Destinations à risques : où peut-on encore partir ?
Les attentats qui se multiplient un peu partout ces dernières années jettent un froid sur le tourisme mondial. Comment savoir où l’on peut encore s’évader en toute sécurité ? Quel est le degré de vigilance dont il faut faire preuve quand on part en vacances ? Et où peut-on encore se la couler douce ? Tour d’horizon.
En Tunisie ? » Tous les voyages non essentiels restent déconseillés. » En Turquie ? » Une vigilance accrue est de mise. » En Israël ? » Il est conseillé aux voyageurs de faire preuve d’une grande vigilance. » En Egypte ? » Une vigilance accrue est recommandée dans les zones touristiques » et les déplacements dans plusieurs régions sont à éviter. En Irak, en Syrie, en Lybie, au Yémen, en Afghanistan, au Mali… : » Tous les voyages sont formellement déconseillés. » En Thaïlande ? » La plus grande vigilance est recommandée. » Au Kenya ? » Les voyages vers certaines régions sont déconseillés. » Au Mexique ? » De nombreux Etats souffrent d’une insécurité importante liée à la criminalité organisée. » Petit florilège puisé sur le site Web des Affaires étrangères belges… Vous voilà prévenus !
Attentats, guerres civiles, groupes armés, catastrophes naturelles, épidémies, enlèvements, trafic de drogue, criminalité… Les globe-trotteurs le savent bien, il devient de plus en plus ardu de trouver aujourd’hui des spots 100 % sûrs pour poser ses valises. Certes, les zones dites » à risques » ont toujours existé. Mais la recrudescence du terrorisme local et international ces dernières années en a singulièrement rallongé la liste. Qui oserait s’offrir encore une semaine de randonnée au coeur du Sahara ?
Perdues au milieu de l’Atlantique et baignées par des influences européennes, africaines et sud-américaines, les îles du Cap-Vert offrent un métissage culturel d’une grande richesse et des paysages d’une beauté sauvage. Plages désertes et végétation luxuriante, volcans et cités coloniales, les amateurs de randonnée y trouveront autant de plaisir que ceux qui préfèrent le farniente. p>
» En la matière, les avis des Affaires étrangères sont incontournables, confirme Coraly Stevart, marketing manager chez Continents Insolites à Bruxelles. Nous n’avons pas le choix. Si le ministère émet un avis défavorable concernant une destination, nous sommes contraints de la retirer de notre offre. Nous n’y envoyons plus de clients et, pour ceux dont le trip est déjà programmé, nous offrons le choix entre annulation, report ou départ vers un autre endroit. C’est actuellement le cas, par exemple, pour la Tunisie ou l’Egypte, sans parler de pays en guerre, fermés aux touristes, alors qu’ils étaient très demandés il y a quelques années, comme la Syrie ou le Yémen. Mais la cause peut également être liée à une catastrophe naturelle : après le tremblement de terre et l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, nous avons gelé tous les dossiers en cours pour le Japon. »
DÉCODAGE NÉCESSAIRE
Du point de vue des voyagistes, il s’agit d’abord de se couvrir. S’il arrive quelque chose aux personnes qu’ils ont envoyées vers un territoire marqué en rouge par les autorités, leurs assureurs pourraient se retourner contre eux. Litiges en perspective. C’est aussi une question d’expertise. Porte-parole du tour-opérateur Jetair et de la compagnie aérienne du même groupe, Florence Bruyère le reconnaît : » Les vrais experts, ce sont eux. Même si nous avons de l’expérience et du personnel sur place, qui connaît la situation locale, nous n’avons pas les compétences des Affaires étrangères. Nous sommes obligés de nous fier à leur avis. » Ainsi le groupe a-t-il biffé la Tunisie de son catalogue, alors qu’elle figurait dans le top 5 des destinations préférées des clients avant les attentats, il y a deux ans.
Mais encore faut-il pouvoir décoder ces avis autorisés, pas toujours limpides. Comment faire la différence entre un lieu » déconseillé « , » absolument déconseillé » et » formellement déconseillé » ? Ceux frappés d’un avis valant interdiction se comptent sur les doigts d’une main. Y figurent les parties du monde en conflit ou en guerre civile. Ceux où il est fortement recommandé d’éviter certaines régions sont plus nombreux : une bonne trentaine. Et une vingtaine d’autres font l’objet d’un » avis de vigilance accrue « . Soit, au total, plus de cinquante pays où l’on ne peut séjourner tranquillement. Notons que ces informations sont régulièrement réévaluées. Les récentes épidémies d’Ebola en Afrique ou de Zika en Amérique latine justifient par exemple les appels à la prudence des autorités.
