Ces confiseries traditionnelles qui résistent aux sucreries industrielles (en images)
Les mastodontes des sucreries industrielles ont beau être implantés depuis des années à Bahreïn, les confiseries traditionnelles ont toujours le vent en poupe dans le petit royaume du Golfe, en particulier pendant la période du jeûne musulman du ramadan.
Dans la capitale Manama, les grands centres commerciaux regorgent de marques internationales de l’agroalimentaire, comme ailleurs dans la très riche région du Golfe connue pour son consumérisme effrénée.
Mais à l’arrière de sa boutique, Mohammed Gharib remue lui-même dans une grande marmite un mélange rougeâtre de sucre, de safran et d’amandes fraîchement émondées. Ses employés saupoudrent ensuite ce mélange de noix, une version bahreïnie d’un célèbre dessert du Moyen-Orient, halwa.
Le septuagénaire en keffieh et robe traditionnelle blanche dirige l’une des plus anciennes confiseries de son pays, Hussain Mohammed Showaiter, fondée en 1850. « Bahreïn est devenu célèbre pour ses confiseries en étant pionnier dans cette industrie dans la région du Golfe », raconte Mohammed Gharib à l’AFP.
Comme le reste des pays à majorité musulmane, Bahreïn vit ce mois d’avril au rythme du ramadan, dont les journées sont partagées entre un jeûne strict et, après le coucher du soleil, des rassemblements autour de repas copieux se terminant généralement avec des desserts traditionnels.
Selon lui, la popularité de ses sucreries « perdure jusqu’à aujourd’hui ». « Hussain Mohammed Showaiter a tenu à développer cet artisanat et l’a transmis à ses enfants et petits-enfants », affirme Mohammed Gharib. Pour Mohammed Al-Fardan, les sucreries bahreïnies restent « l’aliment principal sur la table » à chaque rupture du jeûne du ramadan. « Leur présence rappelle le patrimoine et le sens de l’hospitalité à Bahreïn », explique à l’AFP ce banquier de 51 ans.
Et dans une région du Golfe qui souffrent du succès du fast-food, il tient à souligner que « les sucreries modernes contiennent des conservateurs contrairement aux confiseries traditionnelles ».Si les artisans de Manama ont à coeur de défendre cet héritage, ils n’hésitent pas pour autant à innover pour attirer les plus jeunes. C’est le cas de Saleh Al-Halwaji, qui travaille avec sa famille pour la boutique Al-Halwaji dont il a héritée.
« Mon père travaillait dans les confiseries et on l’aidait après l’école. Aujourd’hui, on travaille dans ce même domaine avec nos propres enfants », raconte ce père de famille à l’AFP. Pour « sauver » cet artisanat, Saleh Al-Halwaji dit « s’efforcer à faire évoluer les friandises et à suivre l’air du temps tout en conservant leur caractère populaire ».
« Nous faisons toujours tout nous-mêmes et c’est peut-être ce qui attire tant nos nombreux clients qui viennent acheter des confiseries mais aussi regarder leur confection derrière la vitre », fait-il remarquer. Experte du patrimoine populaire de Bahreïn, Dalal Al-Shrouqi a écrit plusieurs livres sur la cuisine traditionnelle de son pays et intervient régulièrement à la télévision ou sur les réseaux sociaux.
« Aujourd’hui, la technologie nous aide à préserver notre patrimoine populaire en le faisant découvrir aux générations futures », dit la chercheuse à l’AFP. Selon elle, plusieurs confiseurs tentent de « moderniser » certaines douceurs en y introduisant de la « crème glacée ou des biscuits, par exemple », mais, selon elle, les amateurs préfèrent toujours « les friandises traditionnelles ». « Les choses évoluent, mais l’original reste la base ».
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