Envies de paradis: on rêve de Guadeloupe en attendant le feu vert
Une trentaine de terres flottantes dessinent l’archipel guadeloupéen. Faciles d’accès depuis la Belgique, elles offrent la plus large diversité de paysages et d’activités des Petites Antilles. Alors on rêve en turquoise… en attendant le feu vert.
Les pieds dans l’eau luminescente
Ne nous voilons pas la face. Après des mois d’hiver et d’enfermement, nous sommes nombreux à n’aspirer qu’aux plaisirs simples du soleil, des grands espaces, des plages de sable fin et des lagons turquoise pour nos prochaines vacances. Tels sont certains des principaux attraits de la Guadeloupe, d’autant plus facilement accessible que la compagnie Air Belgium relie directement Charleroi à Pointe-à-Pitre quatre fois par semaine à prix plancher. Encore faut-il pouvoir en sélectionner les plus belles pépites loin des grandes foules, tant les opportunités sont variées sur la trentaine d’îles et d’îlots que compte l’archipel.
Côté plages, il y en a de toutes les couleurs, certaines comptent même parmi les plus belles du monde. Sable blanc et cocotiers à Bois Jolan (Grande-Terre), doré sur l’Anse de la Perle (Basse-Terre), rose sur la plage de Cluny (Sainte-Rose), volcanique à Malendure (Bouillante), carrément noir à Grande Anse (Trois Rivières)… De la plage à la mer translucide des Caraïbes, il n’y a qu’une vague… ou une vaguelette que l’on franchit en kayak ou en paddle, au coucher du soleil, dans le lagon du Grand-Cul de Sac Marin. Ce Parc national, classé Réserve de la Biosphère par l’Unesco, abrite une baie peu profonde de 15 000 hectares protégée par une barrière de corail et située à la croisée des deux grandes îles formant le légendaire « papillon » guadeloupéen (vu du ciel): Basse-Terre la montagneuse et sauvage d’un côté, Grande-Terre la plate et plus peuplée de l’autre.
C’est le plus grand lagon des Antilles. On s’y glisse du côté du pittoresque village de pêcheurs de Morne-à-l’Eau pour naviguer en douceur d’îlet en concrétion corallienne, de mangrove clairsemée en forêt de palétuviers, jusqu’à la tombée de la nuit. Alors, la mer s’illumine littéralement, comme parcourue d’un courant bleu électrique intense. En cause, l’étonnant plancton bioluminescent totalement inoffensif qui abonde dans ces eaux protégées – comme ailleurs autour des îles de Guadeloupe. Un spectacle unique.
On plonge. Les îles de Guadeloupe sont le paradis des plongeurs qui trouveront leur bonheur au sein de la réserve Cousteau, à l’ouest de Basse-Terre. Elle doit son nom au buste en pierre du célèbre Commandant immergé par 10 mètres de fond, au coeur du bien nommé Jardin de Corail. Trois épaves ont été coulées autour des îlets Pigeon afin de recréer du récif corallien où s’alimentent une kyrielle de poissons tropicaux et tortues. La plongée nocturne, accessible aux débutants accompagnés d’un moniteur, permet d’y rencontrer de nombreuses espèces en chasse, de la langouste cuivrée au crabe-araignée, en passant par le poulpe à points blancs. Quant aux tortues marines, on ne se contente pas de nager avec elles, on peut aussi les observer en période de ponte (mars à octobre) sur plusieurs plages de l’archipel: Cluny à Sainte-Rose, Anse de la Perle à Deshaies ou Vieux-Fort à Marie-Galante.
Les jambes dans le vert luxuriant
Côté cour, les joies du farniente ou des activités nautiques et sous-marines. Côté jardin… l’aventure! Celle-ci se vit à 1.467 mètres d’altitude, au sommet de la Soufrière, le volcan qui constitue le socle de la verdoyante Basse-Terre – la « Vieille Dame », comme on l’appelle ici. La randonnée est aussi accessible qu’incontournable, malgré l’inclinaison marquée de certaines pentes. Récompense au bout de l’effort: un panorama à 360 degrés sur les îles et les massifs montagneux, dont les fameuses Mamelles caractéristiques du relief guadeloupéen. Et le parc qui en fait le tour.