Réputé safe par les Affaires étrangères, le Maroc est le seul pays du Maghreb qui garde la cote auprès des voyagistes et vacanciers belges. L’hospitalité et la chaleur de ses habitants ne se dément pas, particulièrement dans le sud. Et il offre une grande diversité sur un territoire assez limité pour en faire le tour en quinze jours, entre les dunes du Sahara et les montagnes de l’Atlas, en passant par les médinas de ses villes impériales. p>
Difficile, cependant, d’avoir une vue d’ensemble. Et, pour beaucoup d’endroits, d’obtenir un avis tranché. D’autant que les avis diffèrent d’un Etat à l’autre. Il est vrai que la nationalité du vacancier joue : un Français peut ainsi constituer une cible privilégiée au Mali et un Américain dans le Golfe. En matière de terrorisme, voire d’agressivité des populations, les Belges peuvent se voir reprocher notre participation à la coalition anti-Daesh qui bombarde la Libye et l’Irak. Dans de nombreux cas, la menace est explicite, souligne l’administration : » Nos compatriotes sont appelés à se montrer particulièrement vigilants compte tenu de la menace accrue vis-à-vis des intérêts belges. » Dans le collimateur, les pays arabes ou à majorité musulmane. En Afrique, au Proche et au Moyen-Orient mais aussi en Asie. Deux attentats ont frappé la Thaïlande en août. Un autre les Philippines… qui restent néanmoins plutôt tranquilles jusqu’à présent, s’annonçant parmi les incontournables spots asiatiques dans les prochaines années, avec leurs sept milles îles épargnées par les hordes de visiteurs
PRIX ALLÉCHANTS
Pour en avoir le coeur net, rendez-vous sur http://diplomatie.belgium.be Jetez aussi un oeil sur le site des Affaires étrangères françaises (www.diplomatie.gouv.fr), qui dispose d’un atout : des cartes colorées résument la situation par continent. Un clic sur l’Afrique montre une zone dominée par le rouge ( » formellement déconseillé « ) et l’orange ( » déconseillé sauf raison impérative « ), qui s’étend de la Mauritanie à l’est jusqu’à la Somalie à l’ouest, en passant par le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan, une partie du Kenya, de l’Ethiopie, de la RDC…
Au Maghreb et au Moyen-Orient, la dominante est rouge, ça n’étonnera personne. De l’Atlantique à l’océan Indien, seuls trois pays résistent vaillamment en vert ( » vigilance normale « ) : le Maroc, Oman et les Emirats Arabes Unis. Le premier figure d’ailleurs toujours dans le top 10 des tour-opérateurs belges. Même si nos autorités, plus prudentes, y recommandent une » vigilance accrue « . A l’inverse, les Français ne condamnent pas la Tunisie – il est donc loisible de s’y rendre via un organisme français. Comprenne qui pourra.
Quant à l’Egypte, autre nation appréciée des amateurs de soleil en hiver, elle avait été boycottée un temps suite à la situation politique et à l’explosion d’un avion russe au-dessus du Sinaï, mais certaines villes y seront à nouveau accessibles dès cet hiver, du côté de la mer Rouge. Comme Thomas Cook et Neckermann, Jetair y reprend discrètement ses activités, » notamment vers Hurghada, mais pas à Charm el-Cheikh, situé à la pointe sud du Sinaï « , précise Florence Bruyère. L’ouest est lui aussi à éviter et les sites majeurs méritent la plus grande prudence. Mieux vaut faire l’impasse sur les pyramides !
