Notre guide pour un citytrip réussi à Aix-la-Chapelle - DR Unsplash
Notre guide pour un citytrip réussi à Aix-la-Chapelle - DR Unsplash

48h à Aix-la-Chapelle: notre guide pour un citytrip riche en culture et gourmandise

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Si le nom d’Aix-la-Chapelle vous évoque uniquement Charlemagne, c’est que vous n’avez jamais pris le temps d’en arpenter chaque recoin… mais notre petit guide est là pour vous remettre sur le droit chemin!

Sous ses airs de destination phare des voyages en autocar, la cité thermale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est bien plus branchée qu’elle n’y paraît. Et Aix-la-Chapelle se prête d’autant mieux à un saut de puce qu’elle se trouve juste de l’autre côté de la frontière.

Votre curiosité est dûment piquée et vous disposez justement de 48 heures pour visiter Aachen – comme on l’appelle là-bas ? Los geht’s !

JOUR 1 — 11 h

Afin de s’immerger de la plus délicieuse des manières dans la coolitude insoupçonnée de la cité la plus occidentale d’Allemagne, on démarre l’itinéraire par un brunch chez Way of Ink. Nichée à l’ombre du théâtre, sur lequel sa terrasse bénéficie d’une vue imprenable, cette adresse hybride de coffee shop branché et de studio de tatouage ne déparerait pas dans les faubourgs berlinois les plus hype.

Quelle que soit l’heure, on y savoure l’une ou l’autre préparation aussi photogénique que goûtue, des généreuses planches à l’heure du petit-déjeuner (majoritairement salées, coutume germanique oblige), aux bowls colorés parfaits pour se rassasier à midi, en passant par les grignotages pensés pour accompagner la carte des cocktails. Sans oublier le pêché des becs sucrés: les tours de pancakes nappées de sirop d’érable et de chocolat servies à volonté chaque vendredi.

Brunch à la californienne chez Way of Ink.
Brunch à la californienne chez Way of Ink. © sdp

On l’aura compris, ici, pas la moindre choucroute ni saucisse, mais une dose bienvenue de modernité. Et si l’envie de jeter l’encre venait à vous prendre entre le plat et le dessert, sachez que le studio de tatouage attenant, Fineline, s’enorgueillit de proposer un des tracés les plus fins de l’Euregio, ses motifs extrêmement délicats laissant comme des murmures sur la peau. En voilà une entrée en matière à mille lieues de l’image plan-plan qu’on se fait trop souvent de cette ville. Et les surprises ne font que commencer, car Aachen n’est pas que le QG des amateurs de printen (on y reviendra), c’est aussi un hub design insoupçonné.

— 14 h

Après tout, n’est-ce pas ici que Ludwig Mies van der Rohe a vu le jour? Entré à la postérité sous son nom de famille, l’architecte a beau avoir obtenu la nationalité américaine et réalisé la plupart de ses constructions emblématiques au pays de l’Oncle Sam, sa ville natale n’a pas manqué de lui rendre hommage en lui dédiant un musée tout entier. Qui mérite qu’on s’y attarde, tant pour en apprendre plus sur le créateur des mythiques assises Barcelona que pour admirer son architecture aux lignes brutes.

Le Ludwig Forum est incontournable pour les fans d’art.
Le Ludwig Forum est incontournable pour les fans d’art. © sdp

Plutôt art qu’archi? Ne manquez sous aucun prétexte le Ludwig Forum, du nom de Peter et Irene Ludwig, mécènes et collectionneurs réputés à qui les habitants du cru doivent notamment la présentation des jeunes fers de lance américains du mouvement Pop Art dans les années 60. Un coup d’éclat qui a servi de coup d’envoi à des années de promotion de la création contemporaine, l’impressionnante collection du couple étant désormais rassemblée dans le centre d’art qui porte son nom. Entre workshops où apprendre à répliquer les techniques d’artistes tels que Roy Lichtenstein, collection permanente mêlant Jeff Koons, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, et café lumineux dans lequel débriefer sa visite et échanger sur ses œuvres préférées autour de l’une ou l’autre douceur sucrée, l’endroit invite à y étirer des heures entières. Mais gare à ne pas venir à manquer d’appétit, car en Allemagne, on mange tôt, et il serait regrettable pas de ne pas profiter pleinement des adresses favorites des locaux.

Ponttor Aachen,

— 18 h

Lesquels se pressent en terrasse du Café Egmont peu importe la saison. D’abord parce que celle-ci est protégée d’un auvent (et chauffée quand la température extérieure l’exige) et qu’on y découvre une liste de cocktails longue comme le bras, mais aussi et surtout parce que cet abreuvoir à l’intérieur orné de mosaïques colorées a un partenariat avec son voisin, AKL. Soit une enseigne libanaise de poche, devant laquelle on pourrait presque passer sans s’arrêter si les files de gourmands qui attendant sagement leur commande à toute heure ne donnaient pas envie de goûter par soi-même si l’enseigne en vaut la peine.

