On a gagné la loterie des îles Féroé et découvert le volontourisme dans des paysages de rêve

Nous avons longtemps espéré être tirés au sort parmi des milliers de volontaires pour aider les locaux à nettoyer les îles Féroé, en échange du gîte et surtout, d’une expérience inoubliable. Un vœu réalisé lors de la dernière édition, en mai 2023, où nous avons découvert le volontourisme et des paysages de rêve.

«Plus grand! Plus petit! Plus rond! Il est temps de faire une pause.» Avec des bénévoles locaux et internationaux, nous trouvons et empilons des pierres de forme parfaite sur le flanc d’une montagne des îles Féroé. Un arrière-goût du poisson séché au vent du déjeuner encore en bouche, nous travaillons sur la ligne étirée de cairns, ou mânes de pierre, pour marquer la direction de marche à emprunter à travers la crête de Kaldbak, vers Signabøur. A l’horizon, la mer et les îles changent constamment de teinte tandis que le soleil perce les nuages comme un projecteur lumineux. 

A l’occasion de chaque Closed for Maintenance annuel, Visit Faroe Islands sélectionne 100 volontaires qui se joignent à une soixantaine de Féroïens pour aider à débroussailler, restaurer ou entretenir l’environnement unique des îles de l’archipel. Ayant été très impressionnés par leur situation particulière et leur nature sauvage lors d’une précédente visite, nous rêvions de prendre part à cet effort collectif. Joie: lors de notre troisième tentative, nous avons été tirés au sort parmi 4.400 enthousiastes pour la cinquième édition de ce nettoyage de printemps pas comme les autres.

Un travail d’orfèvre

Avec l’équipe Brown – du nom du bonnet de laine doublement épais que l’on nous donne – nous travaillons à Kaldbak sur Streymoy, la plus grande des 18 îles. Notre guide, Leif, est éleveur de moutons á Bøgarði, dont le refuge est notre base d’opérations. «C’est, je crois, la troisième fois seulement que je monte la montagne en tee-shirt», confie-t-il sous un ciel étonnamment bleu. Les balises en pierre sur lesquelles nous travaillons étaient autrefois formées progressivement par les agriculteurs, mais aujourd’hui, elles prêtent à confusion et il nous faut les démanteler. Soudain, la pluie s’abat horizontalement et nous sommes heureux d’être munis du fameux bonnet de laine marron ainsi que de sous-couches thermiques. A chaque fois qu’un cairn est prêt, on passe inlassablement au suivant, avec, à l’horizon, Kaldbak et des vues semblant tout droit sorties d’un documentaire sur la nature.

Des goûts acquis

Mais les îles Féroé sont aussi une aventure pour les papilles. Grâce au Gulf Stream et aux vents de l’Atlantique Nord, le séchage des aliments fonctionne à merveille dans la région, et les fermentations ont elles aussi la cote. En entrant dans la hutte de Leif, on est accueillis par l’odeur âcre d’un gigot de mouton suspendu à une poutre pour au moins six mois – ou jusqu’à ce que l’odeur devienne intenable. Le troisième soir, les dix équipes de volontaires se retrouvent à Tórshavn, la capitale, pour une grande fête. L’occasion d’échanger les anecdotes autour d’un somptueux dîner, même si ce qui ressemble à s’y méprendre à un délicieux gratin de pommes de terre s’avère plus surprenant pour les palais allochtones. C’est que ce plat de fête est en réalité composé de morue fermentée agrémentée d’intestins de mouton hachés, une spécialité aussi dépaysante que les costumes traditionnels revêtus pour l’occasion par des Féroïens ravis d’initier les étrangers aux danses locales. Siffler en travaillant, et même pirouetter un peu aussi: le volontourisme n’a jamais été plus réjouissant qu’ici.

Envie de tenter le volontourisme dans les îles Féroé?