. Sans oublier la magie du Zambèze, sur lequel on peut naviguer en amont des chutes pour y croiser une faune extrêmement variée, notamment sur les îlots qui parsèment le fleuve.
La transhumance aussi est de la partie. A l’ouest du pays, le parc national de Liuwa Plains accueille chaque année, au début de la saison des pluies, une grande migration des gnous venus d’Angola qui n’a rien à envier à celle entre la Tanzanie et le Kenya. Cette magnifique région mélange en outre une multitude d’écosystèmes. Mais c’est une aventure qui se mérite, loin, très loin des sentiers battus.
A ne pas manquer : c’est l’un des rares pays où l’on peut pratiquer la randonnée à dos d’éléphant, y compris pour approcher d’autres animaux en safari. Grimper sur ces mastodontes nettement plus massifs que leurs cousins d’Asie, c’est une expérience insolite où l’adrénaline est garantie. Et qui n’a rien d’un cirque.
LE ZIMBABWE, AU-DELÀ DES CHUTES VICTORIA
Ce fut longtemps un trou noir du fait des exactions du dictateur Mugabe, mais heureusement pour les populations locales, même s’il sévit toujours à la tête du pays, la situation s’est stabilisée et le tourisme a repris. Tant mieux, car c’est l’une des plus fascinantes destinations safari de toute l’Afrique. Hormis son détestable régime politique, le Zimbabwe cumule tous les atouts. Beauté des paysages, diversité des biotopes, merveilles géologiques, facilité d’accès, abondance de la faune et variété des modes de trajets, qui peuvent aussi bien s’effectuer en 4×4 qu’à pied, à cheval, en pirogue ou en bateau à fond plat. Sans parler de la voie des airs, ULM et hélico compris.
A l’extrême nord-ouest du pays, au confluent des frontières avec la Zambie, la Namibie et le Botswana, une gigantesque faille géologique large de près de 2 km avale les flots tumultueux du Zambèze pour former les chutes Victoria, la cascade la plus spectaculaire d’Afrique. Elles valent le détour à elles seules, mais plusieurs parcs nationaux abritent une faune abondante dans les environs, et le fleuve se prête à de nombreuses activités nautiques pour les amateurs d’aventure, notamment dans les rapides situés en aval.
Au nord, à la frontière avec la Zambie, le lac Kariba accueille les amateurs de bateau et ses rives inondées – c’est un immense lac artificiel régulé par un barrage – se parcourent en barque pour approcher les animaux au plus près. L’endroit idéal pour partir à pied à la rencontre des troupeaux d’éléphants ou de buffles, accompagné de rangers armés » juste par précaution « . Mais même en cas de rencontre avec un fauve, ils sont rarement amenés à tirer. Voire jamais. Les 10 parcs nationaux du pays – Hwange, Mana Pools, Matusadona… – ont chacun leurs spécificités mais la plupart abritent, parfois à profusion, les incontournables Big Five, ces cinq grands mammifères qui constituaient le Graal des chasseurs d’autrefois. Mention spéciale pour le chaos rocheux du parc Matobo, classé au patrimoine de l’Unesco, tout comme les ruines de Great Zimbabwe, l’ancienne capitale d’un royaume très puissant… au xive siècle, non loin de Bulawayo.
A ne pas manquer : l’immersion dans le Matabele auprès d’une famille ndébélé, ce peuple minoritaire chassé d’Afrique du Sud il y a 200 ans et proche des Zoulous. Même si on ne comprend pas la langue, son gazouillis à clic est un enchantement.
LE BOTSWANA, AU COEUR DE L’OKAVANGO
C’est le seul fleuve au monde qui ne se jette dans aucun océan mais qui se noie dans un désert, celui du Kalahari, côté Botswana. L’Okavango forme un immense delta intérieur qui abrite l’une des biodiversités les plus riches du continent africain. Un sanctuaire unique où il reste possible de communier avec la nature et les (rares) populations qui y vivent. C’est une destination d’autant plus prisée (mais chère) que le tourisme y est contingenté. Et qu’on peut, là aussi, se promener de toutes les façons possibles sans rencontrer âme qui vive pendant des jours. Humaine, s’entend. C’est la destination nature par excellence.
Et quelle nature. Zones désertiques au sud avec le Kalahari et les grands » pans » salés, plaine inondée au nord-ouest avec le delta, forêt-galerie autour de la rivière Chobe, savane touffue au milieu… La faune y est abondante et variée, les infrastructures de très grande qualité, voire de luxe, même s’il ne faut pas hésiter à camper quelques jours pour que la communion soit totale. Le Botswana n’offre cependant pas des paysages aussi grandioses que ses voisins, car il manque singulièrement de reliefs, sauf dans sa partie nord, au pays des Bushmen. La nature est belle mais la végétation dense et le regard ne porte jamais très loin. A moins de prendre de la hauteur.
A ne pas manquer : l’exploration du delta de l’Okavango en mokoro, cette pirogue traditionnelle naviguant à fleur d’eau et dirigée à la perche par un pilote debout à l’arrière de l’esquif. Le silence est d’or, la nature souveraine, la déconnexion totale. On débarque sur les nombreux îlots inhabités où règnent une faune abondante et une flore luxuriante. Pour s’y promener ou, mieux, y bivouaquer pour observer la voie lactée en écoutant les bruits de la jungle. Magique.
En pratique
Se renseigner
S’il est possible d’effectuer certains safaris par ses propres moyens, c’est une organisation qui demande une expérience sérieuse et une très bonne connaissance du terrain. L’agence Quinoa Travel connaît particulièrement bien la région : son fondateur, Bruno Van den Bossche, a travaillé pendant dix ans comme réceptif au Cap pour des voyagistes belges, et elle possède des antennes en Zambie, au Botswana et au Zimbabwe. Le spécialiste des voyages sur mesure hors du commun dans la région.
Tél. : 0473 90 07 08. www.quinoa.travel
Y aller
ParaGrâce à sa liaison quatre fois par semaine au départ de Bruxelles via Doha, Qatar Airways est l’une des compagnies qui couvre le mieux l’Afrique australe à des tarifs très compétitifs. La compagnie dessert directement Windhoek, en Namibie, ainsi que les principales villes d’Afrique du Sud (Johannesburg, Durban et Le Cap) d’où il est facile de rallier les différentes destinations évoquées ci-dessus. Exemple de tarif : Bruxelles/Windhoek (2 fréquences hebdomadaires) pour 750 euros en classe éco.
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