Voyage luxueux et unique avec les pingouins d’Antarctique

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Voyage avec les pingouins en Antarctique - Getty Images
Mare Hotterbeekx
Mare Hotterbeekx Journaliste Knack Weekend

Vous aspirez à explorer des contrées lointaines et insolites ? L’Antarctique pourrait bien être la destination parfaite pour satisfaire votre soif d’aventure. A la fois isolé, hostile, mais aussi incroyablement fragile, le continent blanc ne vous laissera pas de glace. Notre journaliste s’y est rendue pour un voyage de 10 jours à bord du bateau de croisière Seabourn.

Un éclat assourdissant suivi de quelques jurons et nous nous retrouvons dans une eau de mer à moins de 2°C. Des blocs de glace flottent tout autour de nous. La panique fait peu à peu place au froid, avant que n’émerge l’euphorie. Nous sommes à la fois frénétiques, accablés, en hypothermie et complètement détendus. Ne vous y méprenez pas, nous ne sommes pas tombés du bateau, mais nous avons bel et bien participé au fameux plongeon polaire. Ce rituel, les passagers du Seabourn Venture, le navire d’expédition dans lequel nous logerons pendant dix jours en Antarctique, ne le manqueraient pour rien au monde.

© Mare Hotterbeekx

La région doit bien mériter le titre de destination la plus dépaysante au monde, ou au moins de cette planète. Nulle part ailleurs la nature n’est aussi brute et l’environnement si hostile qu’en Antarctique. Cet endroit, dont aucun pays n’assume officiellement la responsabilité, a été préservé de presque toute activité humaine, si bien que ce large continent est resté intact pendant plusieurs centaines de millions d’années.

Sa large banquise s’étale sur 14 millions de kilomètres carrés et connaît une épaisseur moyenne de 2 300 mètres. Voilà des chiffres qui incitent à l’humilité, alors que vous observez cet environnement évoluer depuis la fenêtre de votre suite terrasse.

Iceberg en vue

Mais un voyage en Antarctique, ça se mérite. Nous nous rendons d’abord à Madrid, puis embarquons dans un vol charter direction Ushuaia, le point le plus méridional du monde. Cette ancienne colonie pénitentiaire est aujourd’hui une charmante base pour les touristes de croisière en route vers le grand continent blanc : un clin d’œil ironique à l’histoire.

Depuis Ushuaia, il faut encore compter deux jours de navigation à travers le redouté passage de Drake pour enfin atteindre notre destination. Dans ce détroit turbulent où se rencontrent océans Atlantique et Pacifique, les vagues, parfois mortelles, peuvent atteindre jusqu’à douze mètres de haut. Tandis que notre navire tangue inlassablement, nous observons les passagers encore en mesure de sortir de leur cabine déambuler maladroitement dans les couloirs. Le personnel d’équipage, quant à lui, s’empresse de figer les tables dressées sous des couches de papiers d’aluminium pour prévenir toute casse.

Après trois jours de navigation, le moment tant attendu est enfin arrivé. Une annonce retentit dans les haut-parleurs : le tout premier iceberg est en vue. Tout le monde, épris de la même excitation, se précipite sur le pont. L’aventure commence vraiment.

L’Antarctique en kayak

A peine quelques heures plus tard, nous partons pour notre première expédition. Au programme : une excursion en kayak. Enveloppés dans trois couches de vêtements thermiques, une veste de ski, un bonnet et deux paires de gants, nous embarquons dans un Zodiac, l’embarcation pneumatique motorisée qui nous conduira au point de départ de notre circuit. Nous avons de la chance, en cette fin novembre le ciel est bleu et le soleil brille : c’est la première vraie belle journée de la saison. Assis dans notre kayak, à hauteur de l’eau, nous nous sentons d’autant plus connectés à ce biotope particulier. Entourés par les blocs de glace, nous avons l’impression de naviguer dans un gobelet de granité, et pagayer dans ce semblant de glace pilée se révèle extraordinairement satisfaisant.

