Delphine Kindermans
Avec l’avènement des réseaux sociaux, la mode à l’heure du partage
Si les réseaux sociaux sont capables du pire, ils peuvent quelquefois susciter le meilleur. Et alors que la plupart des applis ont le don d’énerver les parents qui constatent, navrés, que leur progéniture y est accro, quelques-unes peuvent au contraire s’avérer salutaires pour resserrer les liens familiaux.
C’est le cas de WhatsApp, dont l’utilisation a grimpé de 30 à 41 % en un an, selon l’étude We Are Social/ Hootsuite 2018. Principaux concernés par la messagerie instantanée : les petits groupes, dont les » clans » intergénérationnels, à qui elle permet, via l’envoi de photos ou d’émoticons, de passer outre les barrières imposées par les distances physiques… ou par la pudeur des sentiments, nous ont expliqué les experts.
Il est loin, donc, le temps où le carton d’invitation était le sésame indispensable pour participer à ces événements réservés à une élite. L’heure est au partage
Autre démonstration, hors de la sphère de l’intime cette fois, lors des récentes Fashion Weeks, dont nous publions le compte-rendu cette semaine. Certes, la nuée de smartphones dégainés dès que la première silhouette foule le catwalk a quelque chose d’agaçant. Mais la communication immédiate qui en découle induit une relative démocratisation des shows, auxquels les profanes sont dès lors associés. Sans négliger qu’aujourd’hui, les marques elles-mêmes diffusent souvent ceux-ci en libre accès sur leurs sites Internet. Il est loin, donc, le temps où le carton d’invitation était le sésame indispensable pour participer à ces événements réservés à une élite. L’heure est au partage.
Le numérique et ses conséquences en cascade rassemblent davantage qu’ils n’excluent
Début octobre, les artères, boulevards et trottoirs de Paris se sont du coup convertis en podiums. Ainsi, la maison Sonia Rykiel a profité de l’inauguration de l’allée qui porte désormais le nom de sa fondatrice pour y dévoiler sa collection du printemps-été prochain. Celle de Saint Laurent a défilé au Trocadéro, Christelle Kocher sur le parvis du siège du Parti Communiste et Rick Owens sur l’esplanade du Palais de Tokyo.
Marine Serre, elle, avait choisi la passerelle des jardins d’Eole, dans le XVIIIe arrondissement. Il est vrai que chez la jeune créatrice, formée à La Cambre mode(s), opter pour l’extérieur relève du statement. Son hiver 18, on l’avait déjà découvert dans le métro parisien, et incarné par des » beautés que l’on croise dans la rue » – tout se tient. » Cela ne m’intéresse pas de n’habiller que des filles de 20 ans « , nous avait-elle confié à l’époque. Et c’est sans doute là un second effet collatéral positif de cette ouverture au grand public : les modèles eux-mêmes se doivent de dégager une image plus proche de lui. C’est comme cela que des tops ayant dépassé la quarantaine ont repris du service à Milan – Amber Valletta chez Agnona, Shalom Harlow chez Versace, Stella Tennant chez Salvatore Ferragamo… Ou quand le numérique et ses conséquences en cascade rassemblent davantage qu’ils n’excluent.
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