Les fiertés des Gaumais: tout ce qu’il ne faut pas rater dans ce coin de Belgique

La verte vallée de Laclaireau. © JEAN CLESSE
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Ils sont convaincus de vivre dans la plus belle région de Belgique, et ce serait aller un peu vite en besogne… que de leur donner tort. Découverte d’une terre où l’on se nourrit (principalement) de balades bucoliques et de bonne chère.

Fiers… d’être Gaumais

Ne leur dites surtout pas qu’ils sont ardennais, au risque de les fâcher tout rouge. Non, les Gaumais sont des Gaumais, honorables habitants d’une région luxembourgeoise située à la frontière franco-belge et où vivent un peu moins de 55.000 âmes. Un territoire qui possède sa propre identité culturelle, géographique et même… linguistique. Parce qu’attention: quand on a bu quelques bières, ici, on ne parle pas le wallon, mais bien le gaumais!

Fiers… de leurs paysages verdoyants

De douces collines à perte de vue, des prairies riches en biodiversité et des forêts où les chênes, les êtres et les charmes vivent encore paisiblement… Les décors gaumais sont naturellement très coquets, mais en plus de cela, ils bénéficient d’une protection (très) rapprochée de la part d’organismes comme le Parc Naturel de Gaume ou Natagora. Autant dire que les habitants du coin ne sont jamais à court d’idées quand on leur demande « et c’est quoi la plus jolie balade de la région? ». A nous, par exemple, ils ont sommé de rouler jusqu’à la rue Vieux-Laclaireau, à Ethe, point de départ idéal pour partir à la découverte de la vallée de Laclaireau. Celle-ci, traversée par un ruisseau qui la rend particulièrement agréable, emmène les jambes dans une jolie sapinière, une forêt de feuillus et les méandres d’une vallée où est puisée la célèbre eau de source de Valvert.

Détour obligatoire par la ferme biodynamique d’Hamawé, où l’on trouve choucroute crue, pâtes à l’épeautre ou légumes de saison (1a, Hamawé, à 6760 Ethe). Pour ceux qui aiment les points de vue, il faut également pousser une tête jusqu’au site de La Roche à l’Appel (départ au Pont des Roches, suivre le fléchage depuis le village de Muno), un site géologique où les blocs de pierre répondent aux conifères et où les sentiers de promenade sont nombreux, longeant notamment de calmes ruisseaux. Pour le plaisir des kids, le jeu « Luna et les Gardiens de la Forêt » se vit sur smartphone tout au long de l’escapade. Pour le bonheur des adultes, la ferme du Marronnier (23, Watrinsart, à 6820 Muno) régale de fromages au lait cru: entre la maquée, le gaumembert, le petit marron ou le goud’dingue, notre nez balance…

Le magnifique panorama offert par La Roche à l'Appel.
Le magnifique panorama offert par La Roche à l’Appel.© MEHDI DELPORTE

Fiers… de leur microclimat

Depuis la nuit des temps (ou presque), les climatologues tentent de comprendre pourquoi là-bas, en Gaume, la température est toujours un cran plus élevée que dans le reste du royaume. Une histoire de reliefs et de vents dominants. Mais surtout une bénédiction qui offre à la région une délicate atmosphère provençale. Conséquence? Sur les hauteurs de Torgny, le domaine viticole Le Poirier du Loup (13, chemin de la Montagne, à 6767 Rouvroy) bénéficie de raisins suffisamment ensoleillés que pour produire quelque cinq cépages en viticulture bio. Des plaisirs pétillants (crémant, ratafia blanc ou rosé…) qui se consomment ici sans modération, mais rien ne vous oblige à faire pareil. Envie d’en tester d’autres? Direction les vignobles des Fouchères et de l’Epinette.