Chez AKL, le goût est toujours au rendez-vous.
Chez AKL, le goût est toujours au rendez-vous. © kathleen wuyard

Point de suspense intenable: la réponse est un «oui» retentissant, et si la carte ne manque pas de propositions alléchantes, on recommande chaudement le Maschawi Grill Teller, assortiment de grillades juteuses, salade croquante et sauces dépaysantes, dont une mousse à l’ail immaculée qui touche au sublime. Quitte à avoir les yeux un peu plus gros que le ventre (et à reprendre les restes du repas pour s’en improviser un pique-nique), mention spéciale aussi pour le Herzaftes Saatar-Brot, pain chaud et moelleux garni de fromage fondu, d’herbes fraîches et d’une généreuse ration d’ail. Attention: si AKL accepte les paiements par carte, le Café Egmont, lui, ne prend que le cash. Le distributeur le plus proche étant à quelques centaines de mètres, mieux vaut prévoir le coup.

— 21 h

Envie de prolonger la soirée? Le Grotesque, un bar à absinthe à l’ambiance victorienne feutrée, invite à refaire le monde dans l’un de ses fauteuils en velours, tandis que The Wingman, caché dans une paisible cour intérieure, se spécialise plutôt dans les craft beers et autres cocktails inventifs. Juste à côté, DRY marie décoration léchée et carte soignée pour le plus grand plaisir des Millennials branchés. Si votre idée d’une activité postprandiale ressemble plutôt à une balade digestive, le centre-ville, majoritairement piétonnier et relativement déserté après l’heure du dîner, se prête à merveille à errer sur les pavés… et faire déjà un peu de repérage en prévision du circuit du lendemain.

Le centre piéton invite à la flânerie.
Le centre piéton invite à la flânerie. © getty images

JOUR 2 — 10 h

Si Aix-la-Chapelle est loin de se limiter à sa cathédrale, ses reliques et autres souvenirs de l’époque où elle régnait en maître sur l’Empire carolingien et ses sujets, il ne s’agirait pas de les bouder au profit des attraits plus récents de la perle sous-estimée de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Avantage: on l’aura découvert la veille (ou à la lecture de cet article), le centre est fait d’un réseau de voies réservées aux piétons, lesquelles relient la plupart des «incontournables». En l’occurrence, à admirer sous peine de le regretter: la cathédrale, donc, et son Trésor, l’un des plus importants d’Europe, qui rassemble notamment un buste de Charlemagne datant du XIVe siècle, ainsi que la croix de Lothaire ou le sarcophage de Proserpine.

Fait de marbre et de bronze, le trône de Charlemagne est également exposé dans la cathédrale, les plaques de pierre qui le constituent venant, selon la légende, du palais où Pilate a condamné à mort un certain Jésus. Avec sa façade ouvragée mêlant éléments gothiques et baroques et sa tour imposante rescapée du palais impérial de Charlemagne, l’Hôtel de Ville mérite aussi une visite, tout comme la Ponttor, l’une des deux portes médiévales restantes de l’enceinte historique de la cité, ainsi que l’Elisenbrunnen, ancienne buvette dont la rotonde et les colonnes ornées de volutes sont devenues aussi emblématiques de la ville que ses thermes. Mais n’(y) allons pas trop vite.

Le Dôme, relique de la riche histoire de la ville.
Le Dôme, relique de la riche histoire de la ville. © getty images

— 12 h 30

C’est qu’explorer, ça creuse, et après avoir rendu hommage au riche patrimoine de la région, rien de tel que de s’attabler devant l’une ou l’autre spécialité du cru. Pour rester dans le thème, on se dirige vers Am Knipp, la plus ancienne table de la ville, qui régale les gourmets venus d’ici et d’ailleurs depuis… 1698, excusez du peu. Reprise en 1927 par Franz et Margarethe Ramrath, la brasserie est toujours tenue par des membres de leur famille. Qui y proposent une cuisine semblable à celle qu’on pourrait déguster chez Oma et Opa, des copieux schnitzel aux tranches de rosbif froid accompagnées de rémoulade, chaque plat étant agrémenté d’une généreuse portion de pommes de terre, parce que certains clichés sont on ne peut plus vrais, et nos cousins germains ont une appréciation enthousiaste pour les Kartoffeln. En accompagnement du repas, si vous parvenez à résister à l’appel d’une großes Bier, goûtez donc un Weinschorle, rafraîchissement typiquement teuton consistant à mélanger vin blanc et eau pétillante.