En chemin, on admire les trois cascades des chutes du Carbet, considérées comme les plus belles des Petites Antilles. La plus haute atteint 115 mètres. La plus petite en fait 20, mais invite à la baignade dans les eaux cristallines de son bassin. On se penche aussi sur l’impressionnant gouffre de Tarissant, d’où s’échappent de fortes nuées de vapeurs de soufre. Les plus aventureux prolongeront le plaisir de la rando par un bivouac au coeur de la forêt tropicale. Sans crainte: la Guadeloupe n’est pas l’Amazonie, aucun insecte ni serpent venimeux ne viendra troubler votre sommeil. A part quelques moustiques.
Tout au long du trek, vous aurez en revanche l’opportunité de découvrir quelques-unes des 1.800 espèces de plantes et 280 espèces d’oiseaux qu’abrite le Parc national de Guadeloupe. Dont certaines endémiques. Beaucoup se rencontrent aussi dans les jardins botaniques (dont celui de Deshaies ouvert sur l’ancienne propriété de l’humoriste Coluche), les parcs zoologiques ou autour de l’originale Maison de la Forêt, point de sentiers aménagés jusque dans les arbres et partant à la rencontre de nombreux animaux en semi-liberté… ou en liberté tout court, à l’instar des 10.000 iguanes qui courent sur l’île-réserve de Petite Terre.
On s’oxygène. La luxuriante végétation des îles de Guadeloupe invite à multiplier les activités sportives de pleine nature. Du canyoning à l’accrobranche, en passant par l’original vélovolant, qui permet de pédaler dans les airs, au milieu de la canopée, grâce à un ingénieux dispositif de câbles aériens. Les marcheurs préféreront suivre les Traces, ces chemins de randonnée aménagés pour explorer les cadres les plus enchanteurs. Comme la Trace des Etangs, qui sillonne l’île plus confidentielle des Saintes en multipliant les vues exceptionnelles sur un lagon par-ci, une curiosité naturelle par-là ou tout l’archipel au bout du chemin. Sur l’île de La Désirade, la promenade au fil du Jardin du Désert permet de découvrir 3.500 spécimens (et 800 espèces) de cactus.
La tête dans les souvenirs du passé
Festive et joviale, la culture créole multiplie en Guadeloupe les événements artistiques et musicaux ainsi que les célébrations – même s’il faut encore tenir compte des mesures anti-Covid limitant les rassemblements. Elle aime aussi rappeler d’où elle vient: d’un harmonieux mélange entre civilisations amérindiennes s’y étant succédé depuis l’ère précolombienne et communautés africaines issues de l’esclavage. Sans oublier les colons européens qui ont pris le contrôle des îles atlantiques dès le XVIe siècle pour y cultiver la canne à sucre et les épices. Ou s’en servir comme bases arrière pour leurs conquêtes américaines.
Le Parc des Roches Gravées à Trois-Rivières (Basse-Terre) témoigne de la présence amérindienne dans l’archipel, bien avant l’arrivée des Européens, il y a plus de 1.700 ans. Dans un jardin luxuriant, de superbes pétroglyphes sont autant de témoignages gravés sur les roches volcaniques par les Arawaks. Classées Monuments historiques, on leur attribue une signification religieuse et c’est en Guadeloupe que l’on en trouve la plus grande concentration de toutes les Caraïbes. Sont venus ensuite les Indiens Caraïbes, présents depuis des millénaires dans l’arc antillais mais arrivés dans les Antilles au VIIIe siècle. L’histoire des civilisations amérindiennes se dévoile au Musée archéologique Edgar Clerc au Moule (Grande-Terre) à travers une imposante collection d’art et d’objets précolombiens. D’autres Indiens sont arrivés au XIXe siècle, venus d’Asie cette fois pour pallier le manque de main-d’oeuvre suite à l’abolition de l’esclavage en 1848. C’est une communauté toujours vivante qui a imprimé sa marque dans l’archipel, où plus de 400 temples célèbrent les innombrables divinités hindoues.
