Plongez au coeur du Machu Picchu et des trésors du Pérou, à Paris
Or et argent à profusion, parures royales spectaculaires et objets funéraires jamais sortis du Pérou sont présentés à Paris pour une exposition inédite consacrée au « Machu Picchu », zénith de l’empire inca, et aux royaumes précolombiens qui l’ont précédé.
Ouverte à partir de samedi à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, « Machu Picchu et les trésors du Pérou » a été préparée « en pleine crise du Covid », à un moment où l’ancienne cité impériale inca, perchée à 2.400 m d’altitude, « était fermée aux touristes », explique à l’AFP Carole Fraresso, commissaire et chercheuse associée au musée Larco de Lima.
Le site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a alors été filmé par des drones. Cela a permis de réaliser une expérience virtuelle immersive qui donne l’illusion, assis dans un fauteuil, de survoler la mystérieuse cité tel un condor et de s’y promener sur les traces d’un héros mythologique mi-homme, mi-félin, Ai Apaec.
À grand renfort d’ambiances sonores et lumineuses, imitant les bruits de la forêt, cette expérience testée jeudi par l’AFP débute par une immersion dans l’environnement naturel andin et se poursuit par une découverte physique et didactique de ces trésors.
Leur histoire est racontée par une signalétique nourrie de réalité augmentée (textes, images, vidéos, objets animés en 3D).
L’exposition, qui doit ensuite voyager pendant plusieurs années, restitue « les réussites des civilisations de l’ancien Pérou (Chavin, Nasca, Mochica, Huari, Chimu) à travers une sélection d’environ 200 objets issus de 3.000 ans de civilisation » qui ont précédé l’empire inca, souligne Mme Fraresso. Ce dernier n’a duré qu’environ 90 ans. Le Machu Picchu, construit aux alentours de 1450, en symbolise l’apogée.
Nature, chamanisme
Parures royales, bijoux et objets de culte en turquoise, tuniques de momies…: outre une profusion de splendeur, le visiteur découvre « comment ces sociétés pensaient et voyaient le monde sur trois niveaux: celui d’en haut supérieur, céleste; celui d’en bas, des ancêtres et des morts; et au milieu, celui des hommes », raconte la commissaire.
Agricoles et dépendant « essentiellement des cycles des saisons et du bon vouloir de la nature » pour survivre, elles sont « en connexion permanente avec ces mondes » auxquels elles font appel.
Les prêtres observent les phénomènes naturels, les astres, les décryptent et constituent un « calendrier agraire ».
Lien ancestral entre la religion et la nature, ils opèrent une « transformation chamanique, en absorbant des substances hallucinogènes pour accéder à la perception de l’animal: l’oiseau, symbole du monde d’en haut, le serpent qui se faufile dans le monde d’en bas, et le félin qui représente le pouvoir sur terre », détaille-t-elle.
Sacrifices humains
Pour « assurer une bonne récolte ou conjurer la colère des divinités après des pluies diluviennes », elles ont aussi recours au « sacrifice humain », explique Mme Fraresso.
Il débute par un combat entre guerriers, le sang du vaincu étant offert aux divinités au sommet du temple. « Parfois de jeunes vierges sont endormies avec de la +chicha+, bière de maïs fermentée — utilisées pour toutes les cérémonies — et enterrées vivantes », ajoute la commissaire.
Chez les Incas, les sacrifices humains ont lieu lors de la mort d’un seigneur ou d’un roi, l’accession au pouvoir, la naissance d’un fils… Le coeur de lamas et d’enfants est alors arraché. Plusieurs couteaux et ustensiles sacrificiels sont exposés.
« Toutes ces civilisations expliquent ce qu’a été l’empire inca, avec des incroyables gestionnaires et militaires assurant l’expansion et l’administration d’un vaste territoire de plus de 900.000 km ² », ajoute Mme Fraresso. Les Incas ont notamment développé le plus vaste réseau routier existant avant l’ère industrielle.
« Leur grande force, ajoute-t-elle, a été de savoir intégrer les réussites des civilisations antérieures ».
Le Machu Picchu, abandonné après l’effondrement de cet empire et à l’arrivée des conquistadors espagnols, est resté caché pendant 500 ans, avant d’être révélé au monde par l’explorateur américain Hiram Bingham, et ses premiers clichés en 1913. (
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