Vin: les enchères de Beaune (Bourgogne) le rendez-vous du luxe et de la charité
Des grands crus vendus au profit de bonnes oeuvres: rendez-vous annuel du luxe et de la charité, la vente des vins des Hospices de Beaune, en Bourgogne, dans l’est de la France, s’est tenue dimanche en présence des plus grands acheteurs au monde, mais sans battre de records.
Après des années de frénésie, la 163e édition de la plus ancienne enchère caritative de vins au monde, née en 1849, est revenue à la mesure.
Les recettes totales ont atteint 23,28 millions d’euros (hors frais), loin des 29 millions de l’an dernier, ce qui avait représenté un record historique à plus du double de l’ancien plus-haut de 2018 (14 millions).
C’est que le millésime 2023, s’il est généreux, a fourni moins de fûts qu’en 2022 – 753 contre 817.
« La récolte était très généreuse mais nous avons trié de manière très drastique car tous les raisins n’étaient pas propices », avait expliqué Ludivine Griveau, régisseur du domaine viticole des Hospices, qui couvre 60 hectares.
L’acteur français Thierry Lhermitte qui a annoncé « la 163e vente ouverte » sous les Halles de la « capitale » des vins de Bourgogne, face à l’Hôtel-Dieu médiéval aux tuiles vernissées, berceau des Hospices nées en 1443.
De même, le lot-vedette de la vente, un fût traditionnellement réservé à une cause particulière, a été adjugé pour « seulement » 350.000 euros (hors frais), soit quand même 1.215 euros la bouteille.
L’an dernier, ce fût, alors réservé à la cause des enfants, avait été vendu 810.000 euros.
Pour cette 163e édition, c’est au « bien-vieillir » que revient le bénéfice de ce fût d’exception, tant par le contenu (un Mazis-Chambertin Grand Cru) que par le contenant: la « pièce » a été façonnée dans un chêne de 220 ans ayant servi à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris.
Une fois la pièce écoulée, les enchères se sont poursuivies à un rythme effréné, les plaquettes numérotées se levant dans la foule des quelque 800 acheteurs d’Europe, d’Amérique et de plus en plus d’Asie, dans l’espoir de mettre la main sur un prestigieux Pommard, Corton ou autre Meursault.
« 10.000, 14.000, 18.000… », les chiffres vertigineux ont défilé dans la bouche de la commissaire.
Le Bourgogne « toujours au top! »
De 2018 à 2022, le prix moyen d’une « pièce », comme on appelle un fût en Bourgogne, a plus que doublé, passant de 16.849 à 35.980 euros.
Ce qui est présenté n’est pourtant qu’un vin primeur, qui sort donc tout juste des vendanges. Au prix adjugé, il faut donc ajouter les commissions d’enchères mais aussi le coût de l’élevage en fût, d’un à deux ans, puis de sa mise en bouteilles.
Cela ne freine pas une demande sans cesse en hausse: en 2022, la vente avait engrangé près de 29 millions d’euros, plus du double du record de 2018 (14 millions).
« Le vin de Bourgogne, malgré le prix, est toujours au top, c’est le meilleur du monde ! », assure à l’AFP Cikuni Taneyama, un Japonais qui en est à ses 5e enchères à Beaune.
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« Mondialement, tout le monde aime le bourgogne », renchérit David Hu, Chinois basé à Paris qui importe pour l’Asie. « Les prix ont beaucoup augmenté. Ca reste toujours intéressant mais il faut penser au prix maintenant », reconnaît-il.
Alain Suguenot, le maire de Beaune et président des Hospices, a cependant mis en garde contre toute conclusion hâtive. « Non, la vente des Hospices n’est pas le baromètre des prix des bourgognes », a-t-il averti, suggérant que l’absence de records des Hospices ne marquera pas la fin, pourtant tant attendue, de l’actuelle flambée des bourgognes en général.
Les enchères des Hospices ont en effet cette particularité qu’on « vient autant pour les vins que pour la charité », explique David Hu.
Les recettes engendrées sont en effet avant tout destinées à la modernisation de l’équipement des quatre hôpitaux et six Ehpad que comptent les Hospices, soit un millier de lits.
L’institut ne reçoit aucune aide de l’État pour ces dépenses, entièrement financées par les vignes confiées en legs et dons à l’établissement depuis sa fondation en 1443.
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