(Micro)brasseries belges à manger
Inspirées par ce qui se fait aux Etats-Unis, en Scandinavie ou en Italie, de plus en plus de microbrasseries belges proposent une restauration en phase avec l’air du temps.
Misery Beer Company
Longtemps les brasseries ont tourné le dos aux consommateurs. Centrées sur la production, ces adresses infusaient le malt dans leur coin. Sous la pression croissante d’un public d’amateurs curieux de tout – des procédés, des matières premières, des «makers»… –, les langues se délient et les portes s’ouvrent. L’un des meilleurs exemples en est donné par Misery Beer Co, ancien relais de diligences situé du côté d’Aywaille.
Derrière cet endroit situé en bordure de forêt, on trouve Rémy Perée et Samia Patsalides, un duo inspiré par la révolution «craft» tel que ce tandem a pu en prendre la mesure en Amérique du Nord. De retour en Belgique, le couple a imaginé en 2020 un «brew pub» imparable prolongé par un gîte. Pensé comme un lieu de sociabilisation en plein environnement rural, le décor hésite entre château hanté et saloon de cow-boy (on pense à ce fusil accroché au-dessus de la cheminée qui évoque une Winchester).
Versée dans l’expérimentation, l’équipe en place signe un nombre impressionnant de cuvées que l’on peut venir découvrir à la faveur d’une tap-room festive carrelée de blanc. Bien vu, Misery propose également des grignotages glanés en circuit court: planche de fromages venus de Stoumont ou charcuteries dénichées à la boucherie «Chez Guy» à Xhoris.
En bonus, le manoir programme des événements où des chefs en vue – Stéphane Diffels (L’Air de rien), Jehan Delbruyère (Magneus d’Pelotes), Nicolas Septon (Sophie & Nicolas)… – viennent rendre hommage aux produits du terroir.
22, Pouhon, à 4920 Aywaille. miserybeerco.be
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De Coureur
Cachée dans la banlieue de Louvain, De Coureur est une microbrasserie où les habitants fraternisent avec les cyclistes et les touristes. On y déguste pas moins de neuf propositions artisanales à la pression. Le brasseur Bart conquiert les cœurs avec sa Colleke, très désaltérante, et sa Kuitenbijter, une IPA fruitée aux arômes d’ananas et de fruit de la Passion, offrant une belle amertume en fin de bouche. L’homme a vécu à Chicago pendant un certain temps et en a profité pour observer comment ses confrères travaillaient artisanalement là-bas.
© Michiel Bronckaert
A l’instar des taprooms américaines, De Coureur n’est d’ailleurs pas destiné aux noctambules: les portes ferment à 22 heures. Il propose néanmoins des snacks, provenant d’acteurs locaux. On y trouve notamment de la saucisse à base de drêche de brasserie de la boucherie Rondou de Louvain. Les plus affamés peuvent commander une pizza chez les voisins d’Antico et se la faire livrer sur place.
20, Borstelsstraat, à 3010 Kessel-Lo. brouwerijdecoureur.be
Brasserie Surréaliste
Une brasserie artisanale logée dans un entrepôt de bananes quasi centenaire portant la patte de l’architecte De Boelpaepe… Ce pitch improbable a été dessiné par deux frères trentenaires aux personnalités complémentaires: Charles et Edouard Grison. On doit au premier, plus rêveur, l’identité visuelle, le marketing et la communication de la Brasserie Surréaliste ; plus pragmatique, le second a les mains dans le houblon, de préférence américain et canadien, depuis un moment.
En 2020, le tandem a vu les choses en grand, soit un espace de 1 400 mètres carrés emballés dans des contours architecturaux Art déco qui, en plus d’une brasserie agitée au sous-sol (fermentations mixtes, West Coast IPA pas banales en canettes, saison à la prune élevée en fûts de pinot noir…), fait également place à un bar (alignant 24 pompes dont des jus de brasseurs invités) et un restaurant, doublé d’un comptoir food (burger, croquette de poulet, sardines…), pouvant accueillir 120 personnes.
