Le 13e, l’arrondissement de Paris qui monte: visite guidée et bonnes adresses
Hétéroclite à plus d’un titre, le XIIIe arrondissement se profile comme le nouveau centre de la capitale française. Au milieu de pagodes chinoises, de street art et de restos urbains underground, des gratte-ciel flambant neufs s’élèvent et offrent une vue inédite sur la Ville lumière.
Au sommet de la tour
Ils surplombent tout et tout le monde et sont littéralement le point culminant du quartier: les Tours Duo, deux gratte-ciel érigés côte à côte qui s’inclinent l’un vers l’autre. Leurs façades étincelantes ont été dotées de terrasses sur lesquelles poussent des plantes, des arbres et des buissons, faisant de l’architecture un spectacle.
Conçus par le célèbre architecte français Jean Nouvel, ils abritent des bureaux, ainsi que l’hôtel TOO, un incontournable dans lequel on bénéficie d’une vue panoramique sur la ville jusqu’à la tour Eiffel. Du spa avec Jacuzzi extérieur, on peut même observer, avec un peu de chance, le soleil se lever sur la Seine. L’intérieur, lui, est signé Philippe Starck. Dans les chambres, des murs miroirs dessinent l’horizon parisien.
Le soir, le soleil s’enfonce sous la skyline, suscitant l’acclamation parmi les hôtes du restaurant TOO et du bar TacTac, aux 25e et 27e étages. Rien de moins que le Sacré-Cœur, Notre-Dame et le Panthéon s’offrent à la vue de tous. Un panorama qui n’existe nulle part ailleurs à Paris.
Les non-clients de l’hôtel peuvent prendre un petit-déjeuner dès 14 euros (continental) ou se faire plaisir avec l’impressionnant buffet à 29 euros. Le bar et le restaurant servent des plats à partager à partir de 6 euros. Aux manettes de TOO, on retrouve Laurent Taïeb, qui a également ouvert l’établissement parisien Madame Rêve. Le fait qu’il ait choisi le XIIIe arrondissement pour ce projet-ci en dit long sur le potentiel du quartier, qu’il qualifie d’ailleurs lui-même de nouveau centre de Paris.
TOO Hotel, 51, rue Bruneseau, chambre double dès 233 euros la nuit, toohotel.com
L’amour un peu partout
Le XIIIe est très contrasté, entre d’une part, un quartier flambant neuf à l’architecture bling-bling semblable à celle de downtown New York, et d’autre part, des tags définissant l’ADN de chaque coin de rue. Tout près de l’hôtel TOO se niche Le Lavo/Matik, une galerie librairie qui propose des œuvres de street artists et un large éventail de livres sur le graffiti. Sur le trottoir devant l’entrée, des pochoirs roses proposent un joli slogan: Je t’aime un peu partout.
20, boulevard du Général d’Armée Jean Simon, @lavomatic_paris
Le bonheur en seconde main
Au coin de la rue se dresse Emmaüs Campüs, une nouvelle boutique de seconde main qui met l’accent sur les vêtements et les chaussures, mais on y trouve aussi des livres ou des ustensiles de cuisine, des jeux, de la décoration et de la vaisselle. Si tout le monde y est le bienvenu, l’adresse propose toutefois des réductions spéciales aux jeunes et aux étudiants de moins de 30 ans. L’enseigne collabore régulièrement avec des créateurs spécialisés dans l’upcycling, comme l’Atelier Regain.
46, allée Paris-Ivry.
Entre art et mode
Outre sa boutique, le label de mode Agnès b. possède aussi dans le XIIIe arrondissement la galerie librairie La Fab, dont l’intérieur est sobre et sophistiqué, à l’image des vêtements. La fondatrice, Agnès Troublé (lire par ailleurs), est une amatrice de street art ; pour l’anecdote, les lieux se trouvent sur la place Jean-Michel Basquiat, du nom de l’artiste américain dont elle détient plusieurs œuvres. La librairie est l’un de ces endroits où l’on peut facilement perdre une heure sans s’en rendre compte, et l’enseigne de mode ne vend que des tee-shirts créés en collaboration avec des artistes.
Mécène et collectionneuse d’art, la styliste française compte plus de cinq mille œuvres dans sa collection privée. Elle est sa propre curatrice à La Fab et organise elle-même les expositions. La boutique et la galerie occupent un nouveau bâtiment construit par SOA Architectes, dont l’architecture à carreaux blancs rappelle des morceaux de sucre empilés les uns sur les autres. Dans ce quartier, les nouvelles constructions de starchitectes s’enchaînent. Un nouveau Paris jeune, comme le dit Agnès b.
Place Jean-Michel Basquiat, la-fab.com et agnesb.eu
Architour
Ici, les amateurs d’architecture en prennent plein les yeux, à commencer par la Bibliothèque nationale de France, une œuvre du Français Dominique Perrault, avec son jardin-forêt au cœur de l’ensemble, visible depuis les salles de lecture et qui se découvre à l’occasion de visites guidées.
