Mobilier, tenues, vitraux: Notre-Dame choisit la modernité pour sa réouverture
En choisissant un mobilier design minimaliste, des tenues liturgiques colorées à la Mondrian et de l’art contemporain, Notre-Dame de Paris opte pour la modernité en vue de sa réouverture le 8 décembre.
Les réservations pour la visite, gratuite, commenceront une semaine avant cette date sur le site de la cathédrale et via une application dédiée, selon le diocèse qui « privilégiera les individus avant les groupes, accueillis six mois plus tard ».
De quoi « célébrer pendant six mois la foi chrétienne et accueillir le monde entier », s’est enthousiasmé l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, en présentant ce « réaménagement intérieur » d’une cathédrale âgée de plus de 860 ans, ravagée par le gigantesque incendie du 15 avril 2019.
Buren, Pei-Ming?
A moins de six mois de sa réouverture, gravats et décombres noirs et fumants ont fait place à la lumière d’une pierre qui a retrouvé sa blondeur et sa splendeur, ternie aussi par des siècles de vie avant le sinistre.
Les couleurs des décors peints des chapelles, que l’AFP a pu voir en partie, sont éclatantes et devraient s’accorder à celles de « sept nouvelles tapisseries commandées au Mobilier national et six vitraux contemporains, qui seront installés ultérieurement dans les six chapelles du côté sud de la cathédrale », a détaillé le recteur de Notre-Dame, Olivier Ribadeau Dumas.
Daniel Buren, Hervé Di Rosa et Yan Pei-Ming figurent parmi les quelque « 110 dossiers de duos d’artistes et maîtres verriers » candidats à la conception de ces vitraux contemporains.
15 millions de visiteurs
Lorsqu’ils entreront dans la cathédrale, les « 15 millions » de futurs visiteurs attendus chaque année (contre 12 avant l’incendie) vont vivre une « expérience culturelle et spirituelle forte », a assuré le recteur.
Un tout nouveau mobilier en bronze brun, sobre et massif, très stylisé, rappelant certains décors de la série « Game of Thrones » est en cours de réalisation dans la Drôme (sud de la France) et devrait être installé en novembre. Conçu par le designer Guillaume Bardet, il est composé d’un baptistère (bassin pour les baptêmes d’un autel, d’un ambon (pupitre), d’une chaise d’évêque, de sièges et d’un tabernacle (petit meuble qui renferme le « pain consacré ») placé sur un autre autel dessiné par l’architecte Viollet-le-Duc.
C’est un « mur-reliquaire » contemporain en bois de cèdre et pavés de verre formant une auréole, conçu par Sylvain Dubuisson qui abritera « la couronne d’épines du Christ ramenée par Saint Louis ».
Guillaume Bardet a également conçu les objets liturgiques (encensoirs, calices, carafes) utilisés durant les cérémonies religieuses. Sa consoeur, Ionna Vautrin, a imaginé 1.500 à 2.000 chaises au design ajouré, en bois de chêne massif, clair, sur lesquelles s’assoiront les fidèles ainsi que des bancs et prie-Dieu, sobres et « confortables » selon ceux qui les ont essayés.
Le parcours de la visite sera doté d’une nouvelle signalétique en trois langues (français, anglais, espagnol) et ira du nord (côté Sacré-Coeur) au sud (côté Seine).
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Castelbajac
Côté tenues, prêtres, archevêques, évêques et diacres, revêtiront des robes conçues par le styliste Jean-Charles de Castelbajac, 74 ans, qui s’est inspiré de l’immense croix d’or du chœur de Notre-Dame, épargnée par les flammes dont on retrouve les « éclats » sur les chasubles dotées pour certaines, de motifs géométriques colorés à la Mondrian. Le diocèse, à qui incombe le financement du réaménagement intérieur, a refusé de le chiffrer, mentionnant des « mécènes ».
La cathédrale a retrouvé sa flèche, toutes ses charpentes, une grande partie de sa toiture en plomb et de ses ornements ainsi que ses deux croix dorées (flèche et choeur) et son coq. L’installation des équipements techniques et de protection incendie doit s’achever à la fin de l’été, en même temps que la repose des huit cloches de la tour nord, qui ont été restaurées. Elle a également retrouvé son grand orgue dont la repose est quasiment terminée, l’établissement public confirmant à l’AFP être « dans les temps ».
Notre-Dame peut accueillir « 2.500 personnes en même temps et 40.000 par jour sur 6.000 m2, soit le double (du château) de Versailles (20.000 à 22.000 personnes par jour sur 65.000 à 70.000 m2) quand le Louvre accueille 30.000 visiteurs par jour sur 210.000 m2 », a détaillé le diocèse.
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