La Corée du Nord va rouvrir ses frontières aux touristes, mais peut-on la visiter sans risque ?
Si vous êtes du genre à privilégier les destinations « loin des sentiers battus », il y a fort à parier que la Corée du Nord figure en bonne place sur votre liste. Bonne nouvelle: après presque cinq ans d’interdiction pour cause de pandémie, le pays devrait rouvrir ses frontières aux touristes étrangers en décembre.
C’est ce qu’ont annoncé deux voyagistes chinois, KTG Tours et Koryo Tour, qui ont partagé la nouvelle sur leurs réseaux sociaux respectifs avec force de points d’exclamation, les Chinois constituant en effet la principale source de visiteurs en Corée du Nord. En 2019, juste avant la fermeture des frontières, 350.000 touristes originaires de Chine auraient ainsi voyagé au « royaume ermite ».
Le pays d’Asie de l’Est s’est largement coupé du monde extérieur début 2020 lorsqu’il a brusquement décidé de fermer ses frontières, y compris à ses propres ressortissants. Une décision prise en raison de la présence en Chine voisine d’un mystérieux virus qui allait ensuite provoquer l’épidémie de Covid-19.
Les échanges commerciaux avec la Chine ont depuis repris au compte-goutte et l’an dernier le premier vol commercial international de la Corée du Nord s’est posé à Pékin, après trois ans d’interruption. En février, des touristes russes ont pu se rendre en Corée du Nord pour la première fois depuis la fin de la pandémie, dans un contexte de rapprochement diplomatique entre Moscou et Pyongyang. Mais cette destination demeure globalement fermée aux autres nationalités, y compris les Chinois qui étaient pourtant avant 2020 les plus nombreux à se rendre dans le pays.
Une reprise totale du tourisme en Corée du Nord semble désormais se préciser, selon les deux voyagistes chinois spécialisés dans cette destination qui se sont empressés de l’annoncer, même si, à l’heure d’écrire ces lignes, la Corée du Nord n’a pas encore communiqué officiellement sur le sujet.
Sur la piste de ski (et de Kim Jon Il)
« Nous avons reçu la confirmation de notre partenaire local que le tourisme (dans la ville nord-coréenne de) Samjiyon et potentiellement dans le reste du pays reprendra officiellement en décembre 2024 », a affirmé mercredi l’agence de voyage Koryo Tours, dont le siège est à Pékin. « L’attente a été longue » pour la reprise du tourisme en Corée du Nord, s’est réjoui jeudi auprès de l’AFP le directeur de Koryo Tours, Simon Cockerell.
« La demande a été forte durant toute la durée » de la pandémie, a souligné M. Cockerell, qui s’attend à un « rebond » pour cette destination. La ville nord-coréenne de Samjiyon, située près de la frontière avec la Chine, est une porte d’entrée pour visiter le mont Paektu, où, à en croire les récits officiels, est né le défunt numéro un nord-coréen Kim Jong Il.
Son fils et successeur, Kim Jong Un, a investi d’énormes sommes d’argent dans le développement de la région, avec à la clé de nouveaux appartements, des hôtels et une station de ski.
Une destination « à confirmer »
Le voyagiste KTG Tours, spécialisé dans la Corée du Nord et basé en Chine, a de son côté écrit sur sa page Facebook que les touristes pourront se rendre à Samjiyon « cet hiver ». « Les dates exactes restent à confirmer. Jusqu’à présent, seule Samjiyon a été officiellement confirmée mais nous pensons que Pyongyang et d’autres endroits ouvriront également », a ajouté ce voyagiste.
Avant la pandémie, quelque 5.000 Occidentaux se rendaient chaque année en Corée du Nord, selon des chiffres communiqués par les voyagistes. Les Américains constituaient à eux seuls près de 20% de ce marché avant que les Etats-Unis n’interdisent cette destination à leurs ressortissants à la suite de la mort en 2017 d’Otto Warmbier. Cet étudiant, emprisonné en Corée du Nord puis relâché par Pyongyang après 18 mois, était décédé sur le sol américain peu après son rapatriement dans le coma.
Koryo Tours a toutefois averti qu’après environ cinq ans d’interruption, « les choses pourraient être un peu plus chaotiques que d’habitude » pour les premiers étrangers qui visiteront à nouveau la Corée du Nord. Et d’autant plus en décembre, lorsque les températures y sont glaciales.
Mais la Corée du Nord est-elle safe pour les touristes étrangers ?
Mais est-il bien prudent de s’y rendre si les États-Unis ont interdit cette destination à leurs ressortissants par mesure de sécurité ? Et la Belgique, elle, qu’en dit-elle ? Selon le Service public fédéral des Affaires étrangères, « il y a un risque élevé pour la sécurité des étrangers en Corée du Nord en raison de tensions géopolitiques. Les étrangers peuvent être arrêtés, détenus ou expulsés pour des activités qui ne sont pas considérées comme des crimes en Belgique. Les autorités nord-coréennes ont détenu de nombreux visiteurs étrangers au cours des dernières années et leur ont imposé des peines sévères. Voyager avec un guide n’offre aucune protection spéciale. En cas d’arrestation ou de poursuites, il sera très difficile, voire impossible, pour la Belgique ou les ambassades d’autres États membres de l’Union européenne de fournir une assistance consulaire ».
Et de préciser encore que sur place, « la criminalité est faible, mais des risques existent toujours, en particulier à l’aéroport international de Pyongyang Sunan et dans les lieux publics bondés tels que les marchés. Il est conseillé de s’assurer que les effets personnels de valeur, y compris le passeport et autres documents de voyage, restent en sécurité à tout moment ». Même si la meilleure manière d’assurer cette dernière est peut-être encore d’opter pour une autre destination… « Dans l’éventualité où les frontières rouvriraient pour les ressortissants belges, le SPF Affaires étrangères déconseille toujours tous les voyages non-essentiels en Corée du Nord pour des raisons de sécurité. La Corée du Nord subit des sanctions internationales. Ces dernières peuvent également avoir des conséquences pour les voyageurs. Les tensions géopolitiques peuvent s’accentuer à tout moment dans la péninsule coréenne » est-il encore précisé. Et le SPF d’ajouter, au cas où le message ne passerait pas, que « tous les voyages non-essentiels sont déconseillés » au royaume ermite.
Article rédigé en partie sur base d’une dépêche AFP.
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