Ensemble, c’est nous: Refoodgees, le resto éphémère bruxellois qui invite à ses fourneaux les cuisiniers réfugiés
Arthur Fogel est un amoureux. De vie, de rencontres, de bouffe. Oui, de bouffe. Et de belle bouffe. Des amours qui l’ont conduit à mettre sur pied le projet Refoodgees, restaurant pop-up de cuisine du monde, en plein centre de Bruxelles. Un restaurant éphémère et solidaire. On vous emmène dans ses casseroles.
Arthur Fogel est français. Il a grandi à Paris, XXème. Quartier Belleville. Ce qui se fait de plus hétéroclite question mélange de cultures. « La cuisine du monde, c’est un terme que j’ai intégré tard. Pour moi, cette cuisine, c’était simplement celle du bout de la rue. ». Sa mère, à côté de son boulot dans le marketing, est largement impliquée dans les associations locales. Elle est son modèle. « Notre quartier était un peu compliqué. Elle, elle faisait des cours de cuisine avec les femmes du coin. Ce qui était génial, c’était que chacune apportait son savoir. Un soir on faisait un couscous marocain. Ce même soir, une femme disait ‘non, mais moi je vais te montrer ce que c’est le vrai couscous. Le couscous tunisien! Et c’était parti, la semaine d’après, c’était celui-là qu’on faisait. Puis la semaine encore après, c’était des samosas. Je pouvais tout goûter, j’adorai ça. »
Amoureux d’arts, Arthur se destine à des études dans le domaine. Sa candidature aux Beaux Arts de Bruxelles est retenue, il file vers notre capitale. Pour financer son parcours, il travaille dans l’Horeca, un secteur qu’il connait depuis ses 15 ans. A l’Archiduc, puis dans des projets de Frédéric Nicolay (NDLR: l’homme derrière les Roi des Belges, Bar du Matin, Walvis et le tout récent Cocq, entre autres) qui lui confie même la direction d’un de ses lieux, à Saint Gilles.
« Au départ, travailler dans l’Horeca était clairement un besoin financier. C’est rapidement devenu une passion, nous confie Arthur. » Puis il y a eu ce petit kick, de comprendre que les choses se passent forcément bien quand on pousse les portes.
Ce projet, Refoodgees, il l’a maturé. Il est parti simplement de l’envie de travailler avec des cultures culinaires d’ailleurs, comme quand goutait les samosas dans son Belleville d’enfance. Et puis de renouer avec l’amour de la cuisine qui lui vient de sa mère lyonnaise. « Lyon, c’est le berceau de la gastronomie française, de l’art de faire plaisir par la table. »
Mais, au final, c’est quoi Refoodgees? Un restaurant en plein Ilot Sacré (rue des bouchers pour être précise), un pop-up qui s’espère projet sur le long terme, ailleurs. La rencontre d’Arthur avec Margot, cheffe française qui a habité au Maroc – on ‘est parlé un après-midi, sur la terrasse de l’Union, à Saint Gilles, et on a su qu’on allait bosser ensemble- et Abdul, chef syrien qui vient de découvrir la chantilly… et s’en régale.
Une aventure faite de rires, de recettes partagées. Un lieu ouvert du mardi au samedi à partir de 18 heures, dont le menu change tous les mois. Ce menu est double, cuisine d’ailleurs, inspirée des cuisiniers qui ont dû quitter leur pays d’une part, contemporaine « on se fait plaisir et on teste des associations inédites », d’autre part.
Ce mois-ci, c’est Labneh, betteraves confites, cuisses de poulet en marinade syrienne et cougnon perdu à la fève de tonka d’un côté, purée de patate douce, steak de céléri rave rôti et brownie au tahini de l’autre.
Le site internet du lieu pose définitivement les codes décontractés de l’amitié de cette cuisine à six mains. On y lit que Margot « sait que les ta’amiyas sont les ancêtres des falafels » mais qu’elle ne veut plus qu’Abdoul appelle ça des falafels. Et Abdoul de lui répondre qu’il arrêtera d’appeler les ta’Amiyas des fallafels « le jours où Margot, tu arrêteras d’appeler les pays syriens des pains libanais ».
Refoodgees, chez Kokotte
30 rue des Bouchers à 1000 Bruxelles, idéalement situé à l’angle des galeries de la Reine et de la rue des bouchers. Refoodgees est ouvert du mardi au samedi à partir de 18h.
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