Baigné par le Mékong qui en forme à la fois la colonne vertébrale et l’axe de vie, c’est l’un des derniers pays du sud-est asiatique que le tourisme n’a pas (encore) dévoyé. La vie y est tranquille et nonchalante, les paysages et les rizières spectaculaires, les temples aussi riches que chez ses voisins et il reste ce petit parfum colonial français de l’époque indochinoise qui nous en rend certains aspects familiers. p>
Pour les plus téméraires, cette situation présente un avantage : les prix ! » Où peut-on trouver du soleil et une mer translucide en hiver pour 500 euros tout compris ?, interroge Sylvie F., qui s’offre une semaine en Egypte en novembre prochain. D’accord, je ferai l’impasse sur les excursions mais ce n’est pas grave, j’adore le snorkeling. » En Tunisie comme en Turquie, les hôtels désertés affichent des promotions indécentes. Marianne B., elle, revient du Mali qu’elle connaît bien, pour y aller régulièrement. Pas pour le rapport qualité-prix, cette fois, mais pour l’amour d’un coin de la planète » où plus personne ne met les pieds, pour le malheur des populations locales qui vivaient du tourisme. C’est vrai qu’il y a des régions dangereuses, mais c’est loin d’être le cas partout, il faut faire confiance aux autochtones. En pays dogon, par exemple, il ne s’est jamais rien passé. Mais dans l’avion pour Bamako, il n’y a plus que des militaires et du personnel ONU. Pourtant en ville, les gens font toujours la fête. »
L’EUROPE PRÉSERVÉE
Plébiscitée par tous les amateurs de safaris, la Namibie cumule savane, forêts, déserts et montagnes, le tout bordé par l’océan. Sur le plan touristique, elle se distingue par un fort accent mis sur le développement durable et la préservation de ses richesses naturelles. p>
Il est vrai que si les agences boudent une partie du globe, rien n’interdit de s’y rendre par ses propres moyens. Mais à ses risques et périls. Mieux vaut entre autres s’assurer de la validité… de ses assurances en cas de trip à risque. Votre police hospitalisation prévoit sans doute des exclusions. Du côté des assurances voyages, c’est un peu différent. Chez Europ Assistance, explique la porte-parole Elise Mertens, il n’y a pas d’exclusion stricto sensu. L’entreprise s’engage à intervenir… sauf si la situation sur place l’empêche de le faire pour des raisons de sécurité ou d’accès. A vous, donc, de savoir où vous mettez les pieds. En revanche, n’essayez pas d’invoquer le risque terroriste pour faire jouer votre assurance annulation si vous décidez de ne pas partir : ce n’est pas un motif valable aux yeux des assureurs.
A ce propos, quelle est la situation en Europe, que l’on sait (en partie) désertée par les Américains et Asiatiques depuis la vague d’attentats imputés à l’Etat islamique ? Pour les Affaires étrangères, les seuls points rouges concernent la frontière turco-syrienne et des morceaux du Caucase. Certains – et singulièrement les Tunisiens – s’étonnent de ne pas voir la Turquie figurer au rang des endroits officiellement déconseillés, vu la situation tendue qui y règne, les restrictions de libertés et les explosions qui s’y succèdent, visant notamment les étrangers. Didier Vanderhasselt, porte-parole du SPF Affaires étrangères répond : » D’abord, nos avis ne sont pas contraignants, ce sont des conseils et ils sont nuancés. Que certains le deviennent pour les organisateurs de voyage, cela peut se comprendre mais c’est leur décision. Ensuite, quant aux différences d’appréciations entre tel ou tel Etat, il est clair qu’elles ne se basent pas seulement sur les attentats survenus récemment. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte et nos notifications résultent d’une concertation avec le personnel diplomatique sur place, les services de renseignement, etc. Enfin, il n’y a pas que le terrorisme : nous prenons en compte la délinquance, les risques sanitaires, la situation politique… »
Connu pour son canal, il gagne à l’être aussi pour sa faune et sa flore d’une grande biodiversité. Sans parler de ses nombreux vestiges coloniaux. Jusqu’ici nettement moins envahi par les casquettes-shorts-tee-shirts que son voisin, le Costa Rica, il figure pourtant dans la liste des périples vantés par les grands tendanceurs du secteur. A découvrir d’urgence, avant la foule. p>
Récemment, un quotidien britannique s’était amusé à dresser la carte des Etats européens » où les voyageurs sont en sécurité « . En rouge, où la menace d’attentat est la plus forte, figuraient la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Russie, la Turquie, la France, l’Espagne, une partie de la Grèce et, bien sûr, la Belgique. Ces cinq derniers pays sont pourtant ceux où nous nous rendons le plus. Comprenne qui pourra.
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