À Zaanse Schans, les moulins à vents et autres maisons à pignons attirent des flots de touristes et Tiktokeurs désireux de profiter de sa beauté. Quitte à la gâcher par leur simple présence?
Avec ses moulins à vent et ses maisons à pignons en bordure de rivière, le village pittoresque de Zaanse Schans, prisé des touristes et des TikTokeurs, est un lieu incontournable pour qui visite les Pays-Bas. Mais ce village aux bâtisses centenaires au nord d’Amsterdam est devenu « un symbole national du surtourisme », selon les autorités locales, qui souhaitent instaurer un tarif d’entrée polémique.
Le débat houleux autour de l’entrée à 17,50 euros prévue pour l’année prochaine s’inscrit dans un contexte mondial de rejet du tourisme de masse, qui a conduit des destinations convoitées comme Venise à devenir payante pour la journée.
En ce jour d’été, la foule forme, sous un soleil radieux, de longues files d’attente devant les portails menant aux fameux moulins à vent, chacun attendant son tour pour prendre des clichés du paysage bucolique. Toute la journée, des bus déversent des flots de touristes s’entassant au fur et à mesure dans le petit village dont l’accès reste pour l’instant gratuit, constate l’AFP.
Pour le conseil municipal de la ville voisine de Zaanstad, l’entrée payante est indispensable pour préserver le patrimoine, les vieux bâtiments subissant une « forte pression » due au nombre de touristes.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
« Depuis plusieurs années, le Zaanse Schans est un symbole national du surtourisme », regrette l’adjoint au maire Wessel Breunesse. Environ 2,6 millions de touristes s’y sont rendus l’année dernière. Si personne n’agit, ce chiffre devrait passer à 3 millions dans les années à venir, selon le conseil municipal.
Un droit d’entrée pourrait réduire le nombre annuel de visiteurs à environ 1,8 million et financer la préservation des bâtiments historiques. « Ne rien faire n’est pas une option. Sans ressources suffisantes pour assurer un entretien adéquat, le patrimoine sera perdu à court terme (cinq à sept ans) », indique la commune dans un communiqué envoyé à l’AFP.
Un paysage authentique… artificiel
Ce que beaucoup de touristes ignorent, c’est que si la plupart des bâtiments du village datent du XVIe siècle, le site lui-même est en quelque sorte une création artificielle.
En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les vieilles maisons à pignons en bois étaient menacées de disparition dans toute la région. Soucieux de préserver cet héritage, le maire Joris in ‘t Veld a alors élaboré un plan: déplacer ces maisons vers un nouveau site protégé.
Le premier moulin est arrivé en 1955, la première maison quelques années plus tard. Finalement, le site « Zaanse Schans » est devenu suffisamment célèbre pour être officiellement « inauguré » par la reine Juliana en 1972.
« Le Zaanse Schans n’a jamais été conçu pour attirer les foules internationales comme c’est le cas aujourd’hui, avec des millions de visiteurs venus du monde entier », a fait remarquer l’adjoint au maire Breunesse.
Mais pour Ingrid Kraakman, une habitante, ce projet serait catastrophique pour la fromagerie dans laquelle elle travaille. « En tant que résidente de cette région, je ne veux pas vivre derrière une clôture… ce n’est pas acceptable », dit cette habitante de 62 ans à l’AFP depuis sa maison du XVIIe siècle située au coeur du village.
Mme Kraakman et son mari Ko vivent dans la région depuis 33 ans et pensent qu’une entrée payante serait fatale pour l’économie locale et l’emploi. « Il y a beaucoup d’inquiétude », a-t-elle poursuivi, estimant qu’environ 80% de l’économie locale dépend du tourisme.
Bien que sa fromagerie attire les foules avec des dégustations gratuites et la vente de souvenirs, un droit d’entrée aurait selon elle un impact négatif important sur la consommation.
Le prix à payer?
Une famille de quatre personnes devrait déjà débourser environ 80 euros avec le parking, ce qui réduirait le budget pour les achats sur place, fait-elle remarquer. « Ils ne vont pas acheter de fromage, ni d’horloges. Ils achèteront un souvenir ou peut-être le plus petit fromage disponible », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Les Kraakman ont recueilli plus de 2.000 signatures pour un référendum sur la question, mais leur initiative est jusqu’à présent restée lettre morte à la mairie. Conscient de l’hostilité de certains habitants, le conseil municipal s’est engagé à ce que le site reste gratuit pour les habitants et à ce qu’aucune clôture physique ne soit installée autour de la zone.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Bien que le dispositif soit prévu pour l’année prochaine, un amendement a été introduit pour permettre un éventuel report de la mesure. La plupart des touristes interrogés par l’AFP estiment que le voyage en vaut la peine, même s’ils devaient payer.
« C’est un endroit charmant, mais il y a parfois trop de monde et on ne peut pas vraiment profiter pleinement de l’expérience », déplore Robert Duque, un cadre espagnol de 35 ans, qui se dit favorable à l’instauration d’un droit d’entrée. Pour lui, « c’est une bonne chose, ça permet de filtrer l’arrivée des touristes et de mieux profiter des attractions ».