En Israël, le « beignet des otages » est difficile à digérer
Créé par un pâtissier de Tel-Aviv, le « beignet des otages » surmonté d’un ruban jaune, symbole en Israël de la solidarité avec les otages du 7-Octobre, est au coeur d’une polémique qui enfle à l’approche de la fête juive de Hanouka.
La tradition des beignets de Hanouka (qui sera célébrée cette année du 25 décembre au 2 janvier), permet chaque année aux pâtissiers israéliens de faire assaut d’inventivité. Le « soufganiyat hatoufim » (« beignet des otages ») de la « Boulangerie 96 » de Tel-Aviv a choqué, notamment Noam Dan, une proche d’Ofer Kalderon, un otage franco-israélien.
Dans une tribune publiée par The Marker, supplément économique du quotidien Haaretz, elle y voit un signe de « la banalisation de la plus grande catastrophe de l’histoire de l’Etat d’Israël ». La tradition des beignets de Hanouka (la fête des lumières) et d’autres mets frits dans l’huile remonte au moins au Moyen-Age et est lié à l’épisode du miracle de la lampe à huile restée allumée huit jours au lieu d’un seul lors de la restauration du Temple au IIe siècle avant notre ère.
Si le beignet de Hanouka se décline sous les formes les plus diverses, le ruban jaune, accroché sur les habits ou porté en collier, se retrouve partout en Israël mais sa présence sur une douceur, symbole de bonheur gustatif n’est pas au goût de tous.
« Solidarité » ou « mauvais goût »?
Sur le site de Boulangerie 96, on trouve le beignet « solidarité pour la libération des otages », au goût de chocolat blanc et orné d’un ruban jaune à croquer pour le prix de 16 shekels (4 euros).
Sur le groupe Facebook « Secret Tel Aviv », qui compte plus de 550.000 membres, un internaute a demandé cyniquement si « une étoile jaune pourrait aller avec le beignet? »
« Horrible », « de mauvais gout », « les otages aimeraient pouvoir manger des beignets dans les tunnels » de Gaza : les commentaires fusent sous un message de la pâtisserie peinant à convaincre avec son argument que « même durant la fête, les clients n’oublient pas les otages ».
« Ceux qui ont eu cette idée ont franchi une frontière (…) il n’y a ni originalité, ni pertinence, juste du mauvais goût », estime Liat Ron, journaliste et influenceuse, sur le site d’information Walla.
Sur les 251 personnes enlevées en territoire israélien lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, 97 sont toujours captives à Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes par l’armée.