Les Maldives, paradis réglementé, les pieds dans l’eau
Sable poudre, lagon turquoise, végétation luxuriante, villas sur pilotis… La magie de cette alchimie opère d’île en île. Si le paradis existe, il doit peut-être ressembler à ces atolls magnifiques dont les hôtels – essentiels à l’économie locale – façonnent l’autre partie du décor.
Etrange pays à fleur d’eau, que les Maldiviens dénomment » Dhivehi Raajje « , île royaume. Un » royaume » réparti entre 26 atolls qui flirtent avec l’équateur, éparpillés sur 800 km du nord au sud. Mises toutes ensemble, ses 1 199 îles couvrent une superficie d’à peine 300 km2. Un peu plus de 300 000 habitants sont éclatés en deux centaines de communautés séparées par l’océan. Certaines comptent moins de 200 âmes et sont parfois isolées à plusieurs centaines de kilomètres des îles principales. En total contraste avec Malé, surpeuplée, qui ne dispose de plus aucun terrain pour de nouvelles constructions.
L’île-ville est la première vision que le voyageur découvre des Maldives : 150 000 personnes sur 2 km2 ! Bien qu’elle ait doublé de superficie en comblant son lagon, ses limites atteignent à présent de toutes parts les tombants profonds. Elle ne pourra donc plus s’agrandir. Malé est ainsi la seule île-capitale de la planète. Juste en face, se trouve l’île-aéroport. A peine sorti de l’aérogare, on arrive déjà devant l’embarcadère des bateaux pour les îles-hôtels. Et au bout des pistes, les hydravions pour rejoindre les atolls éloignés…
Aux balbutiements du tourisme aux Maldives, les voyageurs étaient hébergés soit chez l’habitant, soit dans les premiers petits hôtels faits de corail et de poutres en cocotier, une douche d’eau de mer et de l’électricité quelques heures par jour pour toutes commodités. Une façon de voyager qui attire très vite les Robinsons des seventies, qui s’installent parfois sur des îles désertes, vivant des ressources offertes par la mer… Le contact de ces hippies avec les locaux n’étant pas toujours évident, les autorités édictent en 1984 une loi interdisant de séjourner ailleurs que dans les hôtels ou sur Malé.
Depuis les années 70, une centaine de resorts ont été inaugurés et, chaque année, le gouvernement met aux enchères des concessions pour quelques îles supplémentaires, une rareté entretenue dans le but de maintenir des prix élevés. Mais attention, le groupe hôtelier qui remporte l’offre n’aura jamais la propriété de l’île et ne bénéficiera que d’un bail pour une période déterminée. Et devra s’acquitter d’un loyer annuel de 8 dollars par mètre carré.
Ainsi, lorsqu’on réserve son voyage aux Maldives, c’est d’abord un hôtel que l’on sélectionne. Où l’on retrouve à chaque fois ce spectacle paradisiaque d’un petit village de bungalows sous les cocotiers, en bordure de plage ou posé sur le lagon. Du luxe souvent très inspiré, qui montre à quel point le pays, certes contestable dans sa politique sociale et son application plus qu’ambiguë de la notion des » droits de l’homme « , en impose par son art de recevoir au niveau touristique.
Du repos et de l’eau
Nous prenons la direction d’Ari. Les clients du Constance Halaveli s’installent au lounge privé, dans de petites alcôves privatisées par des voiles blancs. Un vol en hydravion, c’est évidemment la plus belle façon de découvrir les atolls – un substantif emprunté à la langue des Maldives – et les îles frangées de lagons turquoise.
Luxe suprême : ici, on vit pieds nus !
La majorité des hébergements sont posés sur l’eau, invitant au lâcher-prise. Les water villas ont beau être suréquipées, elles ne renient en rien la tradition locale, que l’on retrouve dans les matériaux ou dans le dessin de la charpente du toit, en forme de bateau renversé. L’eau constitue le thème central : le lagon, bien sûr, mais aussi la baignoire avec vue sur la mer et éclairée de bleu chaque soir, ou encore la piscine à débordement de la terrasse. Les cocotiers, courbés par les alizés, penchent leurs palmes au-dessus de l’eau. Le sable est blanc et farineux. A côté de cela, les responsables insistent : le moindre voeu peut être exaucé, entre le désir de renouveler son engagement de mariage, de pique-niquer sur le banc de sable d’une île déserte ou, bien entendu, de venir pieds nus au restaurant… Et c’est pratiquement une constance dans l’offre hôtelière des Maldives : l’endroit respire la tranquillité, seulement bercée par les alizés avec, en bruit de fond, le clapotis du lagon ou le remous d’un poisson en chasse.
Un dîner sous la mer
Autre destination, autre ambiance. A une demi-heure d’hydravion de Malé, l’Anantara Kihavah a ouvert ses portes en 2011. Et s’est très vite positionné parmi les meilleurs resorts des Maldives.
