Une entrecôte servie sur un plateau d’argent noyé de sauce. Une montagne de beurre fouetté aux herbes dans lequel tremper des nuages de brioche. Un magret de canard posé de manière affriolante sur un millefeuille croustillant de pommes de terre… Si Le Nesle est désormais la brasserie parisienne de référence pour la génération connectée, ce n’est pas un hasard, mais bien un mélange méticuleux de gourmandise et de photogénie.
Car pour qu’une adresse ait du succès en 2025, les deux doivent forcément aller de pair: si c’est juste joli, on y vient une fois pour le ‘gram puis on n’y mange plus jamais, tandis que si c’est bon mais pas (super) beau, le lieu a tendance à rester confidentiel, voire pire, carrément délaissé. Un destin funeste qui semble bien loin de celui de la Brasserie Le Nesle, une table parisienne qui ne désemplit pas grâce à une maîtrise spectaculaire des goûts de l’époque.
Comprendre: avec des assiettes qui jouent sur la nostalgie, tant dans les recettes que ne renierait pas Mamy que dans le rapport totalement décomplexé au beurre, sucre et autres plaisirs aujourd’hui, si pas défendus, du moins franchement désapprouvés pour cause d’effets délétères sur la santé. Et un contraste assumé entre une approche « vieille France » et un dressage bien dans son temps, pensé autant pour ravir les gourmets à qui on les sert que ceux qui salivent derrière leurs écrans.
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Voici comment on voit son audacieux plateau de sauce à la crème aux champignons sur laquelle reposent 3 moitiés de sandwich adoubé « meilleur burger de Paris », tandis que la brioche et son spectaculaire accompagnement de beurre à volonté a aujourd’hui droit à tellement de posts qu’on a presque l’impression d’y avoir goûté à force.
Eloge de la gourmandise
Idéalement situé à quelques pas seulement du Pont Neuf et de l’Île de la Cité, Le Nesle aurait pu se contenter de servir une approximation médiocre des classiques de la gastronomie française et les touristes s’y seraient tout de même pressés, ravis d’enchaîner baguette beurrée et steak frites « so authentiques ». Mais pourquoi faire bof quand on peut faire saliver ?
Banquettes en velours, sol patiné par les années, mais aussi façade fleurie et enseigne au néon: les rageux diront que ce qu’on sert ici c’est du Paris façon Emily, série aussi suivie que critiquée pour son enchaînement de clichés sur une Ville lumière qui en finirait presque par passer pour un parc d’attractions kitsch. S’il peut être difficile de nier un certain goût du buzz, surtout face à l’énorme part de gâteau Matilda, directement inspiré de celui bâfré par Bruce Bouffetout dans le film, on revient toutefois à la recette du succès 2.0 susmentionnée: il faut que ce soit beau et bon.
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Dont acte, donc. Les coquillettes au jambon et à la truffe façon Le Nesle? « Une pépite » selon la plateforme en ligne Sorties Paris, tandis que le gâteau au chocolat hommage au personnage de Roald Dahl, lui, a récolté près de 300.000 likes sur une seule vidéo TikTok. Sur Tripadvisor, les commentateurs louent également le « personnel souriant et très accueillant », le saumon « parfaitement cuit » ou encore « la meilleure soupe à l’oignon jamais mangée ».
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Irrésistible de simplicité, le steak frites servi accompagné d’un godet de sauce à l’échalote sur une assiette en porcelaine joliment rétro nous fait lui aussi saliver. Et à 21 euros la portion, on pourrait presque affirmer que c’est délicieusement bon marché, surtout au vu du quartier et de l’engouement suscité par l’adresse.
Reste juste à y dégoter une table, et vu l’hystérie collective provoquée par le lancement de son tout nouveau dessert, un cheesecake basque nappé de sauce et garni de noisettes caramélisée, il faudra potentiellement s’armer de patience avant de pouvoir s’attabler dans cette brasserie parisienne décidément bien dans son temps.
Brasserie Le Nesle, 22 rue Dauphine, 75006 Paris. brasserielenesle.fr