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À certains endroits, l’eau est si claire que l’on peut voir le fond de l’océan, et à l’occasion, les quelques pingouins qui passent à toute allure juste en dessous de notre embarcation. A l’exception des quelques éclaboussures que nous créons en glissant parmi les icebergs sculpturaux, le silence est total. Vus de si près, ces rochers de glace recouverts de neige poudreuse semblent avoir été posés là par une main dotée d’un sens exceptionnel du détail et de l’esthétique. Aussi ridicule que cela puisse paraître, ce décor et ses courbes généreuses, ses nuances subtiles de couleurs et ses lignes de fracture créent en nous un vif moment d’émotion.

Saison des amours

Les pingouins qui se dandinent sur les icebergs sont, au moins, tout aussi captivants. Ils se meuvent dans un savant mélange de sérénité et de maladresse, si bien qu’on ne sait pas encore si leur démarche nous rappelle davantage celle d’un moine bouddhiste ou celle d’un bébé vêtu d’un blazer XXL. A les voir trébucher sans cesse, on se demande encore comment cette espèce a réussi à survivre pendant toutes ces années.

« Sur la banquise, ils n’ont pas de prédateurs, nous explique un guide, ils n’ont pas d’intérêt à développer leur vitesse au sol. Leur capacité à survivre l’hiver repose en majeure partie sur leur réserve de graisse. » Les manchots ne s’inquiètent donc pas de notre présence dans leur habitat et se consacrent à leurs activités habituelles, littéralement. Ici, l’hiver est la saison des amours et nous surprenons nombre de couples de pingouins occupés à la célébrer.

L’aventure, oui, mais avec panache

C’est étrange comme le temps file ici, alors même que, ce versant du monde est exempt de toute célérité. Nous vivons véritablement au rythme de la nature, nos activités étant dictées par les conditions météorologiques. A cet égard, rien n’est jamais sûr, mais aucun risque n’est permis : une météo trop rude et tout le monde reste à bord, ce qui n’est pas vraiment une punition.  

A l’intérieur, le navire est équipé de tout le luxe imaginable : caviar disponible à toute heure du jour et de la nuit, champagne à volonté, cocktails à disposition dans le réfrigérateur de votre cabine sur simple demande. Outre le service de chambre, vous aurez également la possibilité de vous déplacer jusqu’à l’un des cinq restaurants du navire pour savourer les mets d’exceptions concoctés par les chefs. Côté sport et détente, vous pourrez profiter d’une salle de musculation- avec entraîneur personnel, si nécessaire – d’un salon de coiffure et d’un spa. Le sauna est doté d’une immense fenêtre depuis laquelle vous aurez peut-être la chance d’observer des baleines nager paisiblement.

Pourtant, le véritable luxe ne réside pas tant dans les biens matériels, mais bien dans l’aspect humain, car le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnel est au petit soin. Ils s’inquiéteront d’accorder la couleur de votre serviette à celle de vos vêtements ou encore de vous éclaircir sur un point du menu avant même que vous n’ayez le temps d’adresser la question. Nombre d’entre eux sont issus de grands restaurants étoilés ou ont travaillé pour des célébrités telles que Kim Kardashian et Ban Ki-moon.

Loin des clichés de la croisière

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas là d’une croisière classique, mais d’une véritable expédition. Cette nuance est loin d’être un gadget marketing, mais souligne une différence de taille. Oubliez la croisière et ses clichés, vous ne trouverez ici ni seniors blasés ni britanniques en état d’ébriété. L’objectif de cette croisière n’est pas de déplacer les buveurs et leurs boissons vers un cadre somptueux.  

Mes compagnons de voyage sont véritablement investis dans la découverte de la nature qui les entoure et manifestent un réel intérêt pour les autres passagers. Rares sont les repas que nous avons passés à manger seuls ; des voyageurs du monde entier – et de tout âge – s’asseyaient habituellement à notre table. Ici, les gens sont férus de conférences scientifiques. Alors, qu’on le veuille ou non, ce voyage s’avère bien plus instructif qu’il n’aurait paru. 

Leçon d’humilité

Un voyage en Antarctique est une leçon d’humilité. Sur ce continent où la nature règne en maître, nous voilà réduits au rôle de l’invité quelque peu maladroit qui ne peut que hocher la tête avec gratitude et essayer de graver chaque instant dans sa mémoire. Au total, nous débarquons une douzaine de fois, et chaque excursion dépasse l’inoubliable. Nous nous souvenons notamment de la visite du bureau de poste le plus éloigné du monde (Port Lockroy), et de notre descente à 44 mètres sous la mer dans un petit sous-marin, ou de la fois où notre Zodiac s’est fait entourer par un banc de baleines à Paradise Bay. Il est difficile de réaliser que tout cela est bien réel.

