Idées de voyages pour veggies convaincus

Aux Philippines, The Farm at San Benito propose cures véganes, yoga ou spa dans un décor verdoyant. © LUCA TETTONI/COURTESY OF THE FARM
Philippe Berkenbaum
Philippe Berkenbaum Journaliste

Le tourisme végétarien et végan, notamment, se développe rapidement. Tour d’horizon d’un secteur qui voit large… et loin.

Jean-Pierre, 54 ans, a été converti au végétarisme par sa fille Mélissa, qui le pratique depuis qu’elle est sortie de l’adolescence. Elle est depuis quelques années devenue complètement végane, lui s’autorise encore les produits de la mer, poissons et crustacés. Mais il leur est souvent arrivé, lorsqu’ils voyageaient ensemble (ou même séparément), d’être confrontés à cette situation que connaissent bien leurs pairs :  » Une fois confortablement installés à l’hôtel, on s’aperçoit que la carte du restaurant ne propose que des plats à base de produits d’origine animale, évoque ce cadre bruxellois. Bien sûr, nous y sommes systématiquement attentifs aujourd’hui, mais il n’est pas toujours simple de trouver un hébergement  » vegan friendly « , ça limite considérablement le choix. Et même ceux qui se disent ouverts aux végétariens n’offrent en général pas grand-chose de consistant. On ne prend jamais la demi-pension pour éviter les mauvaises surprises.  »

The Country House Montali, hôtel végé situé en Ombrie (Italie).
The Country House Montali, hôtel végé situé en Ombrie (Italie).© GIORGIO VIOLINO

Quand on cherche un lieu de vacances, on s’intéresse généralement au climat, aux sites qu’on aimerait visiter, aux paysages, aux populations et à la langue locales, à la distance, au prix de l’avion, à celui de l’hébergement et au coût de la vie. Désormais, le régime alimentaire devient également un critère de sélection, et en la matière, le végétarisme prend de plus en plus de place. Même si on ne peut pas (encore ? ) parler d’un raz-de-marée, plusieurs voyagistes que nous avons interrogés nous disent être régulièrement confrontés à des demandes en ce sens – jusque dans le choix des destinations. Soit par conviction, en phase avec le mouvement général anti-viande qui fleurit dans nos sociétés, soit par opportunisme, le tourisme bien-être qui a la cote peut impliquer aussi une remise en question de ses habitudes alimentaires. Fût-ce le temps d’un voyage. Bien sûr, le véganisme dépassant le cadre strictement alimentaire, il s’applique également pour l’ameublement, l’hygiène, les cosmétiques… Ce qui réduit considérablement le champ des possibles lorsqu’on débarque en terre inconnue.

Les restos d’abord

Joël Robuchon, un pionnier à l'écoute du temps.
Joël Robuchon, un pionnier à l’écoute du temps.© HERVE AMIARD

En revanche, l’offre gastronomique s’étoffe pour les végétariens (ni viande ni poisson) et les végétaliens (pas de dérivés non plus comme le lait, les oeufs, le fromage, etc.) aux quatre coins de la planète. Comme le rappelle le site français voyageons-autrement.com, c’est Joël Robuchon, le chef le plus étoilé du monde, qui déclarait :  » La cuisine végétarienne sera celle des dix prochaines années « , en ouvrant à Bombay son premier restaurant sans viande début 2015. C’est évidemment plus simple dans un pays – l’Inde – où le végétarisme est déjà bien ancré dans la culture. Mais l’idée fait école. A Paris, Alain Ducasse a rayé la viande de la carte historique du Plaza Athénée. A Copenhague, le célèbre Noma est végétarien la moitié de l’année depuis 2016. New York, désignée  » ville la plus veggie friendly  » par l’organisation de protection animale Peta en 2014, comptait à l’époque plus de 150 restos végétariens ou végétaliens. Ils sont aujourd’hui 300 rien qu’à Milan, où fut décernée la première étoile Michelin à un resto végétarien il y a vingt ans déjà. C’était au Joia du chef Pietro Leemann. Et Berlin vient d’être désignée capitale des végétariens par le magazine américain Saveur.

Voilà pour la gastronomie. Mais en voyage, on ne passe pas son temps dans les grands restaurants. Pour les adeptes de cuisine et/ou de produits d’origine non animale, les vacances s’apparentent souvent au parcours du combattant. Pour s’y retrouver, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes : les agences spécialisées dans l’organisation de voyages végans ou végétariens se comptent sur les doigts d’une main – et encore faut-il aller les chercher en France ou dans les pays anglo-saxons.

L'Inde est un véritable paradis pour les végétariens.
L’Inde est un véritable paradis pour les végétariens.© GETTY IMAGES

Pour ce qui est des destinations, hôtels et restaurants veggies, le Web fourmille de classements plus ou moins fiables. C’est une thématique tendance pour de nombreux blogueurs adeptes du slow travel ou du tourisme responsable. En tapant les mots clés voyage/tourisme/destination et végan/végétarien/veggie dans n’importe quel moteur de recherche, on trouve facilement une escapade à son goût. Mais comme en la matière, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, rien de tel que quelques trucs et astuces pour surmonter tous les obstacles.

– Dans l’avion. La plupart des compagnies proposent désormais des menus adaptés. Il suffit d’en faire la demande lors de la réservation et/ou du check-in en ligne.

– Interrogez la communauté. Vous faites partie d’une grande famille qui n’apprécie rien tant que partager ses coups de coeur, conseils et découvertes. Les forums de discussion abondent où vous trouverez les bonnes adresses et les bons plans, où que vous atterrissiez dans le monde. Avec les incontournables reviews.

– Au restaurant. N’essayez pas de traduire phonétiquement le mot végétarien quand vous commandez un plat, il ne signifie rien dans la plupart des pays. Utilisez plutôt un bon traducteur pour être précis dans vos demandes :  » sans viande « ,  » sans poisson « ,  » pas d’ingrédient d’origine animale « , etc. La Vegan Society a édité un petit livre de poche décrivant ce qu’un végan peut consommer ou pas et traduit dans la plupart des langues.

www.vegansociety.com

– Apprenez à cuisiner. Privilégiez les chambres d’hôtes et autres Airbnb dotés d’une kitchenette où vous ferez fricoter tout ce dont vous avez envie, après avoir écumé les marchés locaux pour dénicher les ingrédients du cru. Il est de plus en plus facile de trouver aussi, en voyage, des cours de cuisine pour apprendre à les préparer à la sauce locale. Et ce sont autant de recettes que vous rapporterez chez vous, pour votre propre plaisir ou celui de vos proches.

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