Frissons garantis: on a nagé dans un lac gelé en Autriche

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Lotte Philipsen

En hiver, la majestueuse verdure autrichienne revêt son manteau blanc. Le décor idéal pour piquer une tête dans un lac cristallin et rencontrer des adeptes de la nage en eau froide.

Nous sortons en rampant – le plus maladroitement du monde – d’un lac de montagne autrichien dont la température est d’à peine 0,4 °C. Rien ne saurait compromettre notre enthousiasme alors que nous nous trouvons au sommet du Loser, une imposante montagne de la splendide Styrie, pas même une blessure à la jambe. Nous venons tout juste de piquer une tête dans un lac, en plein hiver, sans même broncher. En dépit de l’adrénaline qui parcourt notre corps, nous sommes d’un calme olympien, comme si le stress n’avait plus aucun pouvoir sur nous.

Dans la brume

D’ordinaire, les vues panoramiques laissent les grimpeurs bouche bée, mais aujourd’hui, un voile blanc, fait de brume et de neige, recouvre le paysage. Nous sommes le 17 février et, faute au mercure inhabituellement élevé, la neige s’est fait attendre cette année. Le lac de montagne est partiellement dégelé pour les besoins en eau de la petite station de ski de Loser qui a sorti les canons à neige. De quoi consttituer notre piscine du jour.

Nous nous changeons sur cette banquise de fortune en essayant coûte que coûte de protéger nos vêtements des rafales de pluie – sans succès. Nous avons barboté un peu trop longtemps, si bien que nos doigts engourdis ne nous sont plus d’aucune aide lorsque le moment vient d’enfiler nos chaussettes. Mais ça en valait la peine. L’expérience est inoubliable, de nos premiers pas dans le lac à notre sortie assistée par le nageur polaire Josef Köber. Qu’importe si certains nous traiteraient de fous. Quel que soit votre attrait pour les sensations fortes ou votre aversion pour le froid, l’immersion en eaux froides et ses bienfaits pourraient vous surprendre à bien des égards.

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La traversée du lac gelé Augstsee avant d’entrer dans l’eau.

Comme à l’aller, motoneiges et téléskis nous permettent de redescendre en parcourant les flancs de montagne. Que les acrophobes restent tranquilles: si la montée requiert une bonne dose de courage, la trempette gelée procure une zénitude que même ces hauteurs ne peuvent compromettre. Entourés de brume, nous dévalons la montagne avec une seule chose en tête: profiter.

Après l’effort, le réconfort. Nous rejoignons le refuge pour déguster une plâtrée de kaiserschmarrn et de knödels. Plus c’est gras, plus c’est bon, comme diraient les locaux. Nous n’aurions pu espérer un meilleur remontant après notre plongeon.

Prendre son temps

La veille, nous avons posé le pied en Autriche après un mémorable périple ferroviaire. De quoi commencer en beauté notre trip sur le thème du slow travel. Le cahot de la nuit est vite oublié lorsque les premiers rayons de soleil éclairent notre cabine et nous réveillent tout en douceur. Notre compagnon livresque n’aura pas quitté nos genoux, trop émerveillés que nous étions par les paysages défilant par la fenêtre. Le train achève son voyage en gare de Bad Aussee. Cette charmante bâtisse rose bonbon se dresse devant une série de falaises calcaires enneigées: un décor digne d’un film de Wes Anderson.

Dès notre arrivée, nous apercevons une femme occupée à la baignade. Jaloux, nous nous plaignons aux Autrichiens de notre législation nationale qui nous interdit la nage en eau libre. A notre retour, nous apprenons que ces règles sont sur le point d’être assouplies. Sacré timing.

Nous débutons notre deuxième matin les pieds dans la rosée à Grundlsee. Une tasse de thé à la main, nous attendons que le brouillard se lève. Notre voisine se jette dans le lac, toute nue, pour sa baignade matinale. Nous l’imitons quelques instants, un maillot de bain en plus. Au-dessus de nous, la brume caresse les montagnes. L’atmosphère est emplie de la douceur de la lumière matinale. On a connu pire endroit pour se réveiller. Après quatre minutes de natation dans une eau à 4,9°C, nous entamons notre petit-déjeuner bien mérité.

Notre journaliste 
a le sourire, malgré 
l’eau à 0,4 °C.

L’après-midi, nous retrouvons notre coach polaire, cette fois à l’Altausseer See, où il donne un atelier à un grand groupe de passionnés. Le soleil éclatant crée de superbes scintillements à la surface de l’eau.

Méthode douce

Josef est le président de l’association autrichienne de natation hivernale. Il a grandi à Grundlsee et a passé ses étés à barboter dans le lac qui arrose son village. Jeune homme, il voue une passion incoercible pour la course à pied, jusqu’à ce que son entraîneur lui suggère de se doper. «J’ai perdu mon père et ma sœur à un jeune âge. Un jour, j’ai compris que je courais dans l’espoir d’échapper à mes problèmes», confie-t-il. Il troque alors ses baskets pour un maillot de bain, remporte une première compétition et se lance le défi de traverser la Manche à la nage. Son amour pour l’eau froide est né. Entre-temps, Josef rafle les médailles et devient entraîneur de nage en eaux froides. Il a notamment coaché l’actrice Vicky Krieps, qui joue le rôle de Sissi, une fan invétérée d’eau froide, dans le film Corsage.

Si le Néerlandais Wim Hof fait un peu figure de gourou dans le domaine, l’Autrichien, lui, préfère faire profil bas. A notre connaissance, il n’a jamais été retrouvé accroupi sur le jet d’une fontaine à Amsterdam, contrairement à son homologue. Sa méthode repose sur la détente. Avec lui, pas besoin de câliner des inconnus. Notre prouesse est saluée par une tape sur l’épaule et par un grand sourire.

Sur le trajet du retour, nous partageons notre compartiment avec un octogénaire autrichien fringant, adepte des voyages en train. Autour du 
petit-déjeuner, il nous raconte les hivers glaciaux de sa jeunesse. «Peut-être que la jeune femme que vous êtes nourrit le désir de nager dans l’eau froide par nostalgie d’un climat plus frais et d’une époque plus calme», analyse-t-il avec justesse. Alors que nous laissons les montagnes derrière nous et que nous revenons sur la terre ferme, nous nous surprenons déjà à rêver de notre prochaine aventure polaire.

En pratique
Depuis la Belgique, vous pouvez rejoindre l’Autriche par Nightjet. Ce voyage a été rendu possible grâce à Austria Tourism. Informations sur les ateliers de nage en eaux glacées de Josef Köberl : josefkoeberl.at

à proximité
Paradis de verdure bercée par les flots cristallins, Ausseerland Salzkammergut satisfait tant les envies de natation que de randonnée, 
entre bien d’autres activités.

• Côté bien-être, au Narzissen 
Vital Resort, vous pourrez vous prélasser dans des bains d’eau naturellement salée ou dans le sauna avec une jolie vue sur les montagnes de Dachstein.

• Capitale européenne de la culture 2024, Bad Ischl revêt également la casquette de station thermale mondaine.

• La région de l’Ausseerland Salzkammergut compte quelques petites stations de ski, idéales pour des vacances en famille. steiermark.com

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