Direction Leyde, charmante petite ville des Pays-Bas au charme serein

Leyde
Se rafraîchir en terrasse ou en bateau... Oh la belle vie. © SDP / Goos van der Veen/Hollandse Hoogte
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Difficile de résister aux charmes fous de cette petite cité de Hollande méridionale. A l’écoute de son temps – elle est la Capitale européenne de la Science 2022 – et de son passé – traversé par Rembrandt mais aussi par les… Wallons –, elle a tout d’une grande. L’humilité et la sérénité en plus.

On comprend pourquoi les Amstellodamois adorent revenir à Leyde en fin de journée pour retrouver la paisible maison qu’ils y ont payée (un brin) moins cher qu’à Amsterdam. Parce que l’atmosphère est un peu la même, avec ces maisons élégantes aux vitrages découpés en petits carreaux, ces canaux traversant la ville de part en part sur quelque 28 kilomètres de voies navigables, et ces innombrables ponts – 88 pour être précis – qui les enjambent. Et puis cette décontraction presque insolente qui règne à chaque recoin, rythmant les pas des étudiants de l’université ou les coups de pédale des travailleurs de l’aube ou du soir. A bien y regarder, il y a même des coffee shops ici ou là, tels des bouts d’évidences chargés de ne pas décevoir les visiteurs.

Mais celle que l’on surnomme parfois «la petite Amsterdam» – ne le dites pas trop fort, la comparaison n’est pas très appréciée ici – n’a rien à envier à sa cousine vivant à moins de 50 km. Au contraire: il faut peu de temps pour qu’on décèle en elle un caractère qui lui est propre, pour ne pas dire irrésistible. Dès qu’on gare notre voiture dans les sous-sols du Lammermarkt, on est séduit: on est là dans le parking le plus profond des Pays-Bas, bâti en forme cylindrique sur sept étages et doté d’un éclairage intelligent. S’entendre prononcer les mots «sympa, ce parking» est la preuve que les ingénieurs ont fait mouche. Et que Leyde n’a, a priori, pas volé son titre de Capitale européenne de la Science 2022.

L’université, très réputée, dicte le rythme de la ville. Ici, son jardin botanique où fut un jour introduite... la tulipe!
L’université, très réputée, dicte le rythme de la ville. Ici, son jardin botanique où fut un jour introduite… la tulipe! © SDP / Wim Sonius

L’art de la science

D’autres preuves s’avancent très vite sous nos yeux. Notamment dans le superbe Rijksmuseum Boerhaave qui, planqué dans une rue du centre-ville, raconte l’histoire de la médecine et de la science à travers un parcours scénique ultradynamique. Pour compléter la visite de ce «musée européen de l’année 2019» – rien que ça –, direction le Corpus, reconnaissable à son immense silhouette en pierre rouge qui abrite tous les secrets de l’anatomie humaine. Impossible, non plus, de ne pas citer l’incroyable Naturalis qui, lui, a décroché le titre de «musée européen de l’année 2021». Promis, on arrête de vous parler de récompenses, du moins quand vous aurez fini de déambuler dans cet antre des sciences naturelles au design… surnaturel et à la collection impressionnante de 42 millions de plantes, fossiles, pierres ou animaux.

Au cœur de l’immense Bio Science Park, se déploie le magnifique musée Naturalis.
Au cœur de l’immense Bio Science Park, se déploie le magnifique musée Naturalis. © SDP / scagliolabrakkee-Neutelings-Riedijk-Architects

Si Leyde est aussi active – et réputée – dans la sphère scientifique, c’est aussi parce qu’elle abrite l’université la plus ancienne de la nation néerlandaise, où furent formés pas moins de seize futurs prix Nobel, un philosophe nommé René Descartes, le père du droit international Hugo Grotius ou, dans un autre registre, le sulfureux cinéaste Paul Verhoeven. Une promenade s’impose parmi son riche jardin botanique où débarqua un jour la… tulipe qui, venue de Turquie, allait finir par devenir le symbole immuable des Pays-Bas. En tournant la tête, on aperçoit aussi un observatoire astronomique qui n’a rien d’anodin: il fut l’un des premiers du genre dans nos contrées avec celui du Vatican, et il est encore en activité. Quand on vous dit que Leyde est née sous une bonne étoile.

Bien sûr, l’université confère à la ville une atmosphère enjouée et vivante. A aucun moment, on a la sensation de flâner dans un lieu figé dans son illustre passé. Le long des canaux, sont posées des terrasses de restauration prises d’assaut au moindre rayon de soleil. Et comme il y en a pour tous les âges, on trouve aussi bien des cafés branchés que des enseignes aux cartes plus exigeantes (voir notre encadré pratique). Tout le monde, ici, se mélange avec la même conviction: à Leyde, on a la belle vie. Non seulement la ville appelle à la flânerie grâce à ses eaux paisibles et ses rues sans voiture, mais en plus, ses hôtes sont souriants et d’une sympathie débordante. La petitesse du centre doit y être pour quelque chose, se déployant dans un périmètre délimité à la fois par des remparts et des… moulins – ces clichés ailés qui, eux aussi, gâcheraient (un peu) le voyage s’ils n’étaient pas là.

