+32 460 20 39 29, le numéro « anti-relou »

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« Un·e relou veut chopper ton numéro ? Donne-leur le nôtre. On va s’en occuper », c’est avec ce slogan que la hotline anti-harcèlement belge reprend du service.

Le but est de protéger la personne en cas de harcèlement et le numéro +32 460 20 39 29 est totalement gratuit. Le harceleur pourra envoyer des SMS ou appeler même depuis un numéro étranger (France, Pays-Bas et Luxembourg). Dans le cas d’un SMS, l’émetteur recevra une réponse automatisée : « Bonjour. Si vous lisez ce message, c’est que vous avez mis une personne mal à l’aise. Avec vous elle ne s’est pas sentie en sécurité. Si une personne vous dit « non », inutile d’insister. Apprenez à respecter les autres et leurs décisions. Merci. ». Lors d’un appel, la ligne sonnera pendant 30 secondes puis conduira vers un répondeur anonyme. On notera qu’une version en néerlandais est également envoyée à la suite.

Le harcèlement en rue qui reste plus que jamais d’actualité.

Plus qu’un numéro pour se débarrasser d’un harceleur, le projet vise surtout à mettre en lumière le harcèlement en rue qui reste plus que jamais d’actualité.

En effet, près de 9 femmes sur 10 ont déjà fait face au harcèlement. 86% des femmes ont déjà été victimes au moins une fois d’intimidation sexuelle. Parmi celles-ci, 34% témoignent en subir toujours les conséquences : éviter certains endroits, subir des cauchemars, souffrir d’anxiété et d’un sentiment de vulnérabilité, etc. Issues d’une étude relative à la violence faite aux femmes réalisée par l’UGent, ces données montrent que 22% des femmes ne racontent pas les évènements les plus graves, et seulement 3,6% ont porté plainte.

+32 460 20 39 29, le numéro
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Il n’existe donc pas de chiffres précis sur le harcèlement en rue, mais les témoignages, très nombreux, sont là pour attester que c’est quelque chose de bien réel.

De précédentes tentatives n’ont pas survécu par manque de moyen

Il y a trois ans, déjà, était lancé un projet similaire de numéro prétexte, mais celui-ci avait dû s’arrêter à cause de moyens suffisants. Il y a aussi eu l’application « Touche pas à ma pote » qui fonctionnait grâce à la géolocalisation, et ou l’on pouvait lancer une alerte en direct, en tant que victime ou en tant que témoin. Mais celle-ci s’est arrêtée en 2019.

Le projet avait pourtant obtenu le soutien financier de la Région bruxelloise, de la Région wallonne et l’appui de la police. Sauf que le projet bénéficiait exclusivement d’un financement public sur deux ans. Celui-ci prenant fin, L’ASBL n’a plus eu les moyens d’assurer la licence et la maintenance de cette application qui a été développée par le développeur français. L’objectif serait néanmoins toujours de récolter suffisamment de moyens pour une relance du projet. D’autant plus que l’application avait fait ses preuves puisqu’elle avait été « téléchargée 2480 pour toute la Belgique (607 en Région bruxelloise) lors de la première année pour près de 100 alertes. Près de 65% des alertes portent des agressions en rue, le reste dans les transports. La proportion d’agressions physiques est de 32%. » peut-on lire sur le site de la RTBF.

Le harcèlement de rue dans la capitale, bien que latent depuis des années, a surtout fait parler de lui après la sortie du film « Femme de la rue » de Sophie Peters qui montrait les remarques sexistes proférées dans le quartier Lemonnier. Cela avait créé un électrochoc et une forte mobilisation sur les réseaux sociaux.

video1.0Dailymotionhttps://www.dailymotion.comFemmes de la Rue (Sofie Peeters)Reportage Question à la Une (RTBF).R0bifyhttps://www.dailymotion.com/R0bify480266https://s2.dmcdn.net/v/CM4W91VCu-Hu6xzwp/x240432240

Si les applications visant à limiter ce genre de comportements n’ont donc malheureusement pas fait long feu, il existe néanmoins une timide tentative des autorités politiques pour mettre en place un arsenal visant à mieux réprimer les comportements sexistes en rue. Un début qui est pourtant loin d’être suffisant. Et c’est pourquoi il est urgent, d’à nouveau, remettre ce problème en lumière à travers cette nouvelle campagne selon ses concepteurs.

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