Croisière fantastique: voguer de l’Egypte à la Jordanie, à la découverte des trésors de la mer Rouge
Depuis cet hiver, un tout nouvel itinéraire s’en va voguer sur la mer Rouge, de l’Egypte à la Jordanie. Un mélange atypique de culture et de détente. Mais surtout un fabuleux voyage entre Afrique et Asie, à la rencontre de deux des plus fascinantes civilisations antiques.
L’hiver est indubitablement la meilleure saison pour voyager en mer Rouge. Première compagnie de croisière à avoir osé ces eaux mythiques – c’était en 2008 -, CroisiEurope renoue avec un itinéraire original, à saute-frontière. En ce début d’après-midi, une brise tiède caresse le pont soleil du MV/La Belle de l’Adriatique. Décembre est proche et même les plus frileux n’hésitent pas à s’offrir un bain de lumière au-dessus des flots. Le bateau vient de larguer les amarres et avance sur une mer paisible, cap sur la Jordanie. Au loin, l’imposante silhouette blanche de la grande mosquée du port d’Hurghada s’amenuise de seconde en seconde. Sous la surface, les tonalités turquoise et la palette de bleus trahit la présence de champs de corail et de bancs de sable clair. A bord, moins d’une centaine de voyageurs seront choyés durant une semaine par 51 membres d’équipage.
Désert sur grand écran
Vers 7h30, le bateau est en approche d’Aqaba, seul débouché de la Jordanie sur la mer. Depuis le large, la vision est surréaliste: la petite ville apparaît enchâssée. D’un côté, Israël et son port d’Eilat qui lui-même côtoie la naissance de la péninsule du Sinaï égyptien. De l’autre côté, l’Arabie saoudite. Aqaba donne accès aux merveilles du sud de la Jordanie, à commencer par le désert du Wadi Rum pour une première journée d’excursion. Un désert perché à plus de 1 000 mètres d’altitude. Du port, la route, véritable sillon creusé dans la roche volcanique, grimpe sans discontinuer durant deux heures. Sur le haut plateau, le spectacle ne déçoit pas: d’immenses roches ocre et orange émergent ici et là des sables rouges. « Les réalisateurs adorent y planter leurs caméras », relate Khaled, guide volubile. A commencer par celui de Lawrence d’Arabie, dont la montagne « Les Sept Piliers de la Sagesse » porte d’ailleurs le nom de l’ouvrage autobiographique. Plus récemment, Matt Damon a erré « seul sur Mars » dans ces mêmes sables rouges et parmi des décors extraterrestres qui ont également plu aux créateurs de Star Wars, épisode IX ou de Dune.
Difficile d’imaginer que sous ce sable stérile, une immense nappe phréatique fossile alimente une bonne partie d’un pays classé comme le second plus pauvre en eau de la planète. Le Wadi Rum recèle aussi d’innombrables gravures rupestres que nous approchons en 4×4, mais aussi un temple nabatéen, des arches, des canyons étroits, des piscines naturelles ou le fort servant de QG à la patrouille du désert qui se déplace à dos de dromadaire. Mythique, le lieu a gardé intact son pouvoir d’envoûtement. De retour au bateau, la fatigue de la route s’estompe vite autour du cocktail servi par un équipage toujours prévenant, prélude à un dîner bistronomique où les mets orientaux alternent avec une excellente cuisine française.
Cité de l’impossible
Listée au patrimoine mondial de l’Unesco, Pétra, l’antique cité du peuple nabatéen, est une autre merveille que permet de découvrir cette croisière lors d’une seconde journée d’excursion au royaume hachémite. Cette fois encore, il faut grimper un relief tourmenté, dans cette région soumise à d’énormes contraintes tectoniques, hachée de failles. Depuis les hauteurs qui surplombent les canyons de Pétra, on appréhende mieux l’immense vallée du Grand Rift qui balafre sur des milliers de kilomètres une bonne partie de l’Afrique et se prolonge jusqu’au Jourdain en passant par la mer Morte.
‘Ingénieux, les Nabatéens ont modelé l’environnement pour en tirer le meilleur parti et bâtir une forteresse.’