Le musée Corpus, dédié à l’anatomie humaine.
Le musée Corpus, dédié à l’anatomie humaine. © SDP

Empreintes belges

Autre témoin d’un passé et d’un présent qui font bon ménage: les «courts» cachés derrière une trentaine de portes de la ville. Un petit flash-back s’impose pour comprendre la naissance de ces aires intérieures abritant des petits logements de 20 m2 autour d’un jardinet commun. Nous sommes au XVIIe siècle, en pleine période de persécutions religieuses et, donc, d’exils forcés. Pour certains, les choses se passent plutôt bien, notamment ceux qui réussissent à s’imposer dans l’industrie drapière, fleuron de l’économie de Leyde. La société, elle, n’a jamais été aussi divisée entre les pauvres et les riches. Mais parmi ces derniers, certains ont le cœur sur la main, créant ces «courts» partout dans la ville afin d’accueillir des familles sans le sou. Il faut aujourd’hui en pousser la porte (une carte qui les répertorie est disponible à l’Office de tourisme) pour apprécier leur charme délicieusement désuet… et leur nouvelle fonction: ce sont aujourd’hui les étudiants qui les louent pour 300 euros par mois.

Leyde
Oui, il y a des canaux et des moulins. Mais derrière les clichés, sommeillent des trésors insoupçonnés… © SDP / Kees Hummel

Plusieurs Belges, qui ont fait fortune ici, seront les acteurs de cette générosité. Ils laisseront d’ailleurs une sacrée empreinte: non seulement un quartier entier a été créé rien que pour eux, mais en plus, une église leur a été dédiée. Au numéro 64 de la Breestraat, se trouve ainsi l’Eglise Wallonne où, chaque dimanche, depuis des décennies et aujourd’hui encore, la messe résonne en français. Un petit pèlerinage s’y impose. Ensuite, la promenade peut se poursuivre de moult façons. On suggère l’excursion en bateau-mouche, qui permet de faire un tour entier de la ville tout en appréciant ses quais joliment arborés, les magnifiques hôtels particuliers longeant le canal Rapenburg ou les péniches habitables – très prisées par les locaux – qui rivalisent de styles pour rendre jaloux ceux qui rêvent d’en acquérir une. Les bons yeux apercevront aussi des poèmes géants ornant certaines façades: la ville en compte pas moins de 101 rédigés dans différentes langues. A Leyde, on aime autant les mots… que l’art, puisque c’est ici qu’est née la célèbre revue De Stijl par un beau matin de 1917.

Il va sans dire que l’embarcation n’échappe pas au passage par le pont Rembrandt, situé juste à côté de la réplique d’un moulin ayant appartenu au père du peintre. Véritable icône de Leyde, l’artiste néerlandais a poussé ses premiers cris ici il y a environ 415 années. Plusieurs lieux permettent de marcher sur ses traces, de la bibliothèque universitaire à l’école latine, en passant par son atelier ou le sympathique Young Rembrandt Studio racontant sa jeunesse à Leyde en «video mapping» durant 7 minutes chrono. Sa maison d’enfance? Il n’en reste qu’une plaque commémorative, car la ville a un jour choisi de la détruire pour cause d’insalubrité, au lieu d’en faire un musée. Mais n’en parlez surtout pas aux habitants: ils n’ont toujours pas avalé l’absurdité de cette étrange décision. Tant que vous y êtes, évitez aussi de leur demander où se trouve la sépulture du peintre baroque. Elle se trouve à 50 km de là, dans une grande ville dont on ne prononce pas le nom…

En pratique
Se renseigner
– Pour des infos précises et le programme détaillé des événements liés à «l’année scientifique»: visitleiden.nl
– Pour des infos plus larges (en français): holland.com/fr/

Y aller
En voiture, Leyde se trouve à environ 2h30 de Bruxelles.

Se loger
D’Oude Morsch. Situé au bord de l’eau et d’un petit parc, ce magnifique hôtel-boutique abrite 18 chambres aux styles différents et à l’atmosphère paisible. On est ici au cœur du quartier de Mors, l’un des plus agréables de la ville. Dès 146 euros la nuit.
boutiquehoteldeoudemorsch.nl
Golden Tulip. Classique, mais confortable. Et quatre étoiles méritées pour cet établissement dont on apprécie surtout le joli bar et le restaurant Rubens à la cuisine raffinée. A deux pas de la gare et à trois minutes à pied du centre. Dès 110 euros la nuit.
leiden-centre.goldentulip.com

Se restaurer
Grand Cafe Van Buuren. Que ce soit pour un lunch ou un dîner, on s’installe ici dans un lieu «newstalgic» dont la déco élégante n’a d’égale que la carte variée – sandwichs améliorés, salades copieuses, viandes et poissons assaisonnés avec soin.
grandcafevanbuuren.nl
Tabù. L’intérieur est superbe, tandis que l’extérieur offre une terrasse au bord de l’eau. La carte, elle, navigue entre nachos, ceviche, quesadillas ou tacos, pour une ambiance culinaire au plus proche du soleil.
tabu.nl
Freddy’s Gastrobar. Dans la partie «bar», on déguste les bières brassées sur place – on aperçoit les cuves derrière le comptoir. Côté «resto», on se partage des tapas à gogo, entre ribs, saumon, carpaccio, charcuteries ou fromages.
freddysgastrobar.nl

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