La résurrection d’une maison de ville en ruine en un habitat lumineux et ouvert, à Nivelles

© DR

Une maison de ville classique, évidée de l’intérieur, est aujourd’hui devenue une habitation lumineuse, transparente et restructurée. Un lieu chaleureux, où les espaces communiquent sans pour autant s’envahir.

Texte: Anne-Catherine De Bast

Lorsque Adrien Debaudrenghien, architecte, s’est mis à rechercher une maison à rénover, il n’a rencontré aucune concurrence… Et pour cause, ce qu’il souhaitait, c’était une ruine, une vraie. Un lieu où repartir de zéro, où tout était à (re)faire. Cette perle, il l’a trouvée dans le centre-ville de Nivelles, dans le quartier de l’ancienne gare.

« Lorsque la maison a été mise en vente, les autres acheteurs potentiels sont partis en courant, se rappelle-t-il. C’était parfait, elle était pour moi ! Je recherchais une ruine pour pouvoir la transformer au maximum et avoir presque la même liberté qu’avec une construction neuve. Le désavantage quand il y a peu de travaux à faire, c’est qu’on a tendance à garder ce qui est en bon état même si ça ne nous plait pas vraiment. Moi, je voulais être sûr de pouvoir tout refaire comme je le voulais. »

La façade avant, près de la gare de Nivelles – Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

La démarche présente un atout non négligeable : un budget maîtrisé. « En partant du principe qu’on démoli tout, on limite les mauvaises surprises en cours de chantier, détaille l’architecte. Sans compter que le bâtiment coûte moins cher à l’achat… »

Le plaisir des contraintes

Aujourd’hui, la petite maison cloisonnée est méconnaissable. Elle a certes conservé sa façade à rue et sa volumétrie. Mais pour le reste, tout a été remodelé. « Si on compare à un œuf, on l’a vidé, on a juste gardé la coquille. La façade est parfaitement intégrée à son environnement, elle a du sens, on ne voulait pas la modifier juste pour le plaisir de faire du contemporain. Mais on l’a restaurée, peinte en noir. Quant à l’intérieur, on l’a complètement restructuré. »

La façade arrière, complètement vitrée. Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

Le lieu présentait des contraintes. Le jardin, notamment, qui se trouvait au niveau des caves. Les maisons voisines également, qui, plus profondes, donnaient de l’ombre au bâtiment. Qu’importe, l’architecte a retourné la situation et en a fait un avantage. « C’est souvent quand il y a des contraintes que les architectes doivent trouver des solutions et concevoir des biens qui sortent du lot, confie-t-il. Il n’y a rien de plus embêtant pour nous qu’un terrain plat et carré… »

Un apport de lumière maximal

Première étape : reconnecter la maison avec l’extérieur. Pour cela, Adrien Debaudrenghien a choisi d’aménager les caves  et de les transformer en zone de vie. Deuxième parti pris : aller chercher la lumière par le haut. « On pouvait faire comme les voisins, ajouter une extension. Mais agrandir représente un budget. Cela diminue le jardin disponible et assombrit le cœur de la maison en l’éloignant des fenêtres. »

Diverses découpes dans l’habitation libèrent des vues dérobées d’une pièce à l’autre. Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

A la place, l’architecte a choisi de vitrer entièrement la façade arrière, exposée plein sud, et d’aller chercher le soleil par-dessus les murs mitoyens. L’intérieur, il l’a organisé en demi-niveaux, protégés par des garde-corps vitrés pour permettre à la lumière de pénétrer partout dans la maison.

Les teintes claires, rehaussées de quelques notes colorées, créent une atmosphère sereine. Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

Ces niveaux décalés sont articulés par un escalier en métal blanc, muni de marches de chêne. Sans contre-marches, il distribue les différentes fonctions tout en légèreté et en transparence.

L’escalier sans contre-marches apporte de la légèreté à la composition spatiale. Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

Côté rue, les étages s’implantent au même niveau qu’autrefois, respectant le rythme imposé par la façade. A l’arrière, par contre, l’espace de vie bénéficie d’un généreux volume et de hauteurs sous plafond variées.

« Je voulais quelque chose de très ouvert, avec un séquençage par vue, avec des hauteurs sous plafond différentes. J’aime l’idée que ce ne soit pas lisse, Quand on se balade, ce n’est pas homogène. Ici, la cuisine se loge sous une niche, sous le salon, mais ce n’est pas oppressant, c’est très ouvert. La table, elle, se trouve sous la mezzanine en bois, située 5 mètres plus haut. »

A côté, une zone de circulation se trouve sous les zones de nuit… perchées 7 mètres plus haut !

Un projet de Apad Architecture
Une habitation complètement métamorphosée pour y apporter de la lumière. © Laurent Brandajs / www.brandajs.com

Une balade spatiale

De quoi parcourir la maison et découvrir toutes sortes d’espaces différents à tous les étages… En termes d’organisation, le bureau se pose sur la mezzanine, au cœur de la maison. Marquant la transition entre les fonctions de vie et de nuit, il offre une vue plongeante sur le plateau en contrebas, et reste connecté avec toutes les fonctions. La lumière et les vues sur l’extérieur y sont plus généreuses.

Partout, la lumière se veut généreuse. Copyright : Laurent Brandajs / www.brandajs.com

Au sol, on y trouve un parquet en chêne, qui tranche par rapport à la résine choisie pour les autres espaces pour son aspect lisse et sans joint, agrandissant l’espace perçu. « C’est une manière d’ajouter de la texture. Dans cette maison, tout est contemporain. Les lignes sont droites, les murs sont blancs, la résine est grise. Je voulais jouer la carte du bois pour le côté chaleureux, pour faire la transition entre les zones de vie et les espaces de nuit. »

Quand aux murs, s’ils sont blancs, c’est pour éviter d’accrocher le regard et de poser des limites visuelles. Question de sens, dans un intérieur qui se veut si généreusement ouvert…

APAD architecture en bref

Depuis une dizaine d’années, le bureau APAD architecture, fondé et géré par Adrien Debaudrenghien, couvre un large éventail de missions d’architecture, de la transformation d’habitations à la construction de promotions immobilières ou de sites industriels. Le bureau porte une attention particulière à la pérennité de ses projets par une intégration urbanistique mesurée, des mises en œuvre soignées et le recours à des techniques de construction contemporaines spécifiques, permettant d’affirmer le caractère singulier de chaque réalisation. L’architecte porte également un regard particulier à l’aspect énergétique de ses projets, privilégiant l’utilisation de matériaux biosourcés et l’optimisation des ressources.

Plus d’infos

Cet article a été rédigé en partenariat avec l’Union Wallonne des Architectes. Parmi ses missions, l’UWA vise à accompagner les architectes et à promouvoir l’architecture au sens large. Elle représente 1.800 membres. Avec la Maison Régionale de l’Architecture et de l’Urbanisme (MRAU), elle coorganise le Grand Prix d’Architecture de Wallonie, auquel ce projet était candidat.

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