Elle a le charme de la Slovénie, le raffinement de l’Italie et la beauté de toute l’Adriatique. Qui donc? La péninsule croate de l’Istrie, dont la scène slow food florissante, les agritourismes, les îles du large, les villes pleines d’histoires et les merveilles naturelles ont de quoi enivrer n’importe quel visiteur.
«La plupart des habitants de la région n’ont pas les moyens de voyager. Heureusement, cette région possède d’autres richesses: culturelles, naturelles et gastronomiques. Ici, la vie est douce», nous confie notre guide Sonia alors que nous nous promenons dans Pula, la plus grande ville de la péninsule. Ses parents ont fui le régime de Tito il y a cinquante ans avant de gagner Paris, où Sonia a vécu jusqu’à ses 33 ans. De retour au pays, elle y apprécie une qualité de vie exceptionnelle. Il faut dire que tout, ici, respire le raffinement, des hôtels aux huiles d’olive, en passant par le travail des viticulteurs. Pas étonnant que la péninsule ait la forme d’un cœur: elle fait battre celui de tous les visiteurs qui s’y aventurent…
Un mélange d’influences
Nous arrivons en pleine compétition européenne de football, mais les drapeaux croates se font rares. Comment les habitants s’identifient-ils? Dans neuf cas sur dix, la réponse est «en tant qu’Istrien». Car s’ils sont fiers de leur pays, l’histoire a laissé des traces. «Mes enfants sont nés en Croatie», explique Sonia. Ma génération en Yougoslavie, mes parents en Italie, mes grands-parents en Autriche-Hongrie. Si l’on remonte encore plus loin, on arrive aux Vénitiens et aux Romains. Chaque époque a laissé son empreinte.»
Ce mélange d’influences est visible partout. A Pula, nous visitons le sixième plus grand Colisée du monde, tandis que sur les îles de Brijuni, nous dégustons un café dans la grandeur des hôtels austro-hongrois. Le souvenir de la Yougoslavie n’est jamais loin: les îles, aujourd’hui parc national, étaient autrefois la destination d’été préférée de Tito.
Les villes de Poreč et Rovinj, en raison de leur emplacement stratégique sur la mer Adriatique, renferment également un morceau d’histoire à chaque coin de rue. Parfois dans toute sa splendeur, comme les mosaïques romaines de la basilique euphrasienne, et parfois plus subtilement: une fenêtre gothique sur une façade où sèche du linge. En dehors de la haute saison, on se perd avec plaisir dans les ruelles. Notre cœur penche pour Grožnjan, Bale et Labin, à l’intérieur des terres. Il n’y a pas forcément grand-chose à y voir, mais on peut y passer des heures à profiter d’une terrasse, à visiter des petites galeries, à s’asseoir dans un bar de jazz, puis à flâner dans les ruelles avec les bruits de vaisselle et de télévision en guise de musique nocturne…
Douceur de vivre
Le restaurant Borghetto, à Bale, est l’un de ces lieux qui reflètent parfaitement l’atmosphère décontractée de l’Istrie. Nous dînons dans un jardin enchanteur, parmi les buissons de lavande et les lanternes. Le chef, qui participe également au service, propose des mets simples mais savoureux, comme le calmar façon grand-mère. «Mon père avait un restaurant avec vingt employés, raconte-t-il. Nous étions ouverts du matin tôt jusqu’à tard le soir. Quand il est décédé à l’âge de 59 ans, j’ai décidé de faire les choses différemment, en prenant le temps de faire ce que j’aime le plus: parler à mes clients et aller à la plage avec ma fille en journée.»
