Serneels a 60 ans: les enfants d’abord
Pour les 60 ans de Serneels, repaire bruxellois des amoureux du jouet de qualité, celui-ci lance un coffret à billes d’exception. Charlotte et Louis, les derniers héritiers en date de cette institution, reviennent sur ces six décennies et nous racontent leur envie de continuer cette belle histoire.
Nichées entre un somptueux hôtel 5-étoiles et une bijouterie, les vitrines de la boutique Serneels font rêver, depuis soixante ans, les mômes et adultes sur la luxueuse avenue Louise, à deux pas de la place Stéphanie, à Bruxelles. Malgré le cadre un brin ostentatoire, cette oasis a su garder son âme débonnaire. L’on pourrait parler de l’immense girafe qui nous accueille à l’entrée ou de la ribambelle de chevaux à bascule sur notre droite, mais ce serait ignorer ceux qui donnent réellement vie à ce décor candide. Ce matin, ils sont trois à oeuvrer entre les rayons: Charlotte, Louis et leur oncle Alain.
L’histoire débute avec Edmond Serneels qui décide en 1959 de créer le premier vrai magasin de jouets du pays. Six décennies plus tard, ses petits-enfants, Charlotte, 32 ans, et Louis, 26 ans, endossent petit à petit les responsabilités à la suite de leur mère, Brigitte, et de leur oncle. Point d’ambitions personnelles sacrifiées sur l’autel d’une entreprise de famille à sauver : les deux jeunes héritiers ont pu trouver leur voie librement. Si aujourd’hui ils sont à nouveau occupés dans les cartons de la réserve après y avoir aidé, des années plus tôt, c’est à cause d’un naturel revenu au galop. « Je voulais travailler avec des bambins, c’était sûr. Mais je ne me disais pas qu’il fallait absolument quelqu’un pour reprendre le magasin. J’ai suivi une formation d’éducatrice spécialisée et j’ai travaillé dans un centre pour personnes handicapées. Dans ce cadre, j’ai organisé un atelier ludique adapté et j’ai trouvé ça chouette de communiquer ma passion. Je me suis finalement rendu compte que c’était clairement ça qui me plaisait. C’est comme Obélix, on est tombés dedans quand on était petits. » De même, c’est pendant ses études en e-commerce à l’IHECS, que Louis a finalement réalisé qu’il était bien derrière son comptoir.
On accueille tout le monde u0026#xE0; bras ouverts. On se sent vite chez soi ici.
Comment définir l’identité de cette affaire de sang? « Cela passe par des notions de respect et d’écoute. On est très unis tout en restant accessibles: on accueille tout le monde à bras ouverts. On a cette faculté d’être joviaux, ce qui fait qu’on se sent vite chez soi ici », sourit Louis. Sa frangine poursuit, installée au beau milieu des avions et voitures miniatures: « On mise sur la qualité, le beau et clairement sur l’authenticité. On n’arrête pas de nous dire qu’on devrait multiplier les enseignes mais on ne peut pas se dédoubler. Ça serait avec des gens qui n’ont pas la même philosophie que nous… » Aujourd’hui, le duo qui assure la relève fonctionne de manière complémentaire, chacun apportant sa touche. « En fait, chez nous, on a défini deux groupes, A et B. Il faut savoir que les A sont très créatifs, volages et ouvrent les portes des armoires mais ne les referment pas, précise Charlotte sur un ton de conteuse, sans les fermer. Et les B, mon père, mon oncle et moi, on est très carrés, très droits, on aime bien quand tout est rangé, donc on ferme les portes. Louis aime bien aller de droite à gauche, il est aussi un peu tête en l’air parfois. Il s’intéresse à plein de choses, un peu trop pour moi. » L’intéressé réplique, amusé: « Elle, elle va tout droit. S’il y a quelque chose à obtenir, elle va se battre; s’il y a un mur devant, elle passera à travers. »
De la détermination, ils en auront besoin pour imprimer de leur empreinte cette caverne d’Ali Baba, et pour, peut-être, élargir sa portée avec un e-shop. Mais, ce qui leur importe le plus, c’est de maintenir la réputation de l’enseigne dans ce passage de flambeau. D’ailleurs, pour célébrer sa longévité, la maison a décidé de sortir un coffret à billes en édition limitée. Une oeuvre d’art confectionnée à la main dans les ateliers français de Billes&Co et composée de matériaux entièrement naturels, recyclés et/ou recyclables, disponible exclusivement chez Serneels. Tout un symbole que cet objet indémodable que les parents pourront un jour céder à leurs enfants.
Mai 1959 Ouverture de la boutique sur l’avenue de la Toison d’Or, à Bruxelles, par Edmond Serneels.
6 août 1987 Naissance de Charlotte, sa petite-fille.
18 janvier 1993 Naissance de Louis, son petit fils.
1994 Déménagement de l’enseigne sur l’avenue Louise.
2014 Charlotte travaille de façon permanente au magasin.
2016 Louis rejoint à son tour l’équipe à temps plein.
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