Cinq choses à redécouvrir sur Notre-Dame de Paris
A un an de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, ravagée par un incendie le 15 avril 2019, voici cinq choses à redécouvrir sur ce monument national.
Entrepôt de vin
A la Révolution française, la cathédrale devient propriété de l’Etat qui n’hésite pas à s’en servir. Un « Te Deum » y est entonné le 25 septembre 1792 pour célébrer l’avènement de la République.
Avec l’abolition du culte catholique en 1793, Notre-Dame devient un « temple de la Raison » avec son autel dédié à la déesse Raison. Les statues des rois et des saints de la façade sont décapitées. Des cultes laïques y sont célébrés.
Robespierre fait voter en 1794 l’existence d’un « Etre suprême » dont le culte se passe des édifices religieux. Les fêtes sont célébrées dehors. Décatie, la cathédrale devient un dépôt de vin pour l’armée.
Sauvée par un roman
Lorsque le roman « Notre-Dame de Paris » paraît en 1831, l’opinion réalise la décrépitude du joyau gothique. Révolution, pillages, incendies…. le vaisseau de pierre n’est plus que l’ombre de lui-même. Les autorités songent à abattre le bâtiment en ruines.
« (…) si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant des dégradations, des mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument (…) », écrit Victor Hugo.
Sous sa plume, une émotion collective naît pour cette église personnifiée en une femme avec un corps de chaire et de pierre.
Le succès du livre est à l’origine de la création en 1834 du service des monuments historiques qui nommera Eugène Viollet-le-Duc comme architecte chargé de sa rénovation. Le chantier durera plus de 20 ans et confèrera à la cathédrale l’aspect qu’on lui connaissait avant le drame de 2019.
Des chimères pas si médiévales
Si les gargouilles qui ornent les gouttières de Notre-Dame datent du Moyen-Age, les chimères, elles, ont été ajoutées par Viollet-le-Duc.
Singe, homme sauvage, dragon, pélican… Ces créatures fantastiques inspirées des caricatures d’Honoré Daumier observent Paris de leur oeil mauvais depuis la balustrade supérieure. L’une d’elle, le Stryge, sorte de vampire ailé, cornu et tirant la langue, figure parmi les symboles de la ville.
Ces chimères sont aussi le reflet du regain d’intérêt pour le Moyen-Age. Le pays est pleine révolution industrielle mais l’architecte reprend des techniques de construction médiévales et crée de nouveaux éléments comme ces chimères et la flèche qui a disparu dans l’incendie du 15 avril 2019.
La flèche deux fois conquise
Constituée de 500 tonnes de bois, recouverte de 250 tonnes de plomb et culminant à 96 mètres de haut, la flèche de Notre-Dame est un défi architectural. Mais aussi un sommet par deux fois conquis.
Le 19 janvier 1969, des militants communistes suisses hissent un drapeau nord-vietnamien à son sommet et en sabotent l’accès. L’image est publiée dans le New York Times et Life Magazine. Il faut un pompier hélitreuillé pour parvenir à l’enlever. Les activistes ont révélé leur forfait 54 ans après dans un livre, « Le Vietcong au sommet de Notre-Dame ».
Même scénario le 3 octobre 1972: lors d’un rassemblement de soutien aux militants du Front de libération de la Bretagne, des autonomistes parviennent à accrocher un drapeau au même endroit, nécessitant à nouveau l’envoi d’un hélicoptère pour le décrocher.
2.000 chênes
Après de longs débats, le gouvernement s’est engagé à reconstruire à l’identique la charpente médiévale de Notre-Dame, surnommée la forêt.
En février 2023, le dernier des quelque 2.000 chênes nécessaires au chantier est abattu dans l’Orne (nord-ouest de la France).
Identifiés parfois par drone, les troncs ont été coupés, mis à sécher 12 à 19 mois puis transportés vers les charpentiers qui suivent les plans de Viollet-le-Duc.