Avoriaz: Sous la neige, le bois
Parmi les blancs colosses des Alpes franco-suisses, étincelle le fameux cèdre d’Avoriaz, qui donne à cette station iconique son apparence si chaleureuse. Petit tour d’horizon d’un éco-eldorado dont l’éternel succès n’a rien de contreplaqué.
Retour en arrière, au coeur de l’hiver dernier. Plein d’allant, notre cocher nous lance un vigoureux « vous allez où? », avant d’effectuer un virage à 180° avec son traîneau, et de nous emmener au petit trot vers un centre d’Avoriaz recouvert d’une épaisse couche de neige. Dans la station française, l’homme est une légende vivante, véhiculant les touristes et les montagnards depuis belle lurette. Comme il n’a rien d’urgent de prévu, il nous offre une visite guidée improvisée à coups de détours sur la glace. « C’est la manière la plus romantique de découvrir Avoriaz, clame-t-il. Et cela vous permettra de mieux comprendre l’évolution des cinq quartiers qui datent tous d’époques différentes, les plus haut perchés étant les plus récents. » C’est ainsi que nous nous retrouvons soudainement face à l’Hôtel des Dromonts, le plus ancien bâtiment de la station de ski, qui a ouvert ses portes vers la Noël 1966 et demeure à ce jour le coeur historique d’Avoriaz. « Un chef-d’oeuvre avant- gardiste et le symbole des lieux par excellence. Regardez bien sa forme, inspirée des montagnes qui l’entourent… »
Pionnier écologique
Le voyage en traîneau peut sembler inhabituel, mais il n’a rien d’exceptionnel. Exceptés les skis ou les snowboards, c’est le seul moyen de transport disponible du village. Ici, les voitures sont bannies depuis toujours. Une particularité que l’on doit à Jean Vuarnet, champion olympique de ski en 1960, qui rêvait de construire une station ultramoderne et futuriste où les quatre-roues motorisés ne viendraient pas plomber l’ambiance tranquille. De préférence vers 1 800 mètres d’altitude, où la neige est parfaite. Pour créer ce village d’un genre nouveau, le visionnaire s’est entouré d’un jeune promoteur immobilier convaincu par la pertinence de son idée (Gérard Brémond) et d’un architecte tout aussi enjoué (Jacques Labro).
Après six ans d’efforts, le rêve devenait réalité sous le nom d’Avoriaz, véritable fable architecturale perchée sur un étourdissant rocher, sans la moindre ligne droite et entièrement boisée. Un eldorado écolo des sports d’hiver, avec des hôtels et immeubles en forme de vaisseau spatial… ou de pomme de pin célébrant la création organique dans toute sa splendeur.
« Avoriaz était déjà révolutionnaire dans les années 60 et cela n’a pas vraiment changé, commente Aurélie Berthollier, photographe et collaboratrice de l’Office de tourisme. Dès ses débuts, l’endroit a été un pionnier du développement durable, à une époque où l’écologie n’en était encore qu’à ses balbutiements. Le soleil, par exemple, a toujours été ici une importante source d’énergie naturelle. Tous les espaces de vie ont été orientés vers le sud, tandis que les chambres et les couloirs donnent sur le nord. Ainsi, en 2012, nous avons décroché le titre de station de ski la plus innovante au monde dans le domaine du développement durable. Et encore aujourd’hui, Avoriaz continue à plancher sur des nouvelles stratégies vertes…«
Une architecture vivante
Un village sans voitures, cela peut sembler évident de nos jours. Mais dans les années 60, quand l’automobile était au sommet de sa gloire, c’était un choix très audacieux, qui nécessitait une vraie vision. L’architecture, elle, a exigé des trésors de créativité. Jacques Labro voulait se distancier du chalet néo-rustique classique omniprésent dans les villages voisins, mais il n’aimait pas trop les formes géométriques épurées qui s’imposaient de plus en plus dans les villes. Avoriaz est donc devenu un exemple d’architecture vivante, dans l’esprit de Frank Lloyd Wright ou d’Alvar Aalto, avec pour fil conducteur l’harmonie avec la nature.