Premier coup de coeur pour l’environnement : verdoyante, cette île est l’une des mieux préservées de l’archipel. Elle fait partie de l’atoll de Baa, classé par l’Unesco en tant que réserve de biosphère. La végétation a volontairement été laissée dans son état originel et aucun arbre n’a été arraché pour construire les bâtiments, insérés entre les cocotiers. Pour se déplacer, chaque client dispose de son vélo – et non d’une voiture électrique. Même politique sous l’eau : le corail est le fondement vital du lieu, raison pour laquelle l’hôtel a lancé un programme de plantation. Concrètement, un hôte peut acheter un socle et planter lui-même des pousses de corail sur cette structure avant d’aller le déposer en mer.
A midi, la lumière verticale illumine le récif qui entoure le fantastique restaurant sous-marin Sea. L’expérience est pour le moins fascinante : on s’attable dans un décor » vivant » toujours en mouvement, au milieu des gros poissons-perroquets et des poissons chirurgiens. Un petit peuple paisible parfois perturbé par la venue d’un requin de récif. En fin d’après-midi, c’est le bar Sky qui régale, offrant la vue sur le coucher du soleil. Dans ce genre de resort, le moindre détail compte : petite serviette rafraîchissante présentée sur un plateau pour dompter l’humidité de l’île, ou bibliothèque à disposition autour de la piscine. Objectif : rendre la vie des clients la plus douce possible. Rien de plus cohérent quand on sait que le tourisme représente la plus grosse industrie du pays, avec environ 1,2 million de visiteurs annuels.
Raffinement à l’orientale
L’île Emboodhu Finolhu reste assez proche de Malé que pour s’y rendre en vedette rapide. Elle s’étend comme un croissant de lune sur un immense lagon turquoise, l’un des plus vastes de l’archipel. Il ne faut franchir qu’une vingtaine de mètres pour passer d’un rivage à l’autre et rejoindre la longue plage de sable. Raison pour laquelle la plupart des chambres du Taj Exotica sont construites sur pilotis. Des entités où règne l’élégance, et où l’on prend son bain face à l’océan. Petite fierté locale : la suite présidentielle, posée en bout de lagon, est classée par Condé Nast Traveller parmi les 100 plus belles de la planète.
L’hôtel est également réputé pour sa gastronomie teintée d’accents indiens, à savourer sur la plage au 24 Degrees. L’Inde est aussi présente côté soins : le Jiva Grande Spa peut s’enorgueillir de prodiguer des massages ayurvédiques et soins holistiques de haut vol, avec l’océan en toile de fond. Toutes les journées, ici, se terminent à la lueur des lanternes. Dîner sous les étoiles, les pieds dans le sable… Des bonheurs assez simples, mais qui prennent une autre dimension à fleur de lagon.
En mode « Robinson de luxe »
Un dernier soupçon de paradis ? A quarante minutes de bateau du Halaveli, Moofushi est un petit bijou d’île d’à peine 300 mètres de longueur d’où partent deux longues rangées de villas posées sur le lagon. Mais où il n’est pas rare de se retrouver tout seul face à l’océan Indien.
Ici, on n’oublie pas d’avancer sa montre d’une heure. C’est une petite astuce adoptée par plusieurs resorts de l’atoll d’Ari afin de profiter encore mieux des heures de soleil, principalement en début de soirée. Autre spécificité des lieux : une formule » all in » qui reste encore atypique aux Maldives, avec des cocktails, plus de 110 références de vins, parfois bio, sélectionnés et mis en carafe à table par des sommeliers.
Une excursion choisie par l’hôtel fait également partie de la formule. Le choix est vaste, tout comme les activités qui rendent le séjour encore un peu plus paradisiaque : petit-déjeuner en tête-à-tête sur un banc de sable, jusqu’à ce que la marée rappelle à l’ordre ; mini expédition d’une journée à la recherche des requins-baleines ; dégustation de grands crus les pieds dans l’eau, ou plongée avec les raies mantas…
En pratique
Se renseigner
Un site Web en français, avec activités, logements et infos pratiques :
Y aller
SriLankan Airlines propose plusieurs vols hebdomadaires entre Paris et Malé via Colombo (au Sri Lanka). Ce qui permet de réaliser un intéressant combiné.
Se loger
Constance Halaveli : www.constancehalaveliresorts.com
Anantara Kihavah : kihavah-maldives.anantara.com
Taj Exotica : taj.tajhotels.com
Moofushi : www.constancehotels.com
Période idéale
Eviter les mois de juillet, août et septembre.
A faire
Une plongée avec bouteilles, même si elle a ses atouts, n’est pas essentielle. Un simple masque et un tuba permettent d’observer à son aise les récifs coralliens les plus spectaculaires qui affleurent souvent à moins d’un mètre de la surface. La visibilité est idéale de janvier à avril.
Précautions
Sable blanc, eau et soleil équatorial, tout est réuni pour un rayonnement solaire maximal. Même les peaux foncées doivent se protéger.
Ici, on n’emporte rien, que ce soit même du corail ou des coquillages.
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