Les meilleures et les pires tendances de la dernière décennie en matière de voyages

Le slow travel ou l'art de prendre le temps © Getty Images
Elke Lahousse
Elke Lahousse Journaliste

À l’aube de l’année 2020, jetons un regard rétrospectif sur les plus belles, mais aussi sur les pires tendances en matière de voyages de ces dix dernières années. Du slow travel à l’influence d’Instagram en passant par la honte de prendre l’avion, voici à quoi a ressemblé la décennie précédente.

1. Le slow travel

En réaction à la croissance des chaînes de restauration rapide, le concept de slow food a vu le jour en Italie à la fin des années 80. Dans le même ordre d’idées, le slow travel a également gagné en popularité au cours de la dernière décennie : voyager lentement (et souvent hors ligne) pour échapper à la frénésie de la vie quotidienne. Le slow travel n’est pas tellement une façon de faire, mais un état d’esprit qui encourage les voyageurs à ralentir. Humer le parfum des roses, admirer la pluie d’étoiles dans le ciel ou profiter de l’hospitalité qui survient parfois de façon inattendue, le slow travel se décline de plusieurs manières. Que vous preniez le train pour la Norvège, fassiez vos courses sur un marché de producteurs italiens pour un pique-nique estival, ou parcouriez Oman à vélo, le but est de prendre le temps de rencontrer les populations locales, s’ouvrir à des coutumes différentes, et prendre conscience que c’est le voyage qui compte, pas la destination.

Selfie devant le pont du Golden Gate à San Francisco
Selfie devant le pont du Golden Gate à San Francisco© Getty Images

2. Place à Instagram

Où partons-nous en vacances cette année ? Dans ce bel endroit que nous avons repéré sur Insta bien sûr ! Aux yeux des jeunes bourlingueurs tout particulièrement, le guide de voyage classique comme Lonely Planet a fait place à Instagram. Près de dix ans après son lancement, l’application photo regorge de cascades impressionnantes, d’hôtels design colorés et de villages d’une blancheur immaculée. De plus en plus de photographes et d’influenceurs gagnent leur vie en faisant connaître sur Instagram les îles oubliées et les villages pittoresques, où il ne semble pas y avoir une âme. En réalité, ces lieux sont inondés par des touristes, déversés par des dizaines de bus et venus pour immortaliser ce crépuscule censé générer des milliers de likes. Le rêve qu’Instagram représente pour les offices de tourisme et les destinations photogéniques s’est transformé en cauchemar ces dernières années. Si les îles grecques comme Santorin et Mykonos semblent faites pour les instragrameurs, elles ne peuvent pas accueillir un nombre infini de touristes.

L'Acropole bondé à Athènes en Grèce
L’Acropole bondé à Athènes en Grèce© NurPhoto via Getty Images

3. Le surtourisme

En raison de l’influence galopante d’Instagram sur notre comportement de voyageur, mais aussi de la montée en puissance des compagnies aériennes et des chambres d’hôtel à bas prix grâce à des initiatives comme Airbnb, le surtourisme est devenu un phénomène mondial qui n’a cessé de prendre de l’ampleur au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, Barcelone attire tellement de visiteurs que ses habitants considèrent le tourisme comme un problème plus important que la pauvreté. Dans des villes comme Venise, Amsterdam et Rome, les locaux protestent avec véhémence contre l’affluence des touristes, les parcs ou les restaurants bondés et la hausse des prix. Même au sommet de l’Everest, il faut faire la queue.

Mais les touristes en font également voir de toutes les couleurs à de petites destinations moins connues. Dans la ville piétonne de Giethoorn aux Pays-Bas, les habitants n’apprécient guère les visiteurs qui viennent en nombre et se comportent comme s’ils étaient dans un parc d’attractions. Hallstadt, un village des Alpes autrichiennes, accueille chaque année un million de curieux, au grand dam de ses 800 habitants. Et submergée par les touristes en croisière, la ville médiévale de Kotor au Monténégro risque de perdre son statut de site du patrimoine mondial de l’Unesco.

Lits superposés dans un décor design : l'auberge de jeunesse Generator à Rome
Lits superposés dans un décor design : l’auberge de jeunesse Generator à Rome© Generator

4. Des auberges de jeunesse branchées

Il y a cinq ans, elles étaient l’apanage des baroudeurs funky qui cherchaient un endroit bon marché où dormir et ne rechignaient pas à s’allonger dans un lit superposé ni à partager leur salle de bains et leurs toilettes avec d’autres hôtes. Mais les auberges de jeunesse ont récemment subi une métamorphose spectaculaire à grand renfort de suites de luxe, rooftops, piscines et cours de yoga. Grâce à une approche et une offre renouvelées, les exploitants espèrent attirer un autre type de voyageurs. Avec des établissements en Europe, notamment à Rome, Amsterdam et Paris, Generator est l’une des chaînes qui a offert une cure de jouvence aux auberges de jeunesse.

Les promenades à dos d'éléphant seront interdites à partir de 2020 à Angkor Vat au Cambodge
Les promenades à dos d’éléphant seront interdites à partir de 2020 à Angkor Vat au Cambodge© Universal Images Group via Getty Images

5. La honte de prendre l’avion et le respect des animaux

Alors que la terre s’érode sous l’effet du changement climatique, il est indéniable que le tourisme est responsable de près de 8% des émissions mondiales de CO2, les voyages en avion étant les principaux coupables. Il n’est pas étonnant que la honte de prendre l’avion – qui pousse les voyageurs à chercher des alternatives au transport aérien pour des raisons écologiques – soit devenue une préoccupation majeure en deux ans à peine. Le mouvement de la honte de prendre l’avion est né en Suède, le pays d’origine de l’activiste climatique Greta Thunberg.

Cependant, les voyageurs n’ont pas seulement honte de leur empreinte écologique. Il existe aussi aujourd’hui une prise de conscience croissante autour des attractions touristiques dans lesquelles les animaux jouent un rôle de premier plan – pensez aux promenades à dos d’éléphant ou aux baignades avec les dauphins. De plus en plus de touristes veulent respecter les animaux et des initiatives telles que l’interdiction des promenades à dos d’éléphant à partir de 2020 à Angkor Vat, au Cambodge, ou la disposition sur l’île grecque de Santorin qui prévoit que la charge que portent les ânes ne doit pas excéder 100 kg ou un cinquième de leur poids depuis 2019, contribuent à un changement de mentalité.

Le monastère arménien Khor Virap
Le monastère arménien Khor Virap© Getty Images/Lonely Planet Images

6. Rendez-vous en terre inconnue

En réponse au surtourisme croissant, le sous-tourisme est également devenu tendance au cours de la dernière décennie. Des destinations comme l’Ouzbékistan, le Kirghizistan ou les pays des Balkans qui, il y a dix ans, attiraient quatre pelés et un tondu, accueillent aujourd’hui de plus en plus de voyageurs en quête d’inédit. Par ailleurs, des agences de voyages comme srprs.me (uniquement disponible en néerlandais) connaissent un succès grandissant. Le principe ? Les voyageurs ne découvrent leur destination qu’une fois à l’aéroport ou sur la route. Appelez cela l’envie de s’évader, le besoin d’être surpris ou la soif de nouvelles expériences : en cherchant un peu, votre prochaine destination sera celle où vous vous sentirez tout sauf un touriste.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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