En images: À Westvleteren, les moines rouvrent leurs portes pour vendre l’une des meilleures bières du monde
La Belgique commence à sortir prudemment du confinement imposé par la pandémie du coronavirus, mais ses bars et ses restaurants n’ouvriront pas avant le mois prochain. Les prières des amateurs de bières ont néanmoins été exaucées jeudi avec la réouverture de la brasserie de l’abbaye de Saint-Sixte, à Westvleteren, en Flandre, où est produite une des meilleures bières trappistes belges, pas facile à trouver.
Il n’est pas aisé de se procurer la Westvleteren. Sa production est limitée et les moines ne vendent leur trésor que sur rendez-vous, à des consommateurs individuels. Jusqu’à jeudi, leur point de vente était fermé.
La Belgique a connu l’un des taux de mortalité par habitant les plus élevés au monde à cause de la pandémie mondiale de coronavirus, et les mesures de distanciation ont été strictes.
Mais les règles de Saint Benoît imposent aux moines de travailler pour subvenir à leurs besoins. Les passionnés qui avaient réservé en ligne et étaient prêts à respecter les règles de sécurité ont pu se rendre au monastère pour récupérer leur commande.
Frère Godfried a détaillé les consignes à l’AFP. « Au feu rouge, ils doivent s’arrêter, de sorte qu’il n’y ait que deux ou trois personnes actives là où la transaction a lieu », a-t-il expliqué. « Nous travaillons sans échanges d’argent et du plexiglas a été installé », a-t-il montré.
Le respect des règles est naturel pour les membres de l’Ordre cistercien. C’est moins évident pour les laïcs. Mais leurs clients sont prêts à s’y conformer pour obtenir leur précieuse bière.
Pour Flor Holvoet, le voyage au monastère était enfin un bon prétexte pour échapper à l’enfermement. « C’était la première occasion de sortir de chez moi et de faire un voyage; de conduire jusqu’ici pour acheter de la bière de renommée mondiale », a-t-il déclaré.
Maitre Thomas Vuylsteke n’aurait normalement pas eu le temps, un jour de travail, de consacrer un instant pour une tournée de bière. Mais ses enfants ne sont pas à l’école et il faisait du « baby-sitting » à la maison. « Je n’avais plus de bières, et vendredi dernier, j’ai vu que nous pouvions en obtenir, alors j’ai passé commande pour moi et mon beau-frère, et j’ai décidé de venir les chercher aujourd’hui », explique-t-il.
Licence royale
« Le système de réservation nous permet de très bien réguler le nombre de personnes qui viennent ici », soutient le Frère Godfried, faisant référence au système d’inscription en ligne pour dissuader les revendeurs et les spéculateurs.
De plus, les frontières de la Belgique étant fermées, les amateurs de bière du reste de l’Europe et d’ailleurs n’ont pas pu se précipiter sur le nouveau lot.
« Vous devez savoir que nous vivons selon la règle de Benoît, la tradition bénédictine, qui prévoit que les moines … vivent du travail de leurs mains. Concrètement, cela signifie que nous devons vivre de notre brasserie. Il est donc très important pour nous de pouvoir recommencer à vendre. Car c’est de cela que nous vivons ».
L’abbaye a été fondée en 1831, lorsque des moines français sont arrivés en Flandre pour rejoindre un ermite, Jan-Baptist Victoor, qui vivait dans une forêt flamande. Ils fabriquaient du fromage et de la bière pour leurs propres besoins et en 1839, le roi de Belgique Léopold Ier leur a accordé une licence de brasseur.
La brasserie a subi plusieurs transformations et la salle de brassage moderne produit aujourd’hui de petites cuvées de trois bières trappistes distinctes : une blonde, et deux brunes, la 8 et la XII.
L’explosion récente de l’intérêt pour les bières artisanales et les brassins rares a contribué à la réputation de ces bières prisées des amateurs. Ces dernières années, certains ont cherché à tirer profit de cet engouement pour faire monter les prix, contraignant les humbles moines à adopter leur système de commande en ligne et de vente sur place aux seuls particuliers.
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