Balade à Mérida, capitale culturelle du Yucatán, rétro et animée

Chichén Itzá © UNSPLASH / FILIP GIELDA

La capitale culturelle de la péninsule du Yucatán épate par son décor vintage, ses somptueuses haciendas et ses cantinas animées. De passage dans la région? Voici un petit programme de deux jours afin d’apprivoiser cette cité coloniale où les Mexicains eux-mêmes adorent s’offrir une parenthèse.

Durant la pandémie, le Mexique n’a imposé ses mesures sanitaires qu’avec parcimonie, choisissant de ne pas fermer ses frontières et de ne pas réclamer de test négatif à ses visiteurs. De quoi faire littéralement exploser le tourisme dans la région. Une aubaine pour la péninsule du Yucatán, dans le sud-est, qui jouissait déjà d’une scintillante réputation grâce à ses plages caribéennes, ses temples mayas, sa délicieuse cuisine régionale et ses innombrables cénotes – ces grottes calcaires naturelles remplies d’eau douce où piquer une tête dans un décor idyllique. Néanmoins, les piliers comme Cancún, Tulum et Playa del Carmen ont fini par atteindre leur point de saturation, ou presque. Aussi, désormais, les Mexicains eux-mêmes ont tendance à aller rechercher un peu de quiétude à l’intérieur des terres. La perle coloniale de Mérida figure clairement parmi leurs chouchous car elle n’attire pas encore trop les foules. Mais attention: le guide Lonely Planet l’a mise dans sa liste des villes à découvrir «absolument» (personne ne vous en voudra si vous n’y allez pas) en 2022. Il ne faut donc plus trop traîner pour s’en aller apprécier son authenticité, son ambiance cosmopolite et… ses tacos meilleurs que partout ailleurs.

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Une hacienda, symbole de l’opulence d’antan

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Une hacienda, symbole de l’opulence d’antan

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Une hacienda, symbole de l’opulence d’antan

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Une hacienda, symbole de l’opulence d’antan

Mérida est l’un des grands épicentres de l’histoire du Mexique, proche de nombreux temples mayas – dont le célébrissime Chichén Itzá. C’est aussi le point de chute idéal pour découvrir des haciendas abandonnées, ces grands domaines exploités au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Ceux-ci servaient à la culture du sisal (ou henequén), une plante de la famille des agaves dont les fibres servaient autrefois à confectionner des cordages pour les bateaux. Lorsque le synthétique s’est imposé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sonnant le glas d’un marché d’exportation très lucratif, Mérida a simplement choisi de changer de cap pour mettre en valeur des atouts culturels qu’elle cachait en son sein depuis sa fondation en 1542. Aujourd’hui, il ne se passe pas une soirée sans qu’un concert gratuit, une représentation théâtrale ou un spectacle de danse ne s’organise sur l’une de ses nombreuses places. Et puis, il y a tout le reste…

Plants de sisal
Plants de sisal © ARKASHA KEYSERS

Jour 1

9 heures: TECHNIQUE ITALIENNE, GRAINS MEXICAINS

Pour démarrer la journée, rien de mieux que l’or noir de la région. Au bar à café Manifesto, dans le centre, deux frères originaires de Calabre appliquent leurs techniques de torréfaction italiennes au café mexicain. Le résultat? Un nectar digne des dieux servi dans un cadre décoré avec goût. Si l’envie vous titille de tester une alternative fraîche et originale à votre espresso ou cappuccino, essayez donc le Nixta Brew, une infusion froide à base de grains de café et de maïs.