On commémore. Premier projet au monde à avoir reçu le label de l’Unesco, la Route de l’Esclave est un itinéraire conçu pour en découvrir les témoins matériels qui jalonnent encore le paysage des îles de Guadeloupe. Autrement dit: les sites et les lieux de mémoire liés à l’histoire de l’esclavage. Vestiges de la poterie Fidelin à Terre-de-Bas (Les Saintes), écomusée de l’Habitation Murat à Marie-Galante, Musée Schoelcher à Pointe-à-Pitre et sa bâtisse du XIXe siècle, Marches aux Esclaves à Petit-Canal (Grande-Terre) ou Fort Delgrès (Basse-Terre), bastion de la résistance guadeloupéenne face au rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802… L’habitation Roussel Trianon à Grand-Bourg (Marie-Galante), elle, est l’un des plus beaux sites sucriers des Antilles, dont l’imposant moulin ou l’ancienne écurie en briques et pierres de taille témoignent d’une époque florissante pour les uns, dramatique pour les autres – mais ô combien révélatrice de ce que fut la colonisation européenne au prix de l’asservissement.
L’estomac dans les fourneaux créoles
Qu’on la déguste dans l’un des nombreux bars de plage, les pieds dans l’eau ou à la table gastronomique de l’un des douze maîtres-restaurateurs de l’archipel, le métissage créole donne une couleur particulière à la cuisine guadeloupéenne. Savoureux mélange d’influences européennes, d’ingrédients autochtones ou africains, d’épices indiennes et de savoir-faire local, elle aligne les spécialités dont les noms évocateurs donnent l’eau à la bouche.
Acras de morue, fricassée de lambi (conque à la chair savoureuse), ragoût bébélé à base de tripes et de fruit à pain, dombrés aux ouassous (boulettes de farine aux crevettes géantes) et autres kassav’ fourrés à la noix de coco confite ou à la confiture de banane n’en sont qu’un maigre aperçu. Sans oublier les fruits de mer à toutes les sauces (crabes, crevettes, langoustes…) ni les fruits exotiques en abondance, souvent cuisinés dans de succulents sucrés-salés. Ni, surtout, les curiosités à déguster sur le pouce, au marché ou à l’étal d’un camion ambulant. La street food est aussi répandue ici qu’en Asie, et les spécialités du cru n’ont rien à envier à leurs cousines orientales. Très populaire burger local, le bokit est un petit sandwich frit à l’huile et garni de poulet mariné, morue, fromage et/ou légumes grillés. Il faut aussi goûter à l’incontournable poulet boucané dont le fumet se hume à des lieues sur la route: baigné dans un mélange d’ail, de piment et de citron, il se déguste avec du riz, des gratins de légumes et la fameuse sauce chien, composition relevée qui n’a rien à voir avec l’animal.
On boit. Les visiteurs les plus sobres n’y échapperont pas! La culture d’une canne à sucre gorgée de soleil produit une diversité de rhums agricoles à faire pâlir d’envie un malt master de whisky écossais. Jeune ou vieux, léger ou aromatisé, blanc ou ambré, on le dégustera de préférence dans l’une des neuf distilleries familiales qui font la renommée mondiale du rhum guadeloupéen. Et se visitent comme autant de vitrines d’une tradition séculaire à laquelle la traite des êtres humains a payé son tribut. Sec, en planteur ou en ti-punch, disons qu’on le boira à leur santé.
Se renseigner
Circuits, activités, culture, etc.: lesilesdeguadeloupe.com
Y aller
Les Antilles accessibles directement à partir de la Belgique? Dès que les frontières françaises auront rouvert, ce sera possible grâce à la compagnie Air Belgium, qui reprendra ses quatre rotations hebdomadaires de Charleroi vers Pointe-à-Pitre en Guadeloupe et Fort-de-France en Martinique. Cela à partir de 404 euros A/R. Infos Covid et réservations: airbelgium.com
Y séjourner
La Caravelle. Village emblématique du Club Med situé sur l’une des plus belles plages des Caraïbes, l’établissement vient de s’offrir un lifting en profondeur. Avec la volonté de refléter l’identité locale grâce au concours de nombreux artisans et objets de décoration du coin, ce resort ne paraît pas ses quasi 50 ans (il les aura en 2023). Points forts: une zone familiale de jeux aquatiques et un nouvel Oasis Zen réservé aux adultes en quête de farniente et de bien-être, doté du tout nouveau Spa Club Med by Sothys, d’une plage et d’un restaurant enfants non admis. Le tout certifié Green Globe Gold en 2019. clubmed.be/r/la-caravelle/y
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