— 14 h

Pour vous remettre de vos émotions gustatives (et vous refaire une santé digestive), rien de tel qu’une visite aux Carolus Thermen, qui continuent l’histoire millénaire de cette ville thermale en exploitant les bienfaits des sources minérales sulfureuses à proximité. Petit moment de chauvinisme: c’est sous l’égide d’un médecin belge, François Blondel, qu’Aix-la-Chapelle est devenue dès le XVIIe siècle l’un des principaux centres thermaux du Vieux Continent. Derrière la façade imposante de ce fleuron de la ville, on découvre un bain thermal, ça va sans dire, mais aussi un sauna, un hammam et une jolie carte de massages – le pétrissage à la mousse chaude garantit de faire disparaître toute tension accumulée de l’autre côté de la frontière.

Les Carolus Thermen, entre piscine et cure thermale.
Les Carolus Thermen, entre piscine et cure thermale. © sdp

— 15 h 30

Puisqu’il serait presque triste de quitter les lieux sans souvenir, on ne résiste pas à l’appel des printen, spécialité culinaire aixoise d’appellation d’origine contrôlée, qui rappelle le pain d’épices, la consistance plus ferme et le goût légèrement plus anisé en prime. Présente à chaque coin de rue, la chaîne Nobis n’a pas usurpé son succès et ses variantes autour des fruits confits ou des printens agrémentés de poivre rose et de chocolat sont exquises.

Tout habitué de la ville (ou du moins, l’autrice de cet article) vous le dira, par contre: pour les véritables amateurs, rien de tel que les confections de chez Drouven, qui réussissent le pari d’être à la fois denses et aériennes, et dont le mélange d’épices est légèrement plus raffiné que celui de ses concurrents. Mot d’avertissement, tout de même: leurs printens au confit d’agrumes et au chocolat noir ne sont rien de moins qu’addictifs. Même si, quand on sait qu’à l’origine, ces pains d’épices étaient vendus en pharmacie, où on leur prêtait des vertus médicinales, cela ne peut pas faire de mal…

Impensable de partir sans printens.
Impensable de partir sans printens. © sdp

— 16 h 30

Encore un peu de design «pour la route»? Petit tour chez Mathes, onéreux temple du bon goût judicieusement établi à quelques pas seulement de chez Drouven, et où le meilleur du design allemand et international s’étale sur plusieurs étages. Grands noms et jeunes créateurs se côtoient dans des espaces aménagés avec une assurance dont on aimerait bénéficier, mais que l’on peut toutefois répliquer chez soi, l’enseigne proposant des services d’aménagement d’intérieur et acceptant également des missions en Belgique. A défaut d’avoir le budget pour s’offrir une table Knoll ou une chaise Eames sur un coup de tête, on y déniche une jolie sélection d’objets déco à prix (plus) accessibles. Et si on a l’un ou l’autre enfant à gâter, on pousse la balade jusqu’à Villa Kunterbunt, un peu plus loin dans la rue, dont la sélection ahurissante de peluches va du tamanoir à l’ornithorynque en passant par l’oryctérope. Quand on vous dit qu’Aix-la-Chapelle est pleine de surprises…

EN PRATIQUE

Pour plus d’infos? aachen-tourismus.de/fr/

Pour s’y rendre? Aix-la-Chapelle se trouve à environ 1 h 30 en voiture de Bruxelles. En train, comptez 1 h 10 depuis la capitale.

Pour se loger?

· INNSide. Avec ses chambres confortables et sa terrasse avec vue imprenable sur la ville, cet hôtel offre un point de chute idéal… et des brezeln à volonté au petit-déjeuner. Dès 101 euros la nuit. melia.com

· Motel One. Abordable et idéalement située, voilà typiquement le genre d’enseigne qui mérite l’étiquette de «valeur sûre». Et stylée, avec ça. Dès 109 euros la nuit. motel-one.com

Bon à savoir

· Bien qu’il soit tentant de caler ces 48 heures sur un week-end, sachez qu’en Allemagne, le dimanche est (vraiment) sacré et que nombre d’enseignes risquent d’être fermées. Mieux vaut donc prévoir le coup lors de la planification, ou adapter votre planning sur place en fonction.

· Classé parmi les plus beaux Ravel d’Europe, le circuit qui relie la ville à Chaudfontaine invite à la gagner en vélo. Ou du moins, à faire le pari de la mobilité douce, la gare étant très proche du centre.

· Comme partout dans le pays, le cash est votre meilleur ami, et certaines boutiques n’acceptent pas les cartes, ou alors juste les EC-Karten, indisponibles en Belgique.

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