Avec une hauteur sous plafond impressionnante et des volumes bruts de décoffrage, la zone restauration n’a rien à envier au caractère percutant des étiquettes de la gamme. Impossible de rester de marbre devant l’imposant bar de tubes en laiton et de bois, une merveille créée spécifiquement pour l’endroit, les longues tables qui ponctuent le décor (l’une d’entre elles mesure 6 mètres), les briques de verre qui confèrent une atmosphère de chapelle, les édifiants lustres de l’entrée, le cheval blanc taxidermisé, les bancs de bois sculptés ou encore cette tapisserie brugeoise digne d’un château.
Le tout pour un effet bigarré, entre le banquet médiéval et le loft postmoderne, dont les contours ont été chinés aux quatre coins de la Belgique sur une période de près de trois ans. La carte du restaurant affiche, quant à elle, grignotages à partager – burrata des Pouilles, tarte fine aux champignons, chou-fleur rôti… – et plats «fusion» – aubergine laquée au miso, tartare aux câpres et à la betterave ou encore boudin blanc avec pomme caramélisée et sauce à la bière.
22-23, place du Nouveau Marché aux Grains, à 1000 Bruxelles. brasseriesurrealiste.com
Bertinchamps
Cela fait dix ans que la tribu Humblet – le père, la mère, les deux frères et les deux sœurs – a investi une ferme en carré située au milieu de nulle part. Obsédé par le circuit court, ce projet pousse le bouchon du locavorisme jusqu’à travailler une orge du coin (Gembloux). En plus d’un comptoir où venir chercher des produits du terroir, le bar propose une sélection de grignotages inspirés façon fromage à la Bertinchamps triple (une collaboration avec la fromagerie de Vierhoekhoeve à Gijzenzele), jambon fumé de la boucherie L’Artisan (Jemeppe-sur-Sambre) ou encore plateau d’escargots signé Eric Roberti (L’Ourchet à Namur).
Envie de plus? En cuisine, Laurane Rousseau propose une carte de restauration, labellisée «Table de terroir», ponctuée de classiques ayant déjà fait leur preuve – ainsi du trio de boulettes à la Bertinchamps brune ou du burger du brasseur.
4, rue de Bertinchamps, à 5030 Gembloux. bertinchamps.be
Brasserie de Bellevaux
C’est dans un merveilleux coin de nature que se cache la Brasserie de Bellevaux. A deux pas s’écoule l’Amblève. Epris de cette verte vallée, William Schuwer et Carla Berghuis ont conçu un projet en phase avec elle, que poursuit aujourd’hui Tom, le fils. Le lieu propose une jolie terrasse ombragée doublée d’une salle de dégustation logée dans une ancienne étable. On peut y savourer un déjeuner simple – soupe, salade, croque, burger… –, varié et inspiré par les bons produits du coin. Il est également question de barbecue pendant les beaux jours – porc PQA, bœuf de l’élevage de la Platte… – ou, en saison froide, de raclette en provenance du Valèt, l’exemplaire fromagerie d’Andreas Keul.
En plus d’une gamme de bières ayant fait ses preuves – la Malmedy Triple, la Blanche, la Black… – Tom Schuwer concocte des éditions limitées et des sodas sans alcool – à l’instar de celui au cassis.
1, rue de la Foncenale, à 4960 Malmedy. brasseriedebellevaux.be
Nanobrasserie L’Ermitage
En 2017, Nacim Menu, Henri Bensaria et François Simon s’installent au rez-de-chaussée des anciennes usines Saint-Michel, un lieu brut de décoffrage. Ils arrivent bardés. Non seulement ils ont déjà leurs recettes mais en plus ils possèdent leur propre vision de la bière inspirée par des références anglo-saxonnes comme The Kernel Brewery, Brew By Numbers ou Partizan. «D’emblée, nous avons voulu une brasserie avec une salle de dégustation, nous voulions être le plus près possible de notre public», détaille Nacim.
Ce goût du circuit court et de la séduction proche fonctionne encore aujourd’hui avec une carte de petite restauration de qualité – des croque-monsieur dont le pain arrive en droite ligne de La Boule, le fromage de La Fruitière… En bonus, la brasserie programme régulièrement des événements street-food en compagnie de chefs en vue.
Brasserie Ermitage
26, rue Lambert Crickx, à 1070 Bruxelles. ermitagenanobrasserie.be
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