Delphine Kindermans
Nos enfants, valeur refuge contemporaine
Est-ce parce que tout fout le camp, les vertus démocratiques de la vieille Europe comme 60 % des espèces animales de la planète, l’orthographe comme le passage à l’horaire d’été ou d’hiver ? Toujours est-il que le constat est là : nos enfants représentent une valeur refuge, avec pour corollaire un investissement inégalé par le passé.
En monnaie sonnante et trébuchante, d’une part, ainsi que le démontrent la mode et le design » version mini « , dont le chiffre d’affaires continue à progresser – au point que les marques dédiées aux kids pénètrent aujourd’hui avec confiance le marché des adultes – mais pas seulement. » Les mômes sont devenus précieux car ils incarnent notre avenir « , résume Marcel Rufo, dont le dernier opus Qui commande ici ? Conseils aux parents d’enfants tyrans, qu’il cosigne avec son confrère Philippe Duverger, vient de sortir.
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Un futur qu’on espère de tout coeur meilleur et qui justifie que le bonheur de nos rejetons est désormais une priorité absolue, quel qu’en soit le prix. » A l’heure des grossesses tardives ou des traitements liés à la fécondité, poursuit le célèbre pédopsychiatre, ils sont plus désirés que jamais. » Et de mettre en garde, du coup, contre les dangers potentiels de ce trop-plein d’amour, allant jusqu’au possible déséquilibre de la cellule familiale. Citant Chateaubriand pour qui » les excès de liberté mènent au despotisme « , l’expert encourage pères et mères à ré-imposer un cadre solide et des limites claires… sous peine de nuire, finalement, à ceux qui leur sont pourtant si chers.
Le propos peut paraître alarmiste, certes, mais il est corroboré par de nombreuses études. Dont une, réalisée en France à chaque rentrée scolaire et dont les dernières conclusions, que l’on imagine facilement transposables à notre pays, pointent » l’épanouissement » du petit comme la raison d’être numéro 1 de l’éducation, avant l’intégration de règles – y compris celles du vivre ensemble. Un parti-pris déjà relevé dans les précédents sondages, et qui n’a rien de la simple déclaration de principe : pour atteindre leur but, les parents sont prêts à dépenser toujours plus d’argent mais surtout à mouiller leur chemise. Alors que 32 % d’entre eux estimaient en 2017 offrir » au minimum une sortie de deux heures par semaine » à leur fils ou leur fille, on est passés à un sur deux. Et, contrairement à certaines idées reçues, ils sont par ailleurs 42 % – là aussi, un ratio en constante augmentation – à consacrer plus de deux heures hebdomadaires à jouer avec eux. L’enquête ne dit pas si c’est à Jacques a dit ou à ni oui ni non.
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