Fiers… de leurs villages

Certains Gaumais vous diront que c’était quand même « mieux avant », leurs beaux villages étant aujourd’hui sans cesse élargis par les Luxembourgeois qui étendent leur territoire et font construire des maisons partout où ils peuvent. Heureusement, le charme reste intact en de nombreux endroits. Le hameau le plus méridional de Belgique s’appelle Torgny, et il est impératif de s’y promener pour découvrir ses façades fleuries et colorées, ses toits en tuiles romaines ou son vieux lavoir. On est là dans l’un des « plus beaux villages de Wallonie ». Tout comme on l’est à Chassepierre (où il n’y a pas seulement un célèbre festival des arts de la rue) qui, à 40 km de là, sommeille au bord de la Semois et dont le clocher domine un superbe petit puzzle de ruelles, un moulin ou même un Trou des Fées permettant d’arpenter une intrigante galerie sous-terraine creusée (par l’homme) dans la roche calcaire. Toujours le long de l’eau, Chiny (où il n’y a pas seulement un célèbre festival de contes) permet d’embarquer sur un kayak ou une barque afin de flotter vers des paysages enchanteurs. Les promeneurs, eux, partiront de là pour rejoindre le Rocher du Hat et son incroyable point de vue sur les méandres de la rivière belgo-française…

Chassepierre, classé sur la liste des plus beaux villages de Wallonie.
Chassepierre, classé sur la liste des plus beaux villages de Wallonie.© MAXIME ALEXANDRE

Fiers… de leurs sentiers cyclables

Si un Gaumais vous donne rendez-vous à Saint- Léger, faites-lui confiance: il veut juste vous prouver que chez lui, on peut être accro à la bonne chère sans pour autant négliger… le sport. Une fois sur place, vous n’avez plus qu’à enfourcher l’un des vélos « à assistance électrique » en location au syndicat d’initiative. Les engins, prévus pour les chemins plats comme pour les sentiers moins cléments, vous permettent notamment de gagner Montauban (départ à la rue de Montauban, à 6743 Buzenol), les ruines de son château, un splendide panorama sur les collines environnantes et un très audacieux Centre d’Art contemporain qui épate les mirettes aussi bien par ses espaces intérieurs que par ses curiosités extérieures – comme ses containers plantés au coeur de la forêt. Toujours à coups de pédales, on poursuit son effort jusqu’au lac de Conchibois (1, rue du Stade, à 6747 Saint-Léger) qui fait partie des plans d’eau naturels à l’eau la plus pure de Wallonie. On s’y baigne, on y fait du pédalo et on y mange une glace sur son grand ponton en bois. Le plus dur, c’est de repartir…

Fiers… de leur terroir

De tous les peuples de Belgique, les Gaumais ont particulièrement mal vécu la fermeture des bars et des restaurants – surtout que beaucoup d’entre eux sont convaincus que la Covid n’a jamais vraiment mis les pieds là-bas. Aujourd’hui, on frétille d’impatience afin de pouvoir à nouveau s’attabler Au coeur de la Gaume (51, rue du Dr Albert Hustin, à 6760 Virton), un resto « dans son jus » à la déco foutraque et aux habitués à l’accent chantant qui dégustent la touffaye (une potée au lard), le cabu (un plat à base de chou blanc) ou l’inévitable pâté gaumais.

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On rêve aussi de s’éterniser sur la terrasse du Chameleux (5, Chameleux, à 6820 Florenville), un lieu « qui ne paie pas de mine » mais où l’on sert l’une des meilleures soles meunières de la région. On est curieux, très curieux, de savoir ce que la cheffe du Lady Green (15, rue du Magenot, à 6740 Fratin), alias Annie Thiry, va concocter dans les semaines à venir, elle qui ne façonne ses plats qu’avec des produits de saison et (prioritairement) locaux. On aspire également à pouvoir à nouveau vagabonder tranquillement parmi les étals de la halle de Han (36, Han, à 6730 Tintigny – tous les vendredis), repaire de commerçants équitables permettant de faire le plein de viandes, de fromages ou de cochonnaille, puis de se retrouver à la cantine du marché et y bavarder comme au bon vieux temps en prenant l’apéro avant de rentrer cuisiner…

Le Musée Gaumais, à Virton.
Le Musée Gaumais, à Virton.© JOHANN BARROT

Fiers… de leurs classiques

Elle n’est pas bien vaste, la Gaume. A peine 754 km2, pour être précis. Aussi, même ses haltes les plus classiques méritent qu’on y passe ou qu’on s’y pose quelques heures. On pense à l’inévitable Florenville, au nord-ouest de la région, où l’on se rend à la fois pour admirer le magnifique belvédère (planqué derrière l’église), dévaliser le comptoir de l’artisan Les Chocolats d’Edouard, prendre une photo de la statue de Violette – héroïne de bande dessinée de l’auteur du cru Jean-Claude Servais -, puis remplir un sac de salaisons chez Blaise. Du côté de Virton, on ne boude pas son plaisir non plus: outre les bonnes tables de ses rues piétonnes au charme médiéval, on peut y visiter le Musée Gaumais qui n’épargne aucun détail sur l’histoire culturelle, humaine ou archéologique de la région.