Parfois, j’ai l’impression d’avoir atterri dans un paysage généré par une intelligence artificielle. C’est presque trop beau et trop parfait. Par temps clair, le coucher de soleil dure facilement deux heures. Sa beauté rivalise aisément avec tout ce que nous avons pu voir auparavant. Dès les premières lueurs orangées, nous nous postons sur notre terrasse, en compagnie d’un verre, et nous nous laissons émerveiller par les reflets roses dansant sur les blocs de glace. Un peu plus loin, un banc de baleines baigne – littéralement – dans une mer de lumière rose. Voici un spectacle digne des couvertures du National Geographic.

Après 12 jours d’émerveillement, nous débarquons complètement changés, débarrassés de tout stress. Dans notre esprit, l’agitation du quotidien a laissé sa place au calme de l’Antarctique. « Avant le voyage, je souffrais souvent de trous de mémoire et de bégaiements, me confie un présentateur de télévision durant le voyage. Mais aujourd’hui, ces problèmes ont complètement disparu. J’ai fait le vide dans ma tête et je peux à nouveau respirer. » Un sentiment que nous ne comprenons que trop bien après avoir vécu cette folle expérience.

© Mare Hotterbeekx

Et l’impact environnemental dans tout ça?

Bien sûr, contempler toute cette beauté naturelle vous confronte aussi à sa fragilité. L’Antarctique est à peu près le dernier morceau de nature vierge sur terre. Nulle part ailleurs le changement climatique n’est aussi perceptible qu’ici. Pourtant, l’Antarctique est une destination touristique de plus en plus prisée. Un phénomène qui inquiète, et personne à bord ne le niera. « Il est très difficile de voyager sans polluer, explique un chef d’expédition allemand. Opter pour un voyage en Antarctique n’est pas une mauvaise option. En effet, Seabourn est membre de l’IAATO, l’organisation internationale qui impose des règles aux entreprises de tourisme dans cette région. L’embarcation est un petit navire, équipé de toutes les technologies modernes et raisonnablement économe en carburant. Dans la mesure du possible, tout ce qui se trouve à bord est recyclé et nous modérons notre vitesse lorsque nous rencontrons un banc de baleines. »

Même à terre, tout est mis en œuvre pour minimiser l’impact du tourisme sur le paysage. Un maximum de 100 personnes est autorisé à débarquer simultanément. Avant chaque sortie, les vêtements des aventuriers du jour sont soumis à une inspection minutieuse et à un lavage à l’aspirateur. Le but est de prévenir tout transfert de cultures ou de maladies étrangères. Au retour de l’expédition, ce sont les chaussures qui passent par la case lavage et désinfection. Sur le continent lui-même, le code de conduite est très strict : interdiction de s’agenouiller, de s’accroupir ou de s’allonger dans la neige, et obligation de maintenir une distance minimum de cinq mètres avec les pingouins. Heureusement, tout le monde est très respectueux et les règles sont rigoureusement appliquées.

Infos pratiques

  • Nous avons embarqué sur le Seabourn Venture pour un voyage de 12 jours. Seabourn est une compagnie qui organise des croisières de luxe dans le monde entier. A bord, attendez-vous à un confort irréprochable et à un service impeccable. Pour plus d’information, rendez vous sur Seabourn.com.
  • Les prix de ces expéditions peuvent varier, mais en moyenne, il faut compter 12 000 € pour un tel voyage. Avec un peu de chance et d’anticipation, vous trouverez des offres à partir de 8 000 €. Ce prix comprend la nourriture et les boissons, mais n’inclut pas le vol.  
  • Pour rejoindre notre destination, nous avons pris un vol de Bruxelles à Buenos Aires avec une escale à Madrid. Ce trajet est proposé par Air Europe, une compagnie aérienne espagnole, relativement récente. Le coût du vol aller-retour s’élève à environ 1 500 €.

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