Un matin, nous décidons de louer des vélos électriques auprès de l’agence Libro Adventures. Vingt kilomètres en descente nous attendent. Mais la route de la Parenzana, qui relie Trieste en Italie à Poreč en Croatie, n’est pas goudronnée. Sans expérience du gravel et des surfaces rocheuses, nous accumulons très vite un peu de retard. Nos nombreux arrêts ne jouent pas non plus en notre faveur, mais les paysages sont spectaculaires: petits villages, vignobles et oliviers à perte de vue. La route suit une ancienne voie ferrée, tout en empruntant de longs tunnels sombres. Alors que nous nous excusons pour notre retour tardif à l’agence, on nous répond par un amical «no stress» qui en dit long sur la mentalité locale…
L’amour des saveurs
Autre atout de l’Istrie: sa gastronomie, qui reflète toute la richesse de son histoire à travers ses influences slaves, italiennes et autrichiennes. A l’intérieur des terres, impossible de ne pas se soumettre à une dégustation de vin pour apprécier le malvasia blanc et le teran rouge. Au domaine de Visintin, situé dans les collines autour de Motovun, le vigneron prénommé Dean, sixième génération de sa famille à produire du vin, élabore un malvasia au goût frais et épicé qui accompagne parfaitement l’omelette aux truffes que sa maman a préparée. Une parenthèse agréablement authentique…
L’atmosphère est très différente au domaine viticole Tomaz, qui produit 350.000 bouteilles par année et où tout respire le luxe. Dans l’élégante salle de dégustation, nous sirotons un verre avec une vue imprenable sur Motovun et les vignobles environnants, avant de choisir les flacons à emporter dans notre valise. Bien sûr, le vin n’est pas l’unique attrait de la région. Depuis plusieurs années, le guide international Flos Olei désigne l’Istrie comme la meilleure région productrice d’huile d’olive au monde.
Nous découvrons pourquoi chez la famille Grubić à Bale. Avant même d’en goûter une goutte, l’arôme nous submerge. Le liquide est plus amer et plus épicé que ce à quoi nous sommes habitués, grâce au climat plus frais et à une tradition qui remonte aux Romains. Peu d’huiles peuvent rivaliser avec celle-ci, fabriquée à partir d’olives cueillies à la main, souvent sur des arbres centenaires.
Et celui des truffes
Et puis, il y a les truffes. Surtout à l’intérieur des terres, il est rare de trouver un menu sans plats à base de ce champignon tant convoité. A Livade, la capitale de la truffe, nous sommes partis à l’aventure avec Nikola – ingénieur de formation mais désormais voué à la chasse aux truffes – et son chien Archie âgé d’à peine 9 mois. «Il est encore en formation, nous prévient Nikola. Je l’entraîne depuis qu’il est chiot. D’abord avec de l’essence de truffe sur la poitrine de sa mère, puis en lui cachant des truffes. Il connaît l’odeur. Le seul problème, c’est qu’il croit toujours que c’est un jeu.»
Dix minutes plus tard, l’animal déterre quelque chose avec enthousiasme… et le mange lui-même. «Une erreur de débutant qui fait partie du métier, explique Nikola. Vous mettez votre destin entre les pattes de votre chien, tout en sachant qu’une truffe ne dégage son parfum que pendant très peu de temps. Il peut arriver que je ne trouve rien, et qu’un collègue ait plus de chance 15 minutes plus tard au même endroit… C’est bien pour ça qu’ici, à Livade, on compte à peine 200 habitants, mais quelque 1.000 chiens chasseurs.»
En traversant les collines, on comprend pourquoi l’Istrie est parfois surnommée «la Toscane croate». Les vignobles, les oliveraies et les villages pittoresques respirent le charme méditerranéen. Même la lumière du crépuscule rappelle parfois l’Italie. Le reste est à découvrir sur place, le temps d’une escapade ensoleillée et romantique à souhait, qui vous fera découvrir mille autres trésors que la Botte ne possède pas…
Le plein d’adresses
Restaurant Fakin, à Motovun. On y déguste les meilleurs produits de la région, et leur dessert signature est unique: des raviolis fourrés au chocolat blanc et à la truffe dans une sauce aux figues, aux amandes et au muscat.
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Restaurant Zigante, à Livade. Dans cette adresse gastronomique appartenant à un ancien chasseur de truffes, on savoure des truffes fraîches toute l’année.
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Snack bar Rio, à Rovinj. Il ne faut pas se fier aux apparences: ce restaurant de la marina n’a rien d’un simple snack. Notre suggestion? Le poulpe moelleux, le poisson frais et les fuži (pâtes locales) aux fruits de mer.
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Pizzeria Rumore, à Labin. Leur pizza napolitaine au pesto de pistache, provola et mortadelle vaut largement le détour.
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Jistra adventures. Parfait pour découvrir l’Istrie en douceur depuis l’eau, en kayak ou en paddle autour du cap Kamenjak, par exemple.
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Hôtel La Grisa, à Bale. Un hôtel familial charmant et élégant, situé dans le centre historique de Bale.
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Hôtel Peteani, à Labin. Une adresse idéale pour explorer la côte Est de la péninsule, avec ses nombreuses plages rocheuses et ses criques bien cachées.
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