Notre vin coup de coeur de la semaine? Un tendre Gewurztraminer Bollenberg 2020

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Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Notre expert ès flacons s’offre une dégustation qui, au passage, reflète une tendance. Cette semaine: un vin moelleux tout en nuance à chérir en période de fêtes.

Officiellement, l’Europe classe les vins tranquilles en quatre niveaux de sucrosité. Une grille sans fantaisie. Dans les chais, et surtout dans les conversations que j’ai avec des vignerons, revient une autre nuance, plus intuitive, que j’entends de plus en plus: le tendre. Cette catégorie informelle, susurrée, désigne des vins plus doux que secs mais moins sucrés que franchement moelleux.

Ce n’est pas un caprice de dégustateur: c’est une zone franche gustative que les connaisseurs, eux, reconnaissent immédiatement. Lorsque j’ai ouvert le Gewurztraminer Bollenberg 2020 du Domaine Valentin Zusslin, j’ai su tout de suite que j’étais dans ce registre interstitiel. Le domaine a eu la bonne idée d’ajouter sur ses contre-étiquettes une jauge allant de 1 (sec) à 4 (doux).

Cette cuvée est classée 3, officiellement «moelleux». Avec 40,7 g/l de sucres résiduels, le constat est logique. Mais au premier verre, j’ai été frappé par la qualité de la douceur, par cette précision qui s’appuie sur une ligne acide nette. Pour moi, c’est exactement ce qu’on pourrait appeler un «tendre+»: de la rondeur, oui, mais une rondeur éthérée.

Cette finesse fait des merveilles au moment des fêtes

Cet équilibre, le flacon le doit au Bollenberg, une grande colline sèche sur laquelle la vigne mûrit lentement. Le sol argilo-ferrugineux repose sur un calcaire dur du Jurassique qui garde toujours un peu de fraîcheur en réserve. On y trouve aussi du «loess», cette poussière fine déposée jadis par les vents glaciaires. Elle adoucit les sols et apporte du velouté, mais sans jamais alourdir la structure.

J’aime beaucoup cette combinaison: le soleil concentre les raisins, un botrytis sain fait son œuvre, et le vin conserve son tranchant. Cette finesse fait des merveilles au moment des fêtes. Chaque année, je vois revenir le même réflexe: foie gras sur vin liquoreux, Monbazillac ou Sauternes, souvent entre 110 et 150 g/l de sucre. Des vins admirables, certes, mais emphatiques dans ce cas précis. Avec un vin tendre, au contraire, tout respire enfin. Le repas s’allège et je plane au-dessus de cinquante nuances de sucrosité.

Gewurztraminer Bollenberg 2020, Domaine Zusslin, environ 36,20 euros.
titulus.be

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