L’humble olive prend enfin la place qu’elle mérite

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L'olive, star de la cuisine et de la déco - DR Vif Weekend
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Longtemps cantonnée à l’apéro, où elle faisait figure de figurante, l’olive s’invite désormais partout, des cocktails au dessert en passant par la déco. Une tendance tout sauf surprenante.

Avec pour décor les moulures ouvragées de la salle de restaurant installée en plein coeur du Théâtre de Liège, l’olive se donne en spectacle, devant les yeux ébahis des dîneurs réunis chez Baci.

Dès l’ouverture de son restaurant, alors que le come-back fulgurant de l’humble ingrédient n’en était encore qu’à ses balbutiements, Maxence Louis a en effet eu la délicieuse idée de proposer en guise d’amuse-bouche une version raffinée de l’humble fruit de l’olivier. Et plus précisément, un martini à l’olive revisité, celle-ci étant en réalité un ingénieux trompe-l’oeil au coeur liquide. Près d’un an après l’ouverture de Baci, et alors que le jeune chef liégeois renouvelle régulièrement son menu, l’olive, elle, ne bouge pas. C’est qu’au-delà du rôle emblématique qu’elle joue désormais dans son établissement de haute cuisine italienne, elle est désormais de toutes les tables branchées et sa présence à la carte est incontournable.

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Qu’il semble loin, le temps pourtant pas si lointain où les olives n’étaient qu’une arrière-pensée, une commodité en boîte qu’on laissait prendre la poussière dans une armoire jusqu’à ce qu’un apéro improvisé exige de les extirper de leur torpeur en accompagnement d’un paquet de chips où de quelques tranches de saucisson.

Parfois honorée d’une invitation à barboter dans l’un ou l’autre cocktail, l’olive semblait fermement cantonnée à jouer le second rôle, jusqu’à ce que soudain, ce soit elle la star.

L’olive, aussi belle que bonne

La star de quoi? Mais de tout! De l’apéro, bien sûr, où elle est désormais pourvue d’un pédigrée digne des meilleurs chiens de race (« Oh chic, des Gordal! »), mais aussi en mise-en-bouche, donc, ainsi qu’à chacun des services qui suivent (la journaliste culinaire Molly Baz a suscité l’émoi sur Instagram avec son gâteau aux olives caramélisées) sans oublier la déco: sur la plateforme d’essentiels pour recevoir Big Night, les plats dédiés créés par Busted Ceramics ont à peine le temps d’être réassortis qu’ils sont déjà sold out, la catégorie Olive Obsessed du site proposant également bougie, coussin et boucles d’oreilles célébrant les courbes vertes de ce délice plus tendance que jamais.

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Signe des temps: là où il n’y a pas si longtemps, les influenceurs et autres célébrités désireux de transformer leur popularité en un business rentable optaient pour le lancement d’une ligne de spiritueux ou de produits de beauté, Emma Rose Leger (620 000 followers au compteur) vient d’annoncer l’arrivée sur le marché de sa propre marque d’olives en bocaux, Emma’s Olives.

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« Vous me connaissez tous pour mon travail dans les mondes de la beauté et de la mode, pointait ainsi la jeune femme, mais les olives ont toujours eu une place centrale dans mes dîners, dans mes cocktails – et en tant que snack préféré au retour de soirée ».

« Je voulais offrir aux autres fans d’olive un contenant suffisamment beau pour être montré fièrement dans leur cuisine plutôt que relégué au fond d’un placard »

Emma Rose Leger

Car il ne s’agit pas seulement de les manger mais aussi et surtout de les montrer. Depuis quelques mois déjà, elles sont de tous les compte-rendus photographiques des soirées Cafe Leandra, occasion pour Leandra Medine (ex-Man Repeller) de réunir la crème de l’intelligentsia branchée new-yorkaise dans son appartement. Nicolaia Rips, auteure d’une autobiographie remarquée au sujet de son éducation atypique au coeur du Chelsea Hotel, a quant à elle carrément fondé Olives of New York, un compte dédié à son analyse méticuleuse de chacune de celles qu’elle a le plaisir de goûter.

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Too much? Toujours à New-York, laboratoire mondial de tendances, les aficionados sont chaque mois plus nombreux à se rassembler pour l’Olive Night, soirée dédiée à grignoter des Castelvetranos – et chanter leurs louanges, dans la vraie vie et sur les réseaux. Et étonamment, si d’ordinaire, c’est de la ville qui ne dort jamais, entre autre mégapoles ultra tendance, que viennent les modes qu’on adopte ensuite avec gusto en Europe, selon les principaux concernés, la vague d’intérêt pour les olives viendrait… d’Europe.

Ainsi que l’a confié la fondatrice de Send Olives, Allegra Lorenzotti, à The Cut, l’engouement est lié à une envie d’ailleurs, une volonté de « prétendre qu’on est à Paris ou à Milan et qu’on envoie tout valser à 17h pour s’attabler devant un verre de vin et des olives ». Une vision quelque peu romancée qui ne manquera pas de faire grincer certains de nos voisins français (industrieux) des dents, même si, pour celles et ceux qui décampent chaque été vers des contrées ensoleillées, croquer dans le fruit et recracher son noyau a aussi un goût de dolce vita.

L’olive, emblème comestible

Mais il n’y a pas que ça. Indissociable de la vague d’assiettes disparates rassemblées sous l’étiquette « girl dinner », la propension remplacer un « vrai repas » par des crackers, un reste d’apéro et un bout de fromage étant apparemment typiquement féminine, l’olive fait office à la fois de symptôme de (et d’antidote à) la période complexe qu’on traverse.

La course effrénée à la productivité grignote toujours plus votre temps libre? Une poignée d’olives et ça repart. La crise du pouvoir d’achat vous ronge? Pour quelques euros seulement, un bocal rempli de délices saumurés est à vous – les likes suscités par le partage de votre casse-croûte sur les réseaux étant, eux, offerts avec.

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« De nos jours, revendiquer une obsession pour les olives revient à dire qu’on est marrant et sociable » suggère encore la journaliste Emilia Petrarca dans un exposé dédié à l’engouement qu’elles suscitent actuellement.

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Et si, d’aventure, le simple fait d’en consommer vous semblait insuffisant pour revendiquer votre appartenance à la cohorte des olivores, sachez que Middle Class Fancy a récemment dévoilé un t-shirt qui chante leurs louanges (« la perfection dénoyautée ») tandis que moyennant un peu moins de 6000 euros, vous pouvez vous offrir la version bague, garnie de grenat et d’opale. Tout de suite moins accessible, certes, mais quand on aime…

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Et puis si on n’aime pas (le goût) mais qu’on veut en être quand même, Maison Balzac a une ligne de verres à martini garnis d’une olive en verre: aucun risque d’avaler le noyau par mégarde.

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