Chacun de ses bâtiments arbore des volumes uniques, tout en lignes libres et angles inattendus, qui se fondent littéralement dans l’environnement et dont les toits en pente descendant jusqu’au sol comme des montagnes permettent au paysage enneigé de se prolonger jusque dans l’architecture. « Remarquez aussi le bois. Toutes les façades sont recouvertes de tuiles de cèdre non vernies, qui se décolorent au fil des années en fonction de leur orientation. Au sud et au nord, elles déploient une palette de gris, tandis qu’à l’est ou à l’ouest, elles affichent une teinte brun-rouge qui évoque celle de l’écorce des arbres ou des rochers des environs. Bien sûr, les nouveaux bâtiments doivent aussi se plier à ces critères. »
Féerique et rustique
Bien sûr, le label architectural « Grande réalisation du patrimoine du XXe siècle » dont jouit Avoriaz fait la fierté de ses habitants. Les passionnés de glisse, eux, s’intéressent sutout à la qualité de ses pistes… et là aussi, tout roule. La station se trouve en effet au coeur des fameuses Portes du Soleil, l’un des plus grands domaines skiables au monde avec 650 kilomètres de pistes pour tous niveaux. Il compte douze villages de sports d’hiver, dont Avoriaz, Morzine et Les Gets sont les plus réputés du côté français, ou Champéry du côté suisse. Chaque station attire une clientèle différente: Les Gets ont une réputation plus familiale, les amateurs de nature apprécient plutôt les villages helvétiques, les fous de vitesse et de la « troisième mi-temps » se dirigent vers Avoriaz, et ceux qui recherchent une atmosphère conviviale dans un cadre féerique plantent leurs bâtons à Morzine.
« Avoriaz est la seule station créée de toutes pièces pour les touristes. Les autres sont des villages de montagne authentiques et donc plus traditionnels – des endroits charmants et rustiques, mais aux antipodes d’Avoriaz en termes de style et d’atmosphère. » Dans un domaine aussi vaste, choisir, c’est toujours un peu renoncer… et pour aider les visiteurs à profiter au maximum de leurs nombreuses pistes, les Portes du Soleil organisent chaque année un concept de voyage skis aux pieds ou « ski safari » qui ne cesse de gagner en popularité. Le principe est aussi simple qu’épatant: le visiteur passe chaque nuit dans un village différent, ce qui lui permet d’explorer chaque jour un nouveau décor. Les bagages? Ils sont automatiquement transférés par les hôteliers participants. Vous faites quoi l’hiver prochain, déjà?
En pratique
Se renseigner
Les stations du domaine des Portes du Soleil n’ouvrent pas toutes à la même date. A Avoriaz, Les Gets et Morzine, vous serez ainsi les bienvenus un peu plus tôt qu’ailleurs. Plus d’infos: portesdusoleil.com
Y aller
En voiture, le domaine des Portes du Soleil se trouve à environ 800 km de Bruxelles. Compter 8 à 9 heures de trajet.
En avion, Brussels Airlines propose des vols jusqu’à Genève. Il faut ensuite environ une heure pour rallier Avoriaz en taxibus ou en voiture de location.
Ski safari
Ce voyage » skis aux pieds » est le moyen idéal de découvrir Avoriaz et le reste du domaine des Portes du Soleil. Le pass est valable pour l’ensemble des lieux. Adultes: 59 euros/jour ou 295 euros/6 jours.
Se loger
L’Amara. Un très joli complexe d’appartements signé Pierre & Vacances et qui, situé en lisière de forêt, a décroché en 2016 l’écolabel Clef Verte. Piscine intérieure et espace bien-être.
pierreetvacances.com
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