10 heures: TACOS DU MATIN

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les taquerías mexicaines traditionnelles ferment souvent déjà leurs portes en début d’après-midi. Ici, les tacos se consomment en effet de préférence… au petit-déjeuner. Au mercado de Santiago, faites un détour par la tortillería Modelo pour voir comment sont préparées les tortillas, avant d’oublier bien vite vos habitudes belges pour aller prendre le premier repas de la journée à la taquería La Lupita. Commandez-y une agua de chaya con piña (jus d’épinard maya et d’ananas) et laissez-vous tenter par des spécialités de la maison comme le cochinita pibil (porc fumé effiloché au jus d’agrumes) ou le lechón (cochon de lait), à déguster sur des tacos ou dans un tortas (petit pain). Le patron, ici, est toujours ravi de voir des végétariens faire une entorse à leurs principes…

La Lupita
La Lupita © ARKASHA KEYSERS

11h30: PLAZA ICONIQUE

Une fois rassasié(e)s, prenez le temps d’aller flâner sur l’imparable Plaza Grande, présentée dans tous les guides de voyage comme l’une des plus belles du pays. Lorsque les conquistadores espagnols ont fondé Mérida après avoir soumis la cité maya de T’Hó, en 1542, ils ont détruit le temple local et réutilisé une partie de ses pierres pour ériger sur le même site l’impressionnante Catedral de San Ildefonso. Construit entre 1561 et 1598, l’édifice est le plus ancien du genre sur le continent américain. A son pied, un parc aux larges avenues bordées de buis taillés et de lauriers offre une ombre bienvenue aux nombreux seniors qui viennent passer le temps sur ses tú y yo (causeuses), ces bancs en forme de S permettant des papotes en face à face.

Cathédrale de San Ildefonso
Cathédrale de San Ildefonso © ARKASHA KEYSERS

12h30: INTÉRIEUR PASTEL

A un petit quart d’heure de marche vers le nord-est, le restaurant Te extraño, extraño arbore un décor Art déco mexicain en tons pastel d’inspiration scandinave. Le menu local, composé par les célèbres chefs Joaquín Cardoso et Sofía Cortina, propose des classiques européens et américains revisités à la sauce mexicaine. Les fusilli, en particulier, sont un pur délice.

Te extraño, extraño
Te extraño, extraño © ARKASHA KEYSERS

14 heures: UN AIR DE CHAMPS-ÉLYSÉES

Après son ère d’opulence en raison de la généralisation des cordes synthétiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Mérida s’est transformée en ville peuplée de palais extravagants noircis par le smog. Le Palacio Cantón se distingue de la masse par son état d’entretien irréprochable. Installé sur le Paseo de Montejo, une large avenue pensée par les urbanistes du XIXe siècle dans l’esprit des Champs-Elysées, le bâtiment abrite un musée archéologique dont les expositions temporaires se visitent pour une bouchée de pain. Plutôt branché création contemporaine? De l’autre côté de la rue, se dresse l’élégante Casa T’HŌ, un concept store de design local, idéal pour dégotter des parfums à base d’épices nord-américaines de Xinú, des vêtements, des bijoux ou des accessoires déco confectionnés à la main en matériaux naturels de la griffe Caralarga.

15 heures: L’ART DU SORBET

Pour goûter à la culture locale sans se ruiner, sur la même avenue, direction la Dulcería y Sorbetería Colón, une adresse fondée en 1907 dont les sorbets et les champolas (milk-shakes) sont toujours préparés à base d’ingrédients naturels dans le respect des recettes originales. Il reste de la place dans votre jauge de sucre? Sur le chemin du retour, arrêtez-vous à l’une des échoppes de marquesitas pour une crêpe à l’Edam et… au Nutella. Idée saugrenue, mais résultat délicieux.

19 heures: TRADITIONS MUSICALES

Quand le soleil se couche derrière les maisons pastel, résonnent les sons d’un concert gratuit ou d’un spectacle de danse. Un big band au Parque de Santa Lucía, un ballet sur la scène du Teatro Peón… Le programme du jour se trouve sur le site yucatantoday.com/eventos. Un petit creux? Les restaurants ont beau être nombreux autour de ces places animées, mieux vaut réserver. Suggestion parmi d’autres: La Tratto, qui sert d’excellentes pâtes fraîches dans la plus pure tradition… italienne, histoire de changer un peu des tacos.

