C’est quoi le « syndrome espagnol » et pourquoi les touristes sont ibères déçus

Le syndrome espagnol fait des déçus cet été - Getty Images
Le syndrome espagnol fait des déçus cet été - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Après le « syndrome de Paris », c’est du syndrome espagnol que souffrent certains touristes déçus, qui n’hésitent pas à détailler leurs griefs sur les réseaux sociaux – alors même que ces derniers sont en grande partie responsables de leur déception.

« C’est exactement comme dans les films ». Quel touriste lâché dans les rues de New York ne s’est pas dit avec liesse que, vue de près, la Grosse Pomme était exactement aussi alléchante qu’à l’écran? Dédales de rues bouillonnantes d’activité bordées de gratte-ciels vertigineux, cacophonie de klaxons de taxis jaunes, tranches de pizzas au pepperoni brillantes d’huile et locaux aux tenues monochromes qui battent le pavé d’un pas vif… Vraiment, comme dans les films.

Mais cela ne vaut pas pour toutes les destinations.

C’est ainsi qu’est né le « syndrome de Paris », définition de la déception de celles et ceux qui s’attendent à déambuler dans la ville d’Emily ou d’Amélie et qui sont confrontés à une toute autre réalité sur place. Les croissants? Ils ne sont pas tous exquis, et parfois, même, ils coûtent (très) cher. Les pimpantes petites terrasses aux tables recouvertes de nappes à carreaux? On n’en trouve pas à tous les coins de rue, et même pas dans tous les quartiers non plus. Quant aux charmants Parisiens à l’accent si sexy et au goût assumé pour les rayures bretonnes et les bérets? Si la rigueur journalistique nous le permettait, c’est ici qu’on s’autoriserait un petit « lol » bien senti.

Syndrome espagnol, la faute à qui?

Et l’Espagne, dans tout ça? Cet été, les réseaux sociaux bruissent de publications indicatives de l’existence d’une nouvelle variante ibère du clash entre attentes et réalité qui attend certains touristes à Paris. Les symptômes du syndrome espagnol? Un choc culturel qui peut se caractériser par la frustration de devoir s’adapter aux horaires décalés des commerces (la siesta c’est sacré) ou des repas, l’agacement d’avoir toujours bien l’un ou l’autre nuage de fumée de cigarette à éviter, la réalisation que les métropoles ibères sont parfois âpres, pas toujours propres, et souvent bien éloignées des clichés idylliques postés sur les réseaux… Le tout, dans un contexte de tensions grandissantes entre les touristes et les locaux, ces derniers n’hésitant pas à manifester leur ras-le-bol à coups de pancartes plus ou moins agressives, rassemblements revendicateurs, et même, dans les cas les plus graves, invectives lancées à la tête de voyageurs pour le moins désemparés.

« J’avais une vision tellement idéalisée de mon voyage en Espagne, mon tout premier voyage en solo, à la poursuite de cette esthétique méditerranéenne idyllique, cet été magique parfait où je me serais perdue dans un nouveau pays pour mieux me retrouver et dont je serais revenue changée. Mais en quittant l’Espagne, je me suis sentie soulagée, et cela m’a rendue triste » confie une voyageuse anonyme sur Reddit. Une autre note quant à elle que la gastronomie espagnole, « principalement composée de variantes autour du pain et des pommes de terre », l’a déçue, tandis que d’autres touristes se plaignent de l’attitude des locaux ou, sans la moindre ironie… De la présence d’autres touristes.

« Ce qui est probablement le plus décevant – et cela vaut pour n’importe quel pays, en particulier pour les touristes internationaux peu expérimentés – c’est de découvrir que ce ne sont pas les coutumes locales qui doivent s’adapter à vous, mais bien l’inverse » note un Américain installé dans le pays depuis 6 ans en réponse à la question « Qu’est-ce qui vous a le plus déçu en Espagne? » sur le forum Quora. Et on ajoutera que malgré leur omniprésence, les réseaux sociaux ne sont pas plus la vraie vie que le contenu qui y est posté n’est un reflet fidèle de la réalité.

Peu importe combien d’heures vous avez compulsivement scrollé toutes les photos et vidéos prises dans votre destination, une fois sur place, cela ne ressemblera jamais tout à fait à ce que vous avez vu sur Instagram. Et c’est bien là tout le plaisir du voyage.

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