Mais ce qui frappe en approchant, c’est le lieu choisi pour implanter cette cité de l’extrême: comme le fait remarquer Khaled, « Pétra est l’un des pires endroits pour construire une ville« . Et c’est ce qui rend l’endroit encore plus fascinant. Il y a 2 000 ans, c’était un carrefour des pistes caravanières par lesquelles transitaient l’encens, la myrrhe et les épices. Ingénieux, les Nabatéens ont modelé l’environnement pour en tirer le meilleur parti, exploitant son relief pour bâtir une forteresse, creusant la roche pour dévier les eaux de pluie, perçant des tunnels et ciselant à même la montagne des habitations, des temples, des tombeaux et autres monuments éblouissants. « Oubliée du monde extérieur à partir du VIIe siècle de notre ère, la cité fut jalousement gardée durant des centaines d’années par les Bédouins qui éloignaient méthodiquement tout étranger », détaille Khaled. D’ailleurs, ils y sont toujours, immuables sentinelles transformées en marchands du temple. Pétra reste une merveille, où s’entremêlent les beautés naturelles des canyons de grès avec celles de ses chapelles, nécropoles et palais de pierre rouge.
Le lendemain, c’est l’Egypte, promesse de nouvelles émotions, qui attend la centaine de passagers. Toute la matinée, le bateau longe les côtes desséchées et tourmentées du Sinaï, direction Charm el-Cheikh, porte d’entrée de Ras Mohammed, l’un des parcs nationaux les plus emblématiques de la péninsule. La région subit depuis plusieurs années une sécheresse inédite, sans aucune précipitation depuis deux ans. C’est dire avec quelle joie les Bédouins ont accueilli les pluies torrentielles qui se sont abattues début novembre, faisant reverdir les pâturages. Point d’orgue de l’excursion du jour: un aquarium grandeur nature. Une explosion de couleurs et de vie que l’on approche au plus près avec palmes, masque et tuba, à quelques mètres du rivage désertique. Une navigation en bateau à fond de verre est proposée à ceux qui souhaitent admirer les coraux sans se mouiller. Pour célébrer ce retour en Egypte, la soirée sera… égyptienne, du repas au spectacle durant lequel musiciens, derviche tourneur et danseuses du ventre vont enflammer le salon-bar.
Retour en Afrique
En début de nuit, La Belle de l’Adriatique reprend la mer pour rejoindre l’Afrique et Hurghada. Pour la majorité des passagers, pas question de manquer l’autre événement du voyage: Louxor et le fleuve des dieux. Une quête qui se mérite avec un départ à l’aube et plus de quatre heures de bus mais, en récompense, le privilège de pénétrer d’abord quatre tombes dans la Vallée des Rois. Un déjeuner au bord du Nil plus tard, la plongée dans l’histoire se poursuit dans le complexe des temples de Karnak. Si le temps de la civilisation hiérarchisée et organisée des pharaons est loin, on ne peut que rester en admiration devant cette vallée du Nil constellée de champs méticuleusement cultivés et irrigués.
En une semaine de navigation à peine, l’itinéraire offre ainsi une étonnante confrontation de sites phares et de paysages étourdissants. Confortable à souhait, puisqu’on ne doit jamais changer de chambre, défaire ou refaire sa valise. Autour de nous, certains passagers se confient sur l’aspect presque thérapeutique de l’escapade. Se faire dorloter du matin au soir, penser uniquement à la détente, partir en excursion ou faire la sieste sous la caresse d’un vent léger. Se faire quelques amis, peut-être. Profiter du temps qui suspend son vol au moment d’un interminable coucher de soleil, un verre de bulles à la main. Des petits plaisirs qui prennent une dimension encore plus forte en cette période de repli forcé sur laquelle nous voguons depuis trop longtemps…
En pratique
Se renseigner
- Pour l’Egypte: fr.egypt.travel
- Pour la Jordanie: visitjordan.com
Formalités
Passeport valable 6 mois après la date du retour. Visa égyptien à entrées multiples (70 euros) directement via le site Web visa2egypt.gov.eg ou le service payant proposé par CroisiEurope. Outre une vaccination complète pour les deux pays, l’entrée en Jordanie nécessite un test PCR réalisé à bord (pour 35 euros). Des obligations qui peuvent bien sûr évoluer.
Y aller
Cette croisière de 8 jours « Entre Egypte et Jordanie, l’oeuvre de l’homme et de la nature » est opérée de novembre à mars. Le prix (dès 1 409 euros) comprend le séjour en pension complète et inclut les boissons (même alcoolisées), les transferts, deux excursions, l’assurance/assistance rapatriement, les taxes portuaires et d’aéroport. Possibilité de pré-tour de 3 jours au Caire.
Bon à noter: CroisiEurope propose elle-même des vols directs Bruxelles/Hurghada.
Réservations: croisieurope.com ou en agence de voyages.
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