JOUR 2

9 heures: PETIT-DEJ’ SEVENTIES

Avec sa fresque à l’effigie d’un groupe de rock uruguayen, la Cafeteria Pop évoque les cantines américaines des seventies. Pour le petit-déjeuner, commandez les huevos motuleños (toasts aux œufs nappés de sauce tomate au fromage sur un lit de bananes plantains), une bombe calorique 100% authentique. A combiner avec une salade de fruits et un petit noir à prix modique.

10h30: GLOIRE D’ANTAN

En voiture de location, partez à la découverte des nombreuses haciendas des environs. Certains domaines ont conservé des traces de leur glorieux passé, comme la magnifique hacienda Yaxcopoil, qui arbore ses impressionnantes machines à cordages. Si les piscines sont vides, maisons et jardins restent méticuleusement entretenus. Les Mexicains viennent d’ailleurs y festoyer ou s’y marier. Un peu plus loin, l’hacienda Temozon abrite un hôtel du groupe Marriott qui a notamment accueilli Bill Clinton et George W. Bush. On y sert un lunch aussi peu cher que savoureux. Poursuivez encore votre route vers l’hacienda Sotuta de Peón, la seule du Yucatán à être restée active dans la production de cordes. La visite guidée s’impose. Ensuite, on y flâne tranquillement, en n’oubliant surtout pas d’aller saluer le paon et les chevaux qui, eux aussi, profitent du généreux soleil mexicain…

L’hacienda Yaxcopoil
L’hacienda Yaxcopoil © GETTY IMAGES
Marriott Hotel
Marriott Hotel © ARKASHA KEYSERS

17 heures: PAUSE VINTAGE

De retour à Mérida, on pousse la porte du showroom de Casa Mo, une adresse spécialisée dans les meubles modernistes dont le propriétaire Alfredo Monterola Medina, en quête d’une ville à taille humaine offrant la même qualité de vie que la capitale, a choisi il y a trois ans de quitter Mexico City pour Mérida. Il propose dans sa boutique de splendides pièces vintage de créateurs mexicains des années 50 et 60. Préparez-vous à en prendre plein la vue, mais aussi, en cas de coup de cœur, à négocier la possibilité de faire expédier l’objet de vos désirs en Europe.

19 heures: SALSA ET TEQUILA

Les amateurs de musique trouveront forcément leur bonheur à La Negrita, célébrissime cantina dont les portes «saloon» voient passer tous les soirs un public de Meridanos et de touristes venus déguster une margarita ou un verre de mezcal dans une ambiance endiablée. Essayez d’arriver tôt et de trouver une table dans la cour intérieure, car le spectacle des Mexicains qui dansent la salsa constitue en lui-même une expérience inoubliable. La carte, par contre, est plutôt décevante: mieux vaut chercher ailleurs de quoi se sustenter – La Chaya Maya, un peu plus loin, propose par exemple des plats nettement plus authentiques.

Arkasha Keysers

En pratique
– Se renseigner
Pour d’autres activités incontournables: voyagemexique.info/merida-mexique/

– Y aller
TuiFly propose des vols directs vers Cancún depuis Bruxelles, dès 450 euros A/R. Ensuite, Mérida se trouve à 3h30 de route. Une voiture de location permet d’explorer la péninsule à son rythme, en s’arrêtant dans les villages, cénotes ou temples mayas. Alternative: la compagnie de bus locale ADO, qui dessert bien la région. Bien sûr, pour une liberté totale, il reste le vélo… ou le scooter!

– Se loger
A côté des grandes chaînes, Mérida dispose d’un certain nombre de boutiques-hôtels, souvent installés dans des bâtiments coloniaux. Exemple: le DECU, avec ses chambres au style minimaliste et ses éléments naturels de toute beauté. La Casa Garza, elle, garantit une ambiance paisible à prix démocratique dans un intérieur colonial authentique… mais à réserver bien à l’avance.

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