Le Sentier des Songes, dans la vallée des Zigomars.
Le Sentier des Songes, dans la vallée des Zigomars.© MAXIME ALEXANDRE

Mention aussi pour deux adresses pleines de bonnes choses: le Comptoir d’Honoré (où tout est fait maison) et le tout nouveau Petit Barista don les cafés et les pâtisseries sont préparées uniquement avec des artisans de la région. A la sortie de la ville, c’est évidemment la nature qui (re)prend le relais, et plus particulièrement la vallée de Rabais. On s’y laisse volontiers appâter par les promesses du Sentier des Songes, qui longe pas moins de sept étangs et des oeuvres artistiques disséminées dans un décor forestier féerique. Tout au bout, le repaire des Zygomars propose de faire connaissance avec un breuvage baptisé… zygomar, pendant local du maitrank dans lequel le vin blanc est remplacé par du cidre. Et pour ceux qui se demandent si, ici, les promenades se finissent toujours par un verre, la réponse est oui.

Le Comptoir d'Honoré, à Virton, célèbre pour ses gourmandises faites maison.
Le Comptoir d’Honoré, à Virton, célèbre pour ses gourmandises faites maison.© SDP

Fiers… de leurs brasseries

Bien sûr, quand vous serez dans le coin, vous irez saluer les moines de l’abbaye d’Orval, vous déambulerez parmi les ruines le temps d’une sympathique visite et vous repartirez avec vos bouteilles d’Orval… non sans avoir dégusté une tartine au fromage à l’hostellerie, c’est un ordre! Ensuite, un peu de sérieux: vous entamerez la tournée des brasseries que les vrais Gaumais vous auront conseillées. Il y a de fortes chances pour que vous goûtiez les trésors de Gengoulf, de Sainte-Hélène, de la Clochette, de Millevertus, ou de la brasserie des Trévires.

L'abbaye d'Orval, qu'on ne présente plus.
L’abbaye d’Orval, qu’on ne présente plus.© MAXIME ALEXANDRE

Et vous apprécierez dignement l’indispensable Rulles, emblème local dont le village éponyme est également célèbre pour la superstar grammaticale qui y a vécu: Maurice Grevisse, grâce à qui les Gaumais ne se trompent plus jamais quand ils accordent le participe passé de la phrase « Les bières qu’ils ont bien houblonnées ». Bien sûr, il faut noter que le festival Brassigaume, depuis deux décennies, réunit chaque année toutes ces brasseries – et bien plus encore! – dans la joie, la bonne humeur et la dégustation jusqu’aux petites heures…

Belle initiative de la brasserie Rulles, qui a toujours avancé à contre-courant, que la création d’une toute nouvelle bière baptisée Rulles Impériale 21. Sa particularité : elle a été façonnée avec le contenu des fûts qui n’ont pas pu être écoulés en raison de l’interminable crise de l’horeca et l’annulation des événements festifs.

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Le brasseur Grégory Verhelst a ainsi sélectionné 160 fûts de bière blonde, brune, estivale et holy hop circus qui, à l’approche de leur date de péremption, ont été remis en cuve, puis rejoints par du sucre, des copeaux de bois et d’autres houblons frais de la région. Une nouvelle fermentation qui a permis de « limiter les dégâts ». Raison de plus pour se ruer sur cette Rulles pas comme les autres… et sur toutes celles que vous croiserez lors de votre escapade gaumaise.

En pratique

Idées de balades, logements, bonnes adresses, agenda des événements, etc: la Maison du tourisme de Gaume, 2b, rue des Grasses Oies, à 6760 Virton.

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