Non loin de là, en face de l’hôtel TOO, la célèbre Tour de la Biodiversité mérite elle aussi le coup d’œil. Son concepteur, Edouard François, est connu pour son «architecture végétale». Il a ainsi construit un immeuble résidentiel doté de plantes sur chaque façade, qui poussent à partir de tubes en acier inoxydable entourant les balcons et se déplacent avec la nature, de sorte que ce bâtiment oscille toujours un peu au gré du vent. Last but not least, le siège du journal français Le Monde, signé par le cabinet norvégien Snøhetta, impressionne avec sa façade en verre pixelisé ressemblant à l’écran d’un Tetris auquel il manquerait quelques blocs.
Quai François Mauriac (bibliothèque), 8-12, avenue de France (Tour de la Biodiversité) et 69, avenue Pierre Mendès-France (Le Monde).
Pizza e pasta
Pour satisfaire sa faim, on pousse jusqu’à La Felicità, un food market installé dans une ancienne gare. Si les halles alimentaires représentent parfois des pièges à touristes, celle-ci est vraiment animée par des habitants, dans un décor et une atmosphère tout ce qu’il y a de plus instagrammable. Différents coins de restauration servent des pizzas bio, des grillades ou encore des pâtes italiennes. Dans le Biergarten, on s’assied sous un ciel de plus de dix mille lumières. Les lieux appartiennent au groupe Big Mamma, une chaîne de restaurants italiens branchés de la capitale.
5, parvis Alan Turing, lafelicita.fr
The cool kid
Dans le coin, The Office, une table d’hôtes installée dans un ancien entrepôt frigorifique, est sur toutes les lèvres. Le site a été transformé en Les Frigos de Paris, où l’on trouve principalement des ateliers d’artistes. On déambule entre des bâtiments industriels pleins de tags, on prend le monte-charge et on se retrouve soudain dans une salle à manger ouverte et lumineuse, au mobilier scandinave. Emilie Suzanne, la gérante, est une enfant du quartier: elle a grandi ici, parmi les graffitis, et a rénové le studio de photographie de son père pour en faire un restaurant. Les photos en noir et blanc de ce dernier sont accrochées aux murs et sur la table trônent les produits des Alterconsos, la coopérative de sa mère qui achète les ingrédients directement aux producteurs.
Instagram @theofficelatable
Féminin pluriel
Emilie Suzanne n’est pas la première femme à ouvrir un restaurant qui fait parler de lui. Avant elle, il y a eu Alessandra Montagne, Franco-Brésilienne qui tient aujourd’hui deux restaurants dans le XIIIe arrondissement: Nosso et Tempero. Dans le premier, elle s’enorgueillit d’une philosophie (vraiment) zéro déchet et le second est une épicerie doublée d’une cave à vins et d’un bistrot. Dans chaque établissement, elle mélange la cuisine française avec une touche brésilienne et beaucoup de joie de vivre.
Instagram @nosso.paris et @tempero.paris
Pagodes et lampions
A un quart d’heure de marche, on découvre un tout autre quartier: Chinatown, où les pagodes bordent les rues et des lanternes sont suspendues. L’essentiel de l’ambiance asiatique se déniche entre les avenues d’Ivry et de Choisy, le boulevard Masséna et le quartier des Olympiades. On déguste une pinte chinoise à la terrasse du Pho 14, restaurant légendaire s’il en est, dont la façade est ornée de lettres néon et dont le plat culte est le «pho», un bouillon très épicé de nouilles et de viande de bœuf.
129, avenue de Choisy, pho14paris.fr
Cité en fleurs
On quitte Chinatown et c’est un autre monde qui nous tend les bras, un micro-quartier de cinq rues et une petite place nommé la Cité Florale. Toutes les maisons de ce coin résidentiel possèdent un jardin fleuri ou des façades ornées de plantes grimpantes. Les trottoirs sont remplis de pots de fleurs, des géraniums sont accrochés aux balcons et les artères ont été baptisées rue des Orchidées ou des Iris. Un petit bout de ville verte dont on peut espérer que nos métropoles s’inspireront à l’avenir.
Petit Berlin
On termine la visite par un apéritif à La Bretelle, un «joyeux bouiboui plein air» comme l’adresse se définit elle-même, située sous le périphérique. L’ambiance ici est très berlinoise. D’un côté, des murs de graffitis sous la voie rapide, de l’autre, des immeubles de bureaux flambant neufs. Pendant la journée, elle fait office de cantine avec possibilités de déjeuner ; le soir, La Bretelle devient un bar, avec ou sans musique live. Une chose est sûre: on est ici loin de la terrasse parisienne typique.
9, rue Jean-Baptiste Berlier, @labretelle.paris
Lire aussi: Notre guide complet de Paris, pour un citytrip réussi (toutes nos adresses pour manger, boire, sortir, shopper et prendre le pouls